Beaucoup de mal. Ce n’est pas un livre d’histoire, même s’il s’en donne l’apparence, qui développe une thèse connue : Dreyfus est coupable puisqu’Esterhazy est innocent mais s’il est innocent du crime de trahison, il est en revanche coupable d’avoir joué le rôle d’homme de paille pour permettre d’innocenter Dreyfus, son employeur en complicité avec Picquart et Reinach. Il est vrai qu’à la différence de beaucoup d’auteurs qui ont eu la volonté de venir ajouter leur petite pierre à l’édifice monté par Dutrait-Crozon, Monique Delcroix a lu – un peu : le Reinach, le Thomas, le Bredin, les mémoires de Scheurer-Kestner et celles de Mathieu, et les principales procédures. Mais si sa thèse de grrrrrand complot et juste, cela veut donc dire que les mémoires de Mathieu et de Scheurer sont des faux, fabriqués pour l’occasion. Est-ce raisonnable ? Et si sa thèse est juste, cela signifierait que la correspondance Scheurer, celle de Reinach – dont elle regrette, avec un ton de soupçon, qu’elle n’ait « jamais été publiée » et qu’on n’en connaisse que les « multiples extraits anodins » donnés par « l’historiographie » (p. 244) ; elle est la BNF, il suffit d’y aller –, que celles d’Alfred et de Mathieu Dreyfus, de Lazare, de Zola, de Scheurer-Kestner, de Picquart, de Havet, de Leblois, de Monod, de Salomon Reinach, de Paris, de Meyer, de Labori, de Forzinetti (toutes conservées – complètes ou en patie – dans des centres d’archives) seraient aussi des faux ! Deux ans de mensonge quotidien dans les lettres de tous les jours aux amis, aux « complices » mais aussi à ceux qui ne faisaient pas partie de la combinaison ????
Quant à ses accusations adressées aux spécialistes de l’Affaire d’être de mauvaise foi, voire de truquer l’histoire pour servir la « thèse dreyfusarde », il n’en est pas pour autant une garantie de sérieux. Il est édifiant de voir de quelle manière l’auteure cite et utilise, les sources qu’elle a consultées. L’exemple Bertillon que je citais dans ma réponse à Abauzit est édifiant (voir en faisant un Ctrl-F : Bertillon : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/replique-au-historiens-dreyfusards-dadrien-abauzit-auteur-de-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-et-reponse-a-sa-reponse/). Celui sur la note « aux deux écritures » (pour ne citer qu’un exemple ; et pour mémoire il s’agit d’un texte de Du Paty adressé à Esterhazy pour lui indiquer ce qu’il devra dire quand il sera interrogé), l’est plus plus encore. Cette note, « si souvent invoquée, si rarement publiée », écrit-elle (p. 304), elle la publie pour l’édification de ses lecteurs. Et elle nous explique qu’elle est non seulement « la preuve du contraire » d’une action de l’État-major pour dissimuler la culpabilité d’Esterhazy et fausser l’instruction mais encore l’indication « que du Paty n’est effectivement pour rien dans les prétendues manœuvres contre Picquart » (p. 303). Le problème est que, si elle publie le texte, elle pratique deux coupes pour le moins habiles. elle cite en effet :
dès que nous avons été informés anonymement, de la trame ourdie contre le Comt Esterhazy… [exposé du principe de contacter esterhazy]. Je dois dire cependant que la « dame voilée » est tout à fait étrangère à ces relations.
Si nous restituons le texte prenant place entre les crochets, on lit :
je compris l’importance qu’il y aurait à le prévenir, pour empêcher un acte de désespoir.
Je suis donc entré en rapport avec lui par des moyens que je désire taire, pour ne pas compromettre des tiers vis-à-vis de qui je suis lié d’honneur.
Voilà une coupe et un résumé pour le moins étonnants ! et si nous lisons ce que nous disent encore les quelques points signalés à la suite par du Paty et que notre auteure a aussi coupés de sa publication :
À partir du moment où le Comt esterhazy a eu des appuis et un avocat et a écrit dans les journaux, j’ai cessé ces relations devenues inutiles. Comme il a pris un engagement d’honneur vis-à-vis de moi je le dégagerai de sa parole par un mot, si vous le désirez, car sans cela il se croira obligé de nier ses relations, mais sa parole subsistera comme la mienne vis-à-vis des tiers. en conséquence. 1° Tant que vous n’aurez pas une lettre officielle de moi : {vous n’êtes pas censé me connaître.} 2° restez muet sur la nature des rapports que nous avons eus, en vous retranchant derrière des engagements vis-à-vis de tierces personnes. 3° Maintenez que ces rapports ont été purement des encouragements, des conseils de modération et des appels à vos bons sentiments pour rendre la pièce, et sont complètement étrangers à l’affaire de la femme voilée. 4° Jamais je ne vous ai rien divulgué de confidentiel et ce n’est pas moi qui vous ai dénoncé Picquart.
