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Le retour du Dossier secret

En 2012, à l’instigation des auteurs d’un ouvrage à la thèse pour le moins fantaisiste et acrobatique (Le Dossier secret de l’affaire Dreyfus ; la question homophobe aurait été décisive dans la condamnation de Dreyfus en 1894) avait été mis à disposition de tous, en ligne, le fameux Dossier secret constitué au fil du temps contre Dreyfus… Le Service Historique de la Défense, sur le site Mémoire des Hommes, vient, après l’avoir enlevé pour le restaurer, de le remettre en ligne…  Un énorme dossier, tout aussi épais qu’il était vide, et qui montre surtout, la quantité devant pallier la qualité, comment avait été montée et entretenue l’accusation contre un innocent. Au passage, on notera le curieux intitulé de cet important document sur le site en question :  « Dossier de justice militaire d’Alfred Dreyfus » ! Il s’agit d’un  « dossier secret », ce qui n’est pas du tout la même chose…

Hannah Arendt, l’antisémitisme, la question juive et l’affaire Dreyfus

À l’occasion de la publication de son Hannah Arendt et la question juive, Michel Dreyfus viendra parler chez Zola le 25 février prochain à 14h30. Gratuit pour les Amis de Maison Zola-Musée Dreyfus, 5 euros l’entrée pour les non-adhérents, on réservera sa place à l’adresse suivante : contact@maisonzola-museedreyfus.com.

Dimanche 25 février à 14h30, salle Maeterlinck à Médan (à 80 mètres de la maison d’Émile Zola).

 

Adrien Abauzit sur Radio Athéna pour ses Morts mystérieuses

A propos de ce dernier livre, voir ici

Comme toujours, la vidéo et au-dessous nos commentaires :

1’02. Adrien Abauzit a démontré définitivement pour les gens objectifs que Dreyfus était coupable.

Cela reste pour le moins à démontrer. Nous renvoyons à : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

5’26. Félix Faure était antidreyfusard et ce serait pour cela, comme le dit Lesquen, qu’« il ne poussa pas à la roue pour la révision ». Non ! Déjà, Président de la République, il n’avait aucun rôle à jouer dans un procès et, au-dessus des partis, il était impossible qu’il intervînt d’une manière ou d’une autre. Cela dit, il n’était pas antidreyfusard, comme l’affirment Lesquen et Abauzit… ou du moins n’est pas aussi simple que cela… On sait que s’il fut longtemps convaincu de la culpabilité de Dreyfus et l’était peut-être encore à la veille de sa mort (à vrai dire personne n’en sait rien), Faure était, comme en témoignera à plusieurs reprises son Directeur de cabinet, Le Gall, partisan de « la révision prompte et complète ».

6’35. Adrien Abauzit a travaillé sur Félix Faure mais ne sait rien des amants de Marguerite Steinheil, ni, un peu plus loin, le nom exact de l’archevêque de Paris venu voir le président ce jour-là… Etonnant mais passons… En revanche, il est plus embêtant de l’entendre parler à la suite des « actrices de cinéma de l’époque »… Des actrices de cinéma en 1894-1898 ? Allons, soyons sérieux… Adrien Abauzit nous montre à peine au bout de 6 minutes le peu de connaissance qu’il a de la période dont il s’est improvisé spécialiste…

12’10. La phrase de L’Intransigeant du parlementaire qui écrivait sous pseudonyme. Non ! il ne s’agit pas d’un parlementaire mais d’un journaliste. La chose semble de peu d’importance mais ne l’est pas tant elle montre combien Adrien Abauzit est toujours approximatif. Voir https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/.

14’07. Drumont a certes popularisé le slogan dont il fit l’épigraphe et le sous-titre de sa Libre Parole. Mais l’expression est là, partout, depuis 1877 au moins.

15’32. Adrien Abauzit connaît ses personnages. Félix Faure « négociant en cuivre » ? Non ! en cuir !!!!!

16’06. « Il se sentait menacé. On a retrouvé une lettre de lui écrite […] à sa maîtresse ». Qu’est-cette lettre ? Une lettre publiée en extraits dans un journal de Nantes en 1908, que personne n’a jamais vue, et que celui qui disait la détenir menaça de la montrer et ne le fit jamais… Une bien maigre preuve en réalité…

16’45. La « taupe » de l’Elysée. On est là dans un grand n’importe quoi qu’Adrien Abauzit reprend sans le moindre recul, sans la moindre réflexion, de Galabru. Pour comprendre ce montage, qui nous dit tout sur la manière de faire d’Abauzit et consorts, voir https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/.

17’. Envoyé à 2h25 du matin. Heure bien incroyable pour envoyer un télégramme, preuve sans doute que l’expéditeur était bien une taupe… Mais pourquoi du matin et pas de l’après-midi ? Adrien Abauzit ignore que personne à l’époque n’utilisait le système horaire sur 24 heures. Et une grande partie de la fable repose sur cette ignorance. Et tout le reste à la suite (et encore Adrien Abauzit est ici bien discret par rapport à ce qu’il fait dire – en le reprend d’ailleurs de Galabru, sans recul ni réflexion – à cette dépêche dans son livre) est un pur fantasme, fait d’interprétations forcées que deux minutes de travail auraient permis d’éclaircir pour comprendre ce qu’était ce prétendu extraordinaire télégramme qui n’est rien du tout. Voir https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/ En procédant ainsi, on peut arriver à n’importe quel résultat…

17’55. Les « historiens dreyfusards » n’en ont pas parlé ! Si, Eric Cahm en 1998 et Philippe Oriol en 2014. Encore une fois, Adrien Abauzit ignore et pourtant il affirme… Voir encore https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/

22’. Il est fort probable en effet qu’on ait donné à Faure les soins apportés dans les cas d’empoisonnement. Et on l’a fait parce qu’il est fort probable qu’il n’ait pas été empoisonné mais qu’il se soit empoisonné… Faure, la chose est connue, pour stimuler et satisfaire ses insatiables appétits, prenait de la cantharide, aphrodisiaque réputé puissant mais dont la surdose est mortelle… N’a-t-il pas simplement, ce fameux jour, abusé de son « remède d’amour » ? Et on comprendrait alors bien pourquoi on parla officiellement d’apoplexie, façon convenable d’expliquer la mort subite d’un président de la République, et plus convenable en tout cas qu’une overdose causée par un proto-viagra !

25’25. « De toute évidence, les autorités ont cherché à masquer la cause… » Oui, nous le croyons et pour l’unique raison développée dans le post précédent.

26’30. « Faure a été assassiné et qu’on a voulu cacher cela parce que je suppose que les autorités de l’époque, et donc le président du Conseil […]. C’était reconnaître la culpabilité de Dreyfus. » Si Faure avait été assassiné – ce qui n’est probablement pas – et que la chose avait été reconnue, en quoi cela aurait-il « montré la culpabilité de Dreyfus » ? Mais il faut être sérieux. Qui était à l’époque le président du Conseil ?  Charles-Dupuy qui ne fut jamais dreyfusard, qui fut l’homme de la loi de dessaisissement et sera quelques semaines plus tard un des artisans du refus de l’engagement des poursuites contre Mercier… ce serait cet homme-là qui aurait menti pour protéger Dreyfus (nous ne comprenons toujours pas le rapport entre le pseudo-assassinat de Faure et l’innocence de Dreyfus) ? Il faudrait commencer à devenir sérieux et arrêter de dire n’importe quoi !

