Je viens de tomber par hasard sur un volume qui m’avait échappé : Bagnards de Marion F. Godfroy-Tayart de Borms, publié en 2008 chez Taillandier. Sujet passionnant qui aurait pu être l’occasion d’entrer un peu dans le détail de ce que fut la déportation de Dreyfus, sa résistance au système inhumain et hors-la-loi qui fut pensé pour lui et ainsi compléter ce que Vincent Duclert dans sa biographie de Dreyfus (Fayard, 2006) et moi-même dans mon Histoire de l’affaire Dreyfus (Stock, 2008 ; nouvelle édition à paraître en octobre aux Belles Lettres) avons tenté de faire.
Le problème est que ce livre ne nous en dit rien et se contente de traiter la question Dreyfus en une page et demie, formidable condensé de clichés et d’âneries. Citons-en les deux derniers paragraphes :
Dreyfus ne se rebelle pas, ne manifeste aucune violence. Attitude qu’il conserve lorsqu’il apprend l’ampleur des témoignages de défense, au point de provoquer le désespoir de ses alliés, qui voient en lui, un piètre emblème, finalement, de leur combat.
Sa correspondance sera soigneusement triée, lue, commentée avec mépris par l’AP. On lui reprochera grammaire et syntaxe approximative [???????] : remarque intéressante si l’on considère le style particulièrement lapidaire de l’administration pénitentiaire en matière littéraire. A son retour en 1899, le récit qu’il fera paraître sera jugé décevant.
Qu’est cela ? N’y avait-il vraiment que cela à dire ? L’auteure n’aurait-elle pu aller consulter les archives de la déportation de Dreyfus aux ANOM et lire un peu sur un sujet dont elle ne connaît vraiment rien ? Elle aurait pu ainsi nous livrer d’autres pages plus intéressantes et plus conformes à ce que fut la vérité historique. Les clichés ont la vie dure et il ne semble pas que nous en ayons fini avec ses insupportables âneries…