Bonjour,
Je souhaite savoir si votre dictionnaire biographique comprend ou comprendra une entrée « Léon Marillier » ?
Merci d’avance.
Pascal Le Maléfan
Bonjour
Oui, c’est en effet prévu
Bien cordialement po
Quelle sera sa date de sortie ?
Qui est l’auteur de cette entrée « Léon Marillier » ?
Merci d’avance.
PLM
2021, 2022, 2023 ?
Je m’en chargerai (Philippe Oriol) mais j’ai pour le moment peu à dire…
Et bien finalement :
vous allez à cette adresse : https://dicoaffairedreyfus.com/
Monsieur,
Que pensez vous du livre de M.Delcroix
Dreyfus-Esterhazy : Réfutation de la vulgate 2010 ?
Meilleurs sentiments
Beaucoup de mal. Ce n’est pas un livre d’histoire, même s’il s’en donne l’apparence, qui développe une thèse connue : Dreyfus est coupable puisqu’Esterhazy est innocent mais s’il est innocent du crime de trahison, il est en revanche coupable d’avoir joué le rôle d’homme de paille pour permettre d’innocenter Dreyfus, son employeur en complicité avec Picquart et Reinach. Il est vrai qu’à la différence de beaucoup d’auteurs qui ont eu la volonté de venir ajouter leur petite pierre à l’édifice monté par Dutrait-Crozon, Monique Delcroix a lu – un peu : le Reinach, le Thomas, le Bredin, les mémoires de Scheurer-Kestner et celles de Mathieu, et les principales procédures. Mais si sa thèse de grrrrrand complot et juste, cela veut donc dire que les mémoires de Mathieu et de Scheurer sont des faux, fabriqués pour l’occasion. Est-ce raisonnable ? Et si sa thèse est juste, cela signifierait que la correspondance Scheurer, celle de Reinach – dont elle regrette, avec un ton de soupçon, qu’elle n’ait « jamais été publiée » et qu’on n’en connaisse que les « multiples extraits anodins » donnés par « l’historiographie » (p. 244) ; elle est la BNF, il suffit d’y aller –, que celles d’Alfred et de Mathieu Dreyfus, de Lazare, de Zola, de Scheurer-Kestner, de Picquart, de Havet, de Leblois, de Monod, de Salomon Reinach, de Paris, de Meyer, de Labori, de Forzinetti (toutes conservées – complètes ou en patie – dans des centres d’archives) seraient aussi des faux ! Deux ans de mensonge quotidien dans les lettres de tous les jours aux amis, aux « complices » mais aussi à ceux qui ne faisaient pas partie de la combinaison ????
Quant à ses accusations adressées aux spécialistes de l’Affaire d’être de mauvaise foi, voire de truquer l’histoire pour servir la « thèse dreyfusarde », il n’en est pas pour autant une garantie de sérieux. Il est édifiant de voir de quelle manière l’auteure cite et utilise, les sources qu’elle a consultées. L’exemple Bertillon que je citais dans ma réponse à Abauzit est édifiant (voir en faisant un Ctrl-F : Bertillon : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/replique-au-historiens-dreyfusards-dadrien-abauzit-auteur-de-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-et-reponse-a-sa-reponse/). Celui sur la note « aux deux écritures » (pour ne citer qu’un exemple ; et pour mémoire il s’agit d’un texte de Du Paty adressé à Esterhazy pour lui indiquer ce qu’il devra dire quand il sera interrogé), l’est plus plus encore. Cette note, « si souvent invoquée, si rarement publiée », écrit-elle (p. 304), elle la publie pour l’édification de ses lecteurs. Et elle nous explique qu’elle est non seulement « la preuve du contraire » d’une action de l’État-major pour dissimuler la culpabilité d’Esterhazy et fausser l’instruction mais encore l’indication « que du Paty n’est effectivement pour rien dans les prétendues manœuvres contre Picquart » (p. 303). Le problème est que, si elle publie le texte, elle pratique deux coupes pour le moins habiles. elle cite en effet :
Si nous restituons le texte prenant place entre les crochets, on lit :
Voilà une coupe et un résumé pour le moins étonnants ! et si nous lisons ce que nous disent encore les quelques points signalés à la suite par du Paty et que notre auteure a aussi coupés de sa publication :
C’est étonnant et tout l’ouvrage est sur ce mode…