27’10. Le mobile et projet de prise de pouvoir avec Déroulède… Gravissons un échelon supplémentaire dans le délire. Tout cela n’est que bruits tirés d’articles de journaux de 1908 qui publièrent des lettres pour le moins suspectes de Faure à sa maîtresse, des lettre dont personne n’a jamais vu les originaux. Légère preuve, pour le moins, et tellement incohérente. Quel drôle de chef de l’état que celui qui confie à sa maîtresse ses projets de coup d’État et surtout à une maîtresse qu’Adrien Abauzit nous présente, à juste titre, comme liée à la famille d’une des grandes figures dreyfusardes : Scheurer-Kestner. Il est vrai que Déroulède tenta cela, à plusieurs reprises, mais qu’à chaque fois Faure le renvoya à ses poèmes composés au clairon. Citons un extrait du Journal de Faure, qu’Adrien Abauzit aurait dû lire : « Ces gens-là [les nationalistes] se figurent toujours qu’il est possible à un républicain de trahir la République. Ce sera peut-être une occasion de montrer au pays ce que valent les soi-disant patriotes et d’en finir une bonne fois. » Voilà un factieux bien peu motivé !

27’33. Un  peu de bon sens enfin… chez Lesquen… Bien sûr que tout cela est pour le moins emballé…

27’44. « Il n’y a pas de que Déroulède qui le dit ». Adrien Abauzit dit encore n’importe quoi. Déroulède n’a jamais dit cela, en aucun temps et nulle part…

27’46 Et la lettre sur laquelle revient Adrien Abauzit ne prouve pas plus… Je recommence ? Un Président de la République qui confie à sa maîtresse ses projets de coup d’État et à une maîtresse liée à la famille d’une des grandes figures dreyfusardes : Scheurer-Kestner… Un peu de sérieux, voyons… Et cette lettre n’a pas été « retrouvée » : elle a été publiée par un journal et personne n’en a jamais vu l’original !!!

28’. « Félix Faure allait s’opposer à la révision de l’affaire Dreyfus ». Eh ! non ! Npus savons grâce aux notes de Le Gall, son chef de cabinet, que tout antidreyfusard qu’il était, Faure était partisan de « la révision prompte et complète ». Et puis soyons sérieux : le pouvoir qui était le sien en tant que président de la République ne lui permettait pas de « s’opposer » à la révision. Il existe en France un truc qui s’appelle la séparation des pouvoirs…

28’54. Il est pénible d’entendre Adrien Abauzit étaler ainsi sa méconnaissance du sujet sur lequel il joue les spécialistes. Dreyfus n’a jamais demande de grâce… On la lui a proposée et il l’a acceptée en se rendant aux arguments de son frère. Adrien Abauzit, qui n’a rien lu ou presque, aurait pu se tourner vers Cinq années de ma vie ou vers les Carnets de Dreyfus dont est extraite la citation qui suit : « Le 12 septembre, à 6 heures du matin, mon frère était dans ma cellule. Il me dit que le gouvernement avait décidé, dans la journée du 11 septembre, de me gracier, sur la proposition du général de Galliffet. Seulement le président du Conseil, Waldeck-Rousseau, et ses collègues, se trouvaient arrêtés par mon pourvoi devant le tribunal de révision militaire dans leur dessein de mettre immédiatement leur projet à exécution. / Je fus d’abord résolument hostile à cette idée, car je n’avais soif que de justice. Mais mon frère me fit valoir, d’une part, l’effet considérable que produirait une grâce le lendemain d’une seconde condamnation inique, d’autre part, l’inutilité de mon pourvoi de pure forme. En effet, alors même que mon pourvoi eût été admis, le conseil de guerre, devant qui j’aurais été traduit, n’aurait statué que sur le vice de forme qui aurait été relevé dans le jugement, et cela, sans entendre de témoins, sans m’entendre moi-même. Mon frère me fit, en outre, valoir mes devoirs vis-à-vis de ma femme, de mes enfants, des miens. J’étais, à la vérité, totalement épuisé par cinq années d’atroces tortures physiques et morales, et je voulais vivre pour remplir jusqu’au bout mon devoir, pour poursuivre la révision légale de mon procès. »

29’05. Faure n’aurait pas gracié. C’est de la voyance ! Bien sûr qu’il aurait gracié. Et pourquoi ? Parce qu’il était, on l’a dit, partisan de la révision, et qu’il fallait absolument en finir avec l’Affaire. Et pourquoi fallait-il en finir ? Parce que c’était le seul moyen de pouvoir voir se tenir tranquillement l’Expo universelle et, surtout, parce que cette grâce était le premier acte de la loi d’amnistie à venir qui serait la protection de l’état-major, la maîtrise définitive de l’incendie et la manière de contenter une population qui majoritairement n’en pouvait plus de cette affaire !

41’25. Dreyfus a fait des aveux… Non !!!… On y reviendra…

42’32. Dreyfus aurait fait des aveux pour avoir des circonstances atténuantes qui auraient permis de le disculper. Une semaine après son procès et le verdict de condamnation ? Mais enfin… Dreyfus n’était pas un âne et s’il avait eu cette idée, on peut croire qu’il les aurait fait ces aveux AVANT son procès. Mais Dreyfus n’a pas fait d’aveu. On y reviendra…

43’40. Les morts mystérieuses favorables au projet dreyfusard… Et le lieutenant-colonel Henry ? et le commandant Bayle, dreyfusard de la première heure, décidé à témoigner de sa conviction et, cavalier émérite, mort d’une chute de cheval ? Et Zola ?

45’40. Dreyfus aurait donc avoué. Mais avant revenons sur d’Attel à peine évoqué. Parce qu’il avait été témoin des « aveux » il aurait été assassiné. D’Attel est mort le 1er octobre 1895, à un moment où l’Affaire est morte, classée, où les fameux aveux dont il a été question très peu de temps dans la presse, au jour de la dégradation, sont oubliés. Quel intérêt pour la famille Dreyfus, pour Bernard Lazare, qui sont à ce moment les seuls dreyfusards de l’assassiner ?

Maintenant Chaulin. Il aurait été assassiné à la fin de juillet 1898, sept mois après avoir dit que Lebrun Renaud lui avait confié que… Pourquoi si tard ? Et pourquoi ne pas avoir assassiné Lebrun, plutôt, ou Peyrolles, Guérin, Anthoine, de Mitry, Risbourg, Bernard qui comme Chaulin avaient été les confidents de Lebrun Renaud ou de d’Attel ?

