Une superbe lettre d’Alexandrine Zola sur l’engagement de son mari

Alexandrine Zola défend la mémoire de son mari, Emile Zola, dans l’AFFAIRE DREYFUS. Le directeur du journal « La Provincia di Brescia » a publié les révélations du baron Alberto Lumbroso accusant Zola de s’être fait rémunérer pour ses articles.

«Une amie de Brescia m’envoie le numéro de votre journal « La Provincia di Brescia ». Je puis enfin prendre connaissance de l’article que Monsieur le baron Alberto Lumbroso a écrit sur les volumes de M. Joseph Reinach, sur l’Affaire Dreyfus. A la fin de cet article, le baron Lumbroso m’accuse d’une infamie à la mémoire de mon cher mari, en dénaturant du tout au tout les paroles que j’ai prononcées dans le salon de la comtesse Ersilia Caetani Lovatelli. Je me permets, monsieur, comme c’est mon droit, mais je compte encore plus sur votre loyauté pour vous demander de publier dans le plus proche n° de votre journal à la place même où l’injure m’a été faite que je donne au baron Alberto Lumbroso le démenti le plus formel sur notre conversation chez la comtesse, sur la façon dont il l’interprète. J’ai dit en effet que mon cher mari avait cinquante mille francs pour ses compagnes littéraires, qu’il écrivait au « Figaro », campagnes littéraires. Ces campagnes littéraires prirent fin le 13 juin 1896 par un article intitulé : « Auteurs, Editeurs ». Dix huit mois plus tard, mon mari donna au « Figaro » le premier article concernant ‘Affaire Dreyfus », portant ce titre : « Scheurer Kestner » et en même temps il prévenait le « Figaro » qu’il ne consentirait pas à recevoir aucune rémunération pour les articles qu’il écrirait sur ce sujet. Il n’écrivait dans ce journal que trois articles, absolument non rétribués ainsi que vous en trouvez la preuve dans le « Figaro » du 29 août dernier, dont je vous adresse un extrait. J’ajouterai, monsieur, que tous les articles de mon mari qui furent dans la suite publiés par  « l’Aurore » ont été donnés à ce journal gratuitement, et que jamais, entendez-vous bien, monsieur, jamais mon mari dont le noble caractère est inattaquable, n’a touché un centime de qui que ce soit et pour quoi que ce soit dans l’Affaire Dreyfus. D’autre part, monsieur, comment voulez-vous que moi, j’ai pu dire pareille sottise, qui, d’abord n’est pas vrai, mais de plus souillerait la mémoire de mon cher mari en m’impliquant moi-même d’une pareille infamie. Comment monsieur Lumbroso n’a-t-il pas eu horreur d’une femme qui aurait fait une telle déclaration « sincèrement et naturellement » ainsi qu’il l’écrit, et comment a-t-il pu avoir le courage d’inviter cette femme même avec une insistance un peu déplacée à cause des premiers refus par deux fois, l’un chez la comtesse l’autre chez un jeune ménage, la troisième invitation fût faite chez moi à l’hôtel ; et m’envoya diverses œuvres de lui avec d’aimables dédicaces. Tout récemment, le 20 juillet, monsieur Lumbroso m’adressa cette carte : Madame, Les journaux recommandent de vous communiquer les lettres d’E. Z. pour l’édition de sa correspondance. Vous  trouverez le fac-similé d’une lettre de Zola sur Maupassant dans mon volume, Souvenirs sur Maupassant (Paris, 1905) Votre tout dévoué et respectueux Albert Lumbroso ». La formule de politesse m’aurait jamais laissé supposer que le dévouement et le respect de ce monsieur allait se déclarer par une vilaine action. J’ajoute ici, la dépêche que je viens d’envoyer à M. Lumbroso pour que vous la donniez à la suite de ma réponse. Il me reste, monsieur, à vous adresser mes remerciements anticipés (…) Je vous serais très obligée de vouloir bien m’envoyer un numéro de votre journal contenant ma lettre. »

 Deuxième lettre d’Alexandrine ZOLA adressée au conte Alberto LUMBROSO suite à son premier courrier du 30 août 1906 :« Monsieur Lumbroso, Dinars (Côte-du-Nord) Vous savez bien, monsieur, que vous avez une première fois dénaturé ma conversation chez la comtesse de Lovatelli et je ne sais comment qualifier l’action que vous commettez en persistant pour la seconde fois dans vos affirmations que vous savez fausses après les protestations du Figaro de monsieur Ernest-Charles et la mienne. Les honnêtes gens vous jugeront et leur mépris pour votre acte suffit à ma satisfaction. »

zolaalexandrine

trouvée sur : http://www.autographes-manuscripta.com/zola-affaire-dreyfus-autographe/

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