Et je veux bien qu’il y ait eu des aveux. Mais pourquoi – ce que ne nous dira pas Adrien Abauzit – Lebrun Renaud, juste après la dégradation, et donc normalement après avoir entendu Dreyfus avouer, en consignant son service, les heures d’arrivée et de fin, se contenta, dans la colonne « observations », de porter un simple : « Rien à signaler » ? Curieux, après avoir reçu des aveux… Et pourquoi le commandant Guérin, qui avait été mis à disposition du général Darras pour la parade, et qui, ayant pourtant reçu les confidences de Lebrun Renaud, faisant à son tour son rapport au général Saussier, se contenta d’écrire dans son télégramme : « Parade terminée, Dreyfus a protesté de son innocence et a crié : Vive la France ! Pas d’autre incident » ? Curieux encore… Et pourquoi, s’il y avait eu aveux, l’état signalétique de Dreyfus, qui avait été donné pour publication au Matin daté du 5, concluait toute l’affaire d’un simple : « Dreyfus n’a exprimé aucun regret, fait aucun aveu, malgré les preuves irrécusables de sa trahison ; en conséquence il doit être traité comme un malfaiteur endurci tout à fait indigne de pitié » ?

45’58. Lebrun Renaud n’a jamais été menacé. Jamais !

47’47. Ce qu’aurait dit Dreyfus au sujet de l’Alsace qui aurait été mieux sous domination allemande. Ces propos, dont se souviendra Lebelin de Dionne bien tard sont un témoignage de circonstance… Pourquoi, sinon, en 1894, quand Dreyfus lui demanda de bien vouloir témoigner en sa faveur, Lebelin, refusant, ce contenta de dire que « le meilleur témoignage qu’il pût apporter » était les notes qu’il lui avait données… Si Dreyfus lui avait dit cela quelques années plus tôt, il n’est pas douteux qu’il lui eût fait une autre réponse et qu’il serait venu témoigner pour édifier les juges militaires !!!

48’55. Krantz… Il n’a pas été empoisonné mais victime de casseroles mal rétamées. Et comme le dit Lesquen, il n’était plus ministre et ne le serait plus… Pourquoi donc essayer de le faire disparaître à un moment où il n’était plus gênant ? Parce qu’il était antidreyfusard ? Comme l’essentiel des députés et des sénateurs ? Soyons sérieux !

50’. Une série d’assassinats de gens gênants pour la cause dreyfusarde… Mais rien n’est prouvé ici. Ce ne sont que des hypothèses, des conjectures pour lesquelles pas le moindre début de preuves ne peut être avancé. Un a été retrouvé mort dans un compartiment, l’autre écrasé par un train, un autre pendu à sa fenêtre… Assassinats… Où sont les preuves ??? Aucune. En revanche, qu’en est-il du faussaire Henry, qui n’intéresse pas Adrien Abauzit, retrouvé dans sa cellule, la gorge tranchée, un rasoir fermé dans sa main gauche, lui qui était droitier ????

50’18. Encore une appréciation au petit bonheur : le témoignage de Chaulin-Servinière aurait pesé lourd devant la justice. Allons donc ! Le témoignage de celui auquel quelqu’un a dit que ? Et l’état-major avait déjà su convaincre Peyrolles, Guérin, Anthoine, de Mitry, Risbourg, Bernard pour venir appuyer le témoignage de Lebrun Renaud. Celui de Chaulin n’aurait été qu’un de plus…

50’25. Adrien Abauzit équilibriste. Il est passionnant de l’entendre dire que les députés ne mentent pas… Les auditeurs de Lesquen, doivent, comme lui, trouver cette sortie curieuse… Mais attention, nous dit Adrien Abauzit : ce n’étaient pas les mêmes à l’époque… Mais a-t-il oublié de ce qu’il a dit à leur propos, il y a quelques dizaines de minutes, quand il évoquait – mal – l’affaire de Panama… Il est étonnant, vraiment, Adrien Abauzit…

53’08. Adrien Abauzit bricoleur. Là on atteint tout simplement au scandale : « il n’avait pas trouvé devant ses juges le cri de l’innocence. » Adrien Abauzit faire dire à Léon Blum ce qu’il n’a pas dit. Blum n’a pas dit que Dreyfus n’avait pas su se montrer innocent. La phrase n’est pas à comprendre du côté de Dreyfus mais du côté des juges… Quand on donne la citation complète, sans coupe « avantageuse », on comprend. La citation complète est : « Comme il était parfaitement simple, qu’il manquait de prestige, de panache et d’éloquence, il n’avait pas trouvé devant ses juges “le cri de l’innocence”, il ne trouva pas grâce auprès des mondaines… »

53’40. Adrien Abauzit peut dire que Paléologue est un fourbe mais ne le connaît pas… Quand Lesquen lui parle de l’ambassadeur de Russie de 14, « un Paléologue », il ne trouve à dire qu’un « d’accord ». S’il connaissait son dossier et les hommes sur lesquels il porte un jugement, il saurait que c’est le même !

45’40. « Dreyfus avait l’âme d’un traitre ». Difficile de discuter ici la considération de Lesquen qu’inspirent ses croyances les plus anciennes et les mieux accrochées. Le « c’était en tout cas un mauvais comédien » doit être commenté… Dreyfus n’était pas un mauvais comédien parce qu’il ne jouait pas la comédie. Mais était un personnage discret, peu flamboyant certes, pudique, modeste. Il suffit de le lire – ce que n’a pas fait Adrien Abauzit – pour le voir. Mais surtout il pensait – à tort peut-être, mais telle était sa volonté – que seule la raison devait être ici convoquée : « Je croyais que la raison en des affaires semblables, où les entraînements du cœur ne sauraient apporter aucune explication, aucune atténuation, devait être le seul guide du juge. Qu’on cherche à apitoyer quand on est fautif, cela se conçoit, puisque, dans certains cas, le cœur excuse bien des erreurs. Mais, ici, l’on avait affaire d’abord à un innocent, ensuite l’on jugeait un crime abominable que rien ne saurait excuser et on s’étonne que cet innocent n’ait pas cherché à émouvoir les juges ! Je n’avais qu’un devoir : faire appel à la raison et à la conscience des juges. »

57’36. « Je ne creuse pas comme j’ai creusé là ». On va voir à la suite – s’il développe le même propos que dans son livre (je rappelle que je commente au fur et à mesure de l’audition) – comment Adrien Abauzit creuse….

57’56. La pièce « trouvée » par Yves Amiot. Une blague encore dont on va reparler à la suite, sans aucun doute.

58’23. La pièce « trouvée » par Yves Amiot dont il n’a jamais entendu parler dans les livres « dreyfusards ». Pour soutenir cela avec autant d’assurance, il faudrait qu’Adrien Abauzit ait lu les livres dreyfusards, ce qu’il a à peine fait. Il a lu un peu le Bredin, un peu le Reinach, un peu du dernier Pagès et un peu plus du Thomas… et c’est tout… S’il avait plus lu, il n’aurait pu dire cela, puisqu’on la trouve en 2014 dans le livre d’Oriol. Il est vrai que cette pièce a été peu discutée, et si elle a été peu discutée ce n’est parce qu’elle est « gênante », c’est juste parce que, comme on le verra, elle est bien peu intéressante et dit précisément le contraire que ce qu’Adrien Abauzit y voit.

58’38. La « dépêche Panizzardi charge supplémentaire contre Dreyfus ».

58’46. Ça commence mal. La dépêche n’est pas du 5 novembre mais du 2 !!!

59’45. Adrien Abauzit ne dit pas tout et truque l’information. Il y eut en effet deux traductions à quelques jours d’écart mais qui n’ont rien de bizarre. Si Adrien Abauzit avait travaillé et s’il ne dissimulait une partie de l’information, il aurait dit que si la première traduction du télégramme dit en effet : « Capitaine Dreyfus arrêté. Le ministère de la Guerre a eu les preuves des révélations offertes à l’Allemagne. / La cause est instruite avec le plus grand secret. / Du reste, l’émissaire est prévenu », le dernier segment, celui qui prouvait la trahison (« Du reste, l’émissaire est prévenu ») était donnée comme incertaine (« on est pas sûr des derniers mots » ; on peut voir l’original en suivant ce lien : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/. C’est parce que cette traduction n’était pas sûre qu’il y en eut une seconde. Maintenant, si veut bien y réfléchir, soupçonner les Affaires étrangères d’avoir tenté de truquer le dossier Dreyfus pour le disculper, au lendemain de l’arrestation de Dreyfus est d’une rare stupidité. Qui à ce moment, et surtout dans les ministères, aurait pu tenter cela ? La culpabilité de Dreyfus était quasi un postulat et tout le monde se précipita dans cette croyance donnée comme réalité par le ministre de la Guerre. Et si tel avait été le cas, c’était pour le moins raté puisque Dreyfus sera condamné !!! La seconde chose qu’Adrien Abauzit aurait dû dire, c’est d’où vient la première version du télégramme qu’il cite. Comment la connaît-il puisque, comme il le dira un peu plus loin, elle n’a pas été conservée ? Quand au printemps 1898 l’état-major chercha le télégramme à la Section de Statistique, elle ne le trouva pas, en effet, comme le dira plus loin Adrien Abauzit. On demanda alors à l’obéissant Du Paty de Clam d’en donner le texte qu’il avait à peine vu et restitua celui que vous avons donné (avec la prudence sur les derniers mots relatifs à l’émissaire). Cela posait un problème du coup puisque la seule chose qui y incriminait Dreyfus était donnée comme douteuse… Et Gonse le raconte d’ailleurs lui-même : « les officiers du Service des renseignements ne pouvaient pas davantage reconstituer ce texte ; j’eus l’idée d’en parler au colonel Du Paty, qui venait quelquefois dans mon bureau ; celui-ci, recueillant ses souvenirs, me donna, de mémoire, un texte qui se rapprochait sensiblement du premier texte communiqué au colonel Sandherr par les Affaires étrangères. Je l’écrivis sous sa dictée, mais je ne considérais ce texte, à aucun titre, comme authentique ; un texte, écrit ainsi de mémoire, à distance des événements, n’avait à mes yeux qu’une valeur absolument inférieure. » C’est pour cela qu’il tenta, sans succès d’en obtenir copie. Mais s’il ne put en avoir copie (pourquoi les Affaires étrangères la lui aurait-il donnée ?), il en eut, en revanche, le texte et à trois reprises. Paléologue, qu’Abauzit ne cite que quand ça l’arrange, la raconte : il l’avait donné au moins TROIS fois à Henry, second de Gonse, (« au mois de septembre ou d’octobre » 1897, le 17 novembre 1897 et à « diverses reprises » encore « pendant l’hiver 1897-1898 »)… En dissimulant une partie de l’histoire, on peut tout dire et toute faire dire…. Drôles de méthodes. Maintenant, cela dit, il n’y a qu’Adrien Abauzit et quelques-uns de ces prédécesseurs qui voient dans cette pièce ce qu’ils veulent y voir. Dommage qu’Adrien Abauzit se garde de donner cette citation de Mercier, le principal accusateur de Dreyfus et idole antidreyfusarde : « 24 ou 48 heures après la décision prise en conseil de cabinet de déférer Dreyfus à la justice militaire, on m’apporta de la part du ministère des Affaires étrangères la traduction d’un télégramme adressé par B à son chef hiérarchique ; cette traduction était-à peu près conçue ainsi : “Dreyfus arrêté, précautions prises ; prévenu (ou prévenez) émissaire”. On me donna en même temps avis que la traduction de la fin de ce télégramme était incertaine ; un ou deux jours après, je reçus du ministère des Affaires étrangères une nouvelle version de cette traduction, à peu près ainsi conçue : “Dreyfus arrêté, si vous n’avez pas relations, démentez officiellement pour éviter polémiques.” En conséquence, je donnai l’ordre de ne tenir aucun compte de ce télégramme et de n’en faire aucun usage dans le cours du procès : cet ordre fut exécuté.

1.01’06. Les deux traductions disparues du fait de Picquart. Quelle preuve ? Aucune. Pourquoi encore Adrien Abauzit ne cite-t-il pas Gonse ? « Au mois de mai 1898, le ministre de la Guerre, M. le général. Billot, prescrivit de réunir, en un dossier unique, tous les documents, tous les renseignements, toutes les pièces, en un mot, secrètes ou autres, que le Service des renseignements pouvait posséder au sujet de l’affaire Dreyfus. En faisant ce travail, la dépêche dont il vient d’être question me revint à la mémoire, et j’en demandai le texte au colonel Henry. Il me dit ne plus l’avoir ; le colonel Sandherr n’en n’avait pas laissé de traces. »

1.01’52. Le refus de transmettre le télégramme. Plutôt que de jouer les mystérieux et les accusateurs, pourquoi Adrien Abauzit ne cite-t-il pas ce qui doit être cité ? Le général Billot en donnera l’explication suivante : « J’ai cherché à obtenir, des Affaires étrangères, le texte même du télégramme, et mon collègue, en vertu de son droit, m’a répondu que c’était une affaire d’État qui avait été réglée, et qu’elle ne pouvait faire l’objet communications personnelles, si confidentielles qu’elles puissent être. »

1.02’21. Encore une fois Adrien Abauzit, plutôt que de dire n’importe quoi, devrait lire Paléologue qu’il cite quand ça l’arrange… Paléologue explique que ce refus de transmettre le document était une question de règle, qu’il y avait des procédures à suivre et qu’il avait d’ailleurs dit à Henry que, sur communication d’une simple lettre officielle, il lui en délivrerait un duplicata. Mais peu importait, d’ailleurs, ajoutait-t-il, puisqu’il lui en avait dicté quelques mois plus tôt le texte, comme on l’a dit précédemment.

1.04’21. Le télégramme n’est pas de l’écriture de Panizzardi ! Sans doute, même s’il ne l’a pas vu (comment peut-on être aussi affirmatif à propos de quelque chose qu’un ne connaît pas)… Mais quoi qu’en dise Dutrait-Crozon, rien ne nous dit que l’attaché militaire allait lui-même poster ses télégrammes.

1.05’20. Les mentions manquantes sur le document… Peut-être, mais nous n’avons pour cela que le témoignage de Cuignet. Il n’empêche que celui que nous connaissons porte les mentions disparues… (reproduit dans https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/.)

1.06’10. Ce que devrait dire Adrien Abauzit c’est que cette deuxième version du télégramme, nouveau faux dreyfusard pour tout notre petit monde, Cuignet l’avait lui-même, officiellement, certifiée le 27 avril 1899 !

1.07’42. Lazare corrupteur… Témoignage de Bouton et de Rochefort. Voir https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/.

1.19’09. Le coup de la réhabilitation volée par la Cour de cassation. Oh ! que non § Il suffit juste de savoir de quoi on parle. Voir https://affaire-dreyfus.com/2021/04/21/laffaire-dreyfus-nouvelle-replique-au-camp-dreyfusard-par-adrien-abauzit/ (le passage correspondant aux pages 15-18).

1.24’00. Esterhazy lié aux Rothschild aurait fini sa vie dans l’aisance en Angleterre. Pour commencer Esterhazy n’a pas fini sa vie dans l’aisance en Angleterre…Il y flirta assez souvent avec la misère et trouva de ces nouvelles petites combines dont il avait le secret pour joindre les deux bouts. Concernant les Rothschild, il ne fut pas lié à eux mais, grâce à son ami Weil, reçut une fois une aumône d’Edmond… Malin cet Esterhazy qui « tapait » du côté israélite tout en collaborant régulièrement à La Libre Parole.

1.24’36. Esterhazy mythomane, certes mais agent dreyfusard non bien évidemment. Inutile de discuter de cela ici qui est le fond de commerce de nos modernes antidreyfusards ; la chose a été faite ailleurs… Maintenant, quand même, interrogeons-nous. Admettons qu’Esterhazy ait été un agent dreyfusard. Si j’ai bien compris, il aurait donc accepté, contre la forte somme, d’endosser la paternité du bordereau pour sauver Dreyfus. Mais quelle était l’idée ? Qu’une fois Dreyfus condamné, l’attention soit portée sur lui, qu’il soit dénoncé et jugé ? Si telle elle était, Esterhazy devait être condamné, sinon la stratégie était pour le moins curieuse. Donc, Esterhazy avait accepté de courir le risque d’aller remplacer Dreyfus à l’île du Diable ? Il aurait touché la forte somme, certes, mais n’aurait pu guère en profiter… Drôle de stratégie vraiment… Ah mais non parce qu’il aurait défendu l’idée d’un bordereau écrit sur ordre… Bien sûr. Et c’est ce qu’il fit, le problème c’est que personne n’y crut… Il serait donc parti à l’île du Diable… Seulement les choses ne se passèrent pas ainsi : il fut acquitté… pour remplir son rôle et mériter son salaire, il avoua donc avoir fait le bordereau, sur ordre, etc… Mais il le fit au moment où la révision était déjà engagée et ses déclarations furent sans effet… Sacrée stratégie qui aboutira à une nouvelle condamnation de Dreyfus… Il faudrait être un peu sérieux…

1.25’40. Léon Bloy. Adrien Abauzit dit qu’il faudrait qu’il creuse. Oh ! il n’y  a pas besoin de creuser bien loin… Mais on ne peut pas tout savoir, ni sur Bloy, ni sur l’Affaire…

1.26’30. Des pages « hilarantes » de  Péguy… Adrien Abauzit critique littéraire n’est pas très au point. Et quant à la balle dans le  dos  que mériterait Jaurès, j’aimerais bien savoir où Péguy aurait écrit cela… Je ne connais que « Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès » qui n’est pas exactement la même chose. Fusiller dans le dos, c’est du Maurras cela, pas du Péguy… Comme toujours (et sauf erreur de ma part), nous sommes toujours dans la plus parfaite approximation…

1.29’28. Cailllaux.

Allez nous arrêtons….

Robert Badinter

Joël Saget/AFP

Robert Badinter est mort… Grand juriste, grand avocat, grand ministre, grand législateur et grand humaniste. L’Affaire le passionnait et ce n’est pas par hasard si, chez cet héritier du Jaurès des Preuves figurait au mur, en bonne place, « J’Accuse… ! » Robert Badinter était venu, en 1983, parler au pèlerinage laïque, chez Zola, à Médan. Un discours dont tous ceux qui eurent la chance d’être présents se souviennent et que nous donnons ici, en hommage à ce grand homme et ami aujourd’hui disparu.

L’affaire Dreyfus. Morts mystérieuses et autres crimes… petit dernier d’Adrien Abauzit

Adrien Abauzit, dont nous parlions ces jours derniers, vient de publier un nouvel ouvrage. Dreyfus coupable et les dreyfusards criminels !!! On en lira le compte rendu : ici

Adrien Abauzit et la révision de l’affaire Dreyfus

Adrien Abauzit vient de publier un 3e volume pour dire la culpabilité de Dreyfus. Comme toujours, aux termes de l’article 2 de nos statuts (« Cette association, à vocation scientifique, se veut animée par un esprit de vigilance à l’égard de la vérité historique ») nous y répondrons… Quelques jours de patience encore… Dans l’attente, voici une petite réfutation d’une de ses dernières vidéos : ici.

 

Adrien Abauzit à propos de le vidéo de Nota Bene sur l’affaire Dreyfus

26’13. Adrien Abauzit « ajoute que toute personne qui n’a pas lu ces milliers de pages et qui n’a pas examiné ces centaines de pièces n’est pas compétente pour parler de ce sujet ». Le problème si ce si Adrien Abauzit a lu – ou tout du moins le prétend – les procédures publiées par la Ligue des droits de l’homme à l’époque de l’Affaire, il n’a lu que ça. Il n’a pas vu la centaine de cartons du fonds de la Cour de cassation, la centaine de cartons de l’Outre-mer sur la déportation de Dreyfus, ceux des Archives nationales et de la Préfecture de police, les papiers de Joseph Reinach, de son frère Salomon, de la famille Dreyfus, de Scheurer-Kestner, de Havet, de Paris, de Poincaré, de Monod, de Zola, etc. etc. pas plus qu’il n’a lu les quelques centaines de volumes parus sur l’Affaire qui défendent un autre point de vue mais qu’il faut avoir lu pour pouvoir s’affirmer compétent sur le sujet. Et nous sommes d’accord : « l’avis des personnes qui n’ont pas fait ce travail-là, ne vaut rien. »

28’16 « tout cela a été prouvé par A+B dans L’Affaire Dreyfus entre farces et grosses ficelles. » Oh que non ! voir : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

29’4 : le « colonel » Picquart. Ça commence mal : le COMMANDANT Picquart !

30’-31’6. C’est vrai que les hommes de l’état-major ont conclu que l’auteur du bordereau ne pouvait être qu’un stagiaire et qu’un artilleur. Mais sur ce dernier point ils se trompaient, et c’est cela qu’il faudrait dire : Trop d’approximations dans le vocabulaire, trop d’impropriétés auraient dû leur sauter aux yeux – et surtout à ceux de Matton qui était artilleur ; comme elles auraient dû interpeller le général Mercier, artilleur lui aussi. Un artilleur, en effet, maîtrise le vocabulaire de son arme. Il n’aurait donc jamais parlé de « corps » mais de « régiment », du « 120 » mais du « 120 court de campagne », de « conduite » de la pièce mais de « comportement », de « frein hydraulique » mais de « frein hydropneumatique », de « manuel de tir de l’artillerie de campagne » mais de « manuel de tir d’artillerie de campagne ». Enfin, un artilleur n’aurait pas dit que le projet de manuel de tir était « extrêmement difficile à se procurer » puisque ce projet de manuel avait été envoyé à plus de trois mille exemplaires aux régiments et qu’il était, par exemple, en 1894, en deux exemplaires à la libre disposition des officiers à l’État-major. Et pourquoi cette erreur ? Ne peut-on imaginer qu’il y eut plus que les écritures, qui se ressemblaient en effet ? De l’antipathie pour Dreyfus et aussi un très léger préjugé ? C’est le commandant Bertin-Mourot qui attira l’attention sur Dreyfus, qu’il détestait, qui en parla au lieutenant-colonel d’Aboville qui à son tour en parla au général Fabre. Bertin, d’Aboville et Fabre qui ont la particularité – coïncidence sans doute – d’être tous trois antisémites !

31’3. « La religion de Dreyfus n’est absolument pas en cause d’un point de vue judiciaire. » Judiciaire ? Mais Adrien Abauzit est avocat et il connaît l’affaire Dreyfus, non ? Comment peut-il parler de « judiciaire » puisque l’enquête judiciaire n’était pas ouverte et qu’elle le sera un 10aine de jours plus tard. Il s’agissait alors d’une enquête interne, non officielle, et les deux « experts » appelés alors à se prononcer sur l’écriture étaient deux militaires sans compétences particulières sur la question : les commandants Picquart (eh oui !) et Du Paty de Clam !

31’16. « Il n’a jamais été prouvé qu’il y eut un seul officier de l’armée française antisémite lors de l’affaire Dreyfus » ! Et Adrien Abauzit ajoute à la suite qu’il n’y en eu qu’un : Cordier, devenu un vilain Dreyfusard ! C’est presque trop facile…. Je pourrai là citer une 50aine de noms et donner les textes qui prouvent qu’Adrien Abauzit erre tout à fait. Je donnerai juste exemple, celui d’un général qui, le 29 juin 1907 au cours d’un événement monstre organisé par l’AF dénoncera les puissances juive et franc-maçonne et appellera de ses vœux la création d’une « patrie juive » qui permettrait de délivrer les « nations aryennes » de « l’ulcère juif ». Son nom ? Le général Mercier, ministre de la Guerre quand fut arrête Dreyfus ! Adrien Abauzit dira sans doute qu’en 1907, les choses n’étaient pas pareilles ou je ne sais quoi. Je vais donc revenir à 1894 et je pourrai citer et donner les preuves concernant Bertin, d’Aboville et Fabre, parler des généraux Lebelin de Dionne et Bonnefond, Delanne aussi qui avait dit ne pas vouloir de juifs à l’état-major, parler de Sandherr, de Gonse, de Pellieux, de Du Paty, et de tellement d’autres ! On pourrait compter le nombre d’officiers d’active ayant souscrits aux listes antisémites du monument Henry, de la médaille Mercier ou de la souscription Grégori. On pourrait même, et ce serait amusant, se souvenir de Picquart qui, en charge des stagiaires à l’arrivée de Dreyfus l’avait placé, parce que juif, « à une section qui n’avait pas à s’occuper de choses secrètes » et qui, lors d’un voyage de l’école de guerre, quelques mois plus tôt, l’avait tenu, avec un autre élève juif à l’écart des autres élèves : « J’avais mis exprès les deux Juifs ensemble » dira-t-il… C’est ce que dira un des tenants de l’accusation, Gribelin, à son propos : « Il affichait même des idées antisémites très avancées, à tel point que, lorsqu’un secrétaire ou quelqu’un d’autre orthographiait son nom Picard, il lui faisait des observations, en disant qu’il ne voulait pas être pris pour un juif. »

31’42. La citation de Cordier… Cette citation est une reprise par Cordier de ce qu’avait dit Roget lors de l’enquête de la Cour de cassation. Il le dit d’ailleurs : « M. le général Roget lui-même a bien voulu dire dans sa déposition devant la Chambre criminelle que j’étais même un antisémite d’un genre particulier, que j’avais été antisémite alors qu’il n’y en avait pas encore ». La citation suffira mais donnons quand même celle de Roget : « Le lieutenant-colonel Cordier que je connais beaucoup — c’est mon camarade d’école — a toujours été un antisémite enragé, dans un temps où il n’y avait pas d’antisémites. » Où il n’y avait pas d’antisémite… Cordier, ou plutôt Roget, ne dit pas, comme le comprend étonnamment Adrien Abauzit, qu’« il n’y avait pas d’antisémites à l’état-major » mais – il s’agit d’une figure de style ! ; il existe des antisémites depuis l’Antiquité – qu’il était antisémite depuis longtemps et même avant l’essor qu’avait connu l’antisémitisme à partir de 1886 et de la publication de La France juive.

32’25. La réponse embarrassée de Cordier. Il suffit de se reporter au procès de Rennes, tome 2, p. 551-552 pour voir que ça réponse n’était pas embarrassée mais plutôt combattive… Et pourquoi aurait-il été embarrassé puisqu’il avait en effet rejoint le camp dreyfusard et que ce choix il l’assumait en toute tranquillité.

33’02. Bertillon le meilleur dans son domaine. Pas en graphologie, en tout cas, puisque lui-même refusa toujours d’être considéré comme tel et avouait n’y rien connaître et avait bien raison de l’avouer puisque comme l’écriront trois mathématiciens d’importance, Appell, Darboux et Poincaré, consultés sur cette question (expertise de Bertillon et de ses suiveurs) : « Tous ces systèmes sont absolument dépourvus de toute valeur scientifique : 1° parce que l’application du calcul des probabilités à ces matières n’est pas légitime ; 2° parce que la reconstitution du bordereau est fausse ; 3° parce que les règles de calcul des probabilités n’ont pas été correctement appliquées ; en un mot, parce que leurs auteurs ont raisonné mal sur des documents faux. » Et pourtant elle est intéressante sa démonstration. C’est son fameux « Redan », un dessin complexe (on le voir sur internet en tapant « Redan Bertillon »), de forme triangulaire, qui débouchait, à partir d’un losange central qui représentait les « travaux des maculatures machinées à double face », sur deux ouvertures. À gauche, « par les combinaisons d’ouverture et de fermeture des lettres », il se prolongeait en une diagonale à cinq niveaux qui se terminait en courbe et détaillait les caractéristiques matérielles de la forgerie. À droite, « par l’écriture rapide et liée et par suite non déguisée », il débouchait sur un rectangle diagonal qui symbolisait « l’étouffement des a et l’emploi presque exclusif des d à volutes… ». Cette dernière diagonale aboutissait à la « Citadelle des rébus graphiques » qui elle-même débouchait sur l’« Arsenal de l’espion habituel ». Chacune des diagonales étant la représentation graphique d’un des « plan[s] de défense en cas d’attaque ».

33’23. La citation d’Alain Pagès, « historien dreyfusard [sic] ». Adrien Abauzit ne dit pas tout et ne comprend pas bien les textes qu’il cite. Oui Alain Pagès a écrit cela mais quelques pages plus bas, au terme de sa présentation, empreinte d’une constante ironie qu’Adrien Abauzit n’a pas saisie, Pagès parle des « élucubrations », des « inventions » de Bertillon, et, signalant que Mercier avait été un des rares à prendre au sérieux sa théorie, cite un passage où l’ancien ministre fait l’éloge de « l’expert » et conclut par : « On croirait entendre un personnage de L’île des Pingouins. La réalité l’emporte sur la parodie. » Adrien Abauzit devrait lire plus attentivement et lire jusqu’au bout.

34’50. Jeannel aurait reconnu la demande faite par Dreyfus de lui donner, quelques mois avant le bordereau, le manuel de tir. Jeannel a en effet dit cela à Rennes et Dreyfus a dit qu’il se trompait et qu’il confondait deux manuels d’artillerie, le français et l’allemand et qu’il lui avait en effet demandé le second pour un travail qu’il avait eu à faire à la demande de ses chefs et qu’il serait aisé de retrouver. Parole contre parole… Mais qu’importe. La question est de savoir s’il pouvait être utile à un capitaine comme Dreyfus, en termes de besoins et d’agenda… et en effet, Nota Bene a raison, ce manuel ne lui était d’aucune utilité puisqu’un manuel de tir n’est utile que dans les écoles à feu et il avait été décidé que les stagiaires ne s’y rendraient pas.

35’10. Jeannel menacé de mort à cause de son témoignage. Scoop ! Il faudrait qu’Adrien Abauzit livre la source de ce détail inconnu de tous les spécialistes sérieux !!!! Mais je doute qu’il la trouve parce qu’il semble bien qu’il s’agisse-là d’une pure invention…

35’48. Sur quatre experts, trois ont conclu à la culpabilité. En fait, mais peu importe, il y avait trois experts, Bertillon ne l’étant pas officiellement. Et ce qui est intéressant à savoir c’est que Pelletier, qui ne conclut pas à l’identité, avait refusé, à la différence des deux autres, de suivre le conseil qui lui avait été donné de rencontrer Bertillon. Comme Pelletier le dira à Rennes : « Je suis heureux de ne pas m’être rendu chez M. Bertillon, car cette démarche aurait pu me faire commettre une erreur »… Notons aussi, ce qu’oublie Adrien Abauzit, c’est qu’un premier expert avait été consulté, Gobert, qui lui aussi n’avait pas conclut dans le sens de l’accusation. Il avait donc été écarté, et ce qui est amusant c’est que l’étude de Pelletier, le mauvais élève, sera discréditée dans l’acte d’accusation contre Dreyfus ;

Quant à la contraction de la figure de Dreyfus… on a vu argument plus puissant….

36’30 Le dossier secret. Un peu technique d’entrer dans le détail ici. Nous renvoyons à https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

37’22. Le bagne. Enfin nous sommes d’accord !… enfin en partie. Dreyfus n’a pas été envoyé au bagne, réservé aux droits communs. La trahison, crime politique, devait l’envoyer en Nouvelle Calédonie où il aurait dû être libre de ses mouvements et aurait même pu vivre avec sa famille. On fit voter, début 1895, une loi juste pour lui, pour qu’il puisse être envoyé en Guyane, à l’île du Diable où ses conditions de vie furent en effet terribles.

38’10. Le Petit bleu. La encore, nous renvoyons au lien qui démontre en détails combien est fausse et faible la « démonstration » d’Adrien Abauzit dans ses deux petits livres. https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

Mais juste sur ce qu’il dit ici. Pas timbré ? Normal pour un brouillon, non ? puisque le destin d’un brouillon est de préparer la version qui elle sera postée… Et signé par un autre nom que celui de Schwartzkoppen et d’une autre main (un secrétaire par exemple) ? Logique, non ? pour une lettre envoyée à un espion par son employeur. La dissimulation ne s’impose-t-elle pas, d’où l’autre main et l’énigmatique signature « C ». D’ailleurs il suffit d’en lire le texte pour comprendre que le message est codé : « J’attends avant tout une explication plus détaillée [que] celle que vous m’avez donné [sic] l’autre jour sur la question en suspens. En conséquence je vous prie de me la donner par écrit pour pouvoir juger si je peux continuer mes relations avec la maison R. ou non. » Ce n’est pas tant l’écriture ou la signature qui importent que la provenance, à savoir la poubelle de l’ambassade. Et quant à la signature, d’autres papiers provenant de la même source portent ce même « C. »

Quant au coup de la lettre de Macron, coup déjà fait dans de précédentes vidéos, il est amusant mais peu convaincant. Le Petit bleu est un brouillon, et un brouillon est un brouillon, donc une version primitive non envoyée, et ne peut donc être comparé à une lettre postée ; le petit bleu est signé d’un « C » de convention et ne peut être comparé à une lettre signée d’un nom… Cette petite « expérience » n’aurait de valeur que si le Petit bleu avait été présenté comme une lettre envoyée et signée de Schwartzkoppen… C’est tout simplement ridicule… Et si cette petite « expérience » doit suffire à montrer que le Petit bleu est un faux, alors, s’ouvrent d’infinies perspectives dans le grand n’importe quoi…

41’45. Tous les avocats du monde et la preuve qui ne vaut rien. Certes mais ce n’est pas la question. Le Petit Bleu fut le début de l’enquête de Picquart, le document qui lui révéla l’identité d’Esterhazy et dont la valeur venait de sa provenance, la poubelle de l’ambassade allemande. Ce n’est pas le petit bleu qui aurait été produit en justice mais le reste de l’enquête. Cela dit, c’est amusant parce que sur quelle pièce fut condamné Dreyfus ? Un bordereau, non signé, non timbré, déchiré, trouvé dans un endroit qu’on ne pouvait révéler ? Rappelons l’acte d’accusation contre Dreyfus : « La base de l’accusation portée contre le capitaine Dreyfus est une lettre-missive écrite sur du papier pelure non signée et non datée, qui se trouve au dossier, établissant que des documents militaires confidentiels ont été livrés à un agent d’une puissance étrangère. […] La base de l’accusation portée contre le capitaine Dreyfus est une lettre-missive écrite sur du papier pelure non signée et non datée, qui se trouve au dossier, établissant que des documents militaires confidentiels ont été livrés à un agent d’une puissance étrangère. » Amusant non ?

42’55. La falsification du Petit bleu par Picquart. https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

43’35. « En février 1898, Esterhazy va être […] acquitté ». En janvier, Adrien Abauzit, pas en février. Pas de preuve ? Oh si mais surtout ses aveux : à plusieurs reprises (et non démentis) de fin 1898 à 1901, Esterhazy avouera avoir écrit le bordereau ! Les aveux ont un sens me semble-t-il devant la justice…

43’48. Esterhazy était officier de troupe et les documents du bordereau sont des documents d’état-major. Non et la meilleure preuve en est qu’on lit cette phrase dans le bordereau : « Le ministère de la guerre en a envoyé un nombre fixe dans les corps et ces corps en sont responsables, chaque officier détenteur doit remettre le sien après les manœuvres. » Si le traître était à l’état-major, pourquoi parlait-il des corps sinon parce qu’il en faisait partie. Et quant aux documents secrets de l’état-major qu’Esterhazy n’aurait pu se procurer : du frein hydraulique du 120, canon et frein anciens adoptés depuis plusieurs années, l’Allemagne savait tout depuis 1889 grâce à deux traîtres précédemment condamnés : Boutonnet et Greiner. Tout et même bien plus que la simple question du frein : elle savait tout du 120 court et tout du 120 léger. Canon en service, il avait même été présenté aux attachés militaires étrangers en 1891, présentation dont avait rendu compte la presse allemande… De plus, de nombreuses publications avaient été faites à son sujet et une description complète était à la disposition de tous depuis le 7 avril 1894. Les deuxième et quatrième documents, relatifs aux troupes de couverture et à Madagascar, étaient si peu secrets que plusieurs journaux en avaient largement parlé : le Journal des sciences militaires avait consacré en mai 1894 un article au premier sujet et le Mémorial de l’artillerie de la marine, La France militaire et Le Yacht quelques séries au second, en juin, août et septembre 1894. Le troisième document, relatif aux formations de l’artillerie, était lui aussi si peu secret qu’il avait fait l’objet d’articles dans La France militaire et, mieux même, d’une publication annuelle émanant du ministère de la Guerre. Sujet d’actualité, il avait été aussi au centre de nombreux débats à la Chambre, débats publiés au Journal officiel. Quant au cinquième document, le manuel de tir, si « difficile à se procurer » selon l’auteur du bordereau, il était à la disposition des officiers dans tous les régiments et avait fait l’objet d’une édition autographiée par une société d’officiers de réserve, la Société de tir au canon. À Rennes, le sous-lieutenant Bruyerre racontera même se l’être procuré contre vingt centimes à la presse régimentaire. Il suffisait donc de savoir lire pour pouvoir faire les notes du bordereau. Car il s’agit de « notes » pas des documents eux-mêmes….

44’06. Picquart viré pour qu’il se taise. Nota bene se trompe en effet (ou en tout cas est trop imprécis ici) mais Adrien Abauzit plus encore. On a « viré » Picquart non pas parce l’état-major avait compris que Picquart était en collusion avec les dreyfusards mais parce qu’il fallait qu’il soit le plus loin possible et que cet éloignement était la garantie qu’il arrêterait de mener une enquête qu’il avait d’ailleurs arrêtée. Picquart, parfait militaire, avait accepté de se taire et si Adrien Abauzit avait travaillé sur les archives ou lu les livres qu’il aurait dû lire et n’a pas lu, il aurait pu y voir quelle bonne volonté il mettait à suivre les ordres qui lui avait été donnés de passer à autre chose. Mais pour les hommes de l’état-major, il représentait en effet un trop grand danger… Et s’ils commencèrent en effet à la soupçonner ce n’est que parce que le meilleur moyen de se débarrasser de son chien c’est de dire qu’il a la rage, proverbe connu.

44’22. Les fuites de L’Éclair. En effet les soupçons se portèrent sur Picquart parce qu’il fallait bien que ce dont il était question dans l’article vienne de quelque part. Mais cela dit, il faut ajouter que Picquart, tout à fait rentré dans le rang et encore en poste après la publication de cet article, fera tout pour diligenter une enquête que ses chefs refuseront d’ouvrir. Dans une note à son chef, Gonse, en date du 22 septembre Picquart écrivait que « la Section de statistique n’a aucune existence officielle, et pour prévenir à ce sujet des divulgations gênantes les officiers qui la composent sont tous rattachés à un bureau de l’État-Major de l’Armée ». En conséquence, c’est un « renseignement confidentiel » qu’avait publié L’Éclair, renseignement « de nature à porter préjudice au service de la Section » et qui nécessitait, estimait-il, « de donner un avertissement ». Il demandait donc que des poursuites soient exercées contre le journal. Qu’on perquisitionne à L’Éclair, qu’on saisisse le manuscrit et qu’on traduise l’auteur en justice. Boisdeffre et Gonse préférèrent ne pas donner suite et ce refus n’est pas sans poser de question. Car en effet quand on lit l’article avec attention, on voit bien que s’il pouvait être utile à un camp, c’était avant tout à celui de l’état-major et il est évident aujourd’hui aux historiens de bonne foi que c’est de ce côté-là qu’il vînt. Nous savons aujourd’hui parce qu’ils en ont témoigné qu’il fut retouché par l’antidreyfusard Montorgueil, porté par Lissajoux qui jamais ne voulut révéler sa source. La seule chose que nous savons est que ce Lissajoux avait un grand ami, le lieutenant-colonel Henry, subordonné de Picquart au service du renseignement. Mais nous n’en ferons donc ni un argument ni une preuve.

44’45. Le faux d’Henry pour évincer Picquart. Oh la la, voici une thèse bien nouvelle et bien originale. Il n’en dit pas plus mais on peut commenter rapidement. En quoi une lettre d’un attaché militaire à un autre attaché militaire citant Dreyfus avait trait à Picquart ? Pourquoi ne pas faire pour cela un faux incriminant Picquart ? Non ce faux a été fait pour faire tomber le ministre hésitant (Billot) du côté de l’accusation, ministre dangereux puisque Picquart l’avait informé de sa découverte relative à Esterhazy et qu’il aurait très bien pu le suivre…

45’28. Castro. Adrien Abauzit joue encore un peu avec la réalité des faits et donne des arguments qui ont déjà été vidés. Citons donc Castro au procès Zola : « Oui, Monsieur le Président. J’étais établi à cette époque banquier-commissionnaire près la Bourse de Paris et j’avais eu l’occasion de faire quelques affaires pour le commandant Esterházy. Le commandant Esterházy était en correspondance très suivie avec la maison et je connaissais très bien son écriture ; je la connaissais si bien que, lorsque, le matin, j’avais un courrier important à dépouiller, je reconnaissais l’écriture du commandant même avant d’avoir ouvert sa lettre. Vers la fin du Mois d’octobre de l’année dernière, j’étais sur le boulevard, lorsqu’un camelot passa près de moi vendant le fac-similé du fameux bordereau attribué à l’ex-capitaine Dreyfus. J’ai été saisi en voyant cette écriture ; il me sembla voir une lettre du commandant Esterházy. Je rentrai chez moi extrêmement troublé. Le lendemain matin, j’allai avec mon beau-frère chercher dans le dossier du commandant Esterházy quelques lettres, je fis même quelques comparaisons d’écritures et j’y trouvai en effet une parfaite similitude, je dirai même une identité frappante. »

46’55. Les aveux d’Esterhazy et la révision. Il est impossible de développer ici, cette petite démonstration qui ne dit pas tout et se trompe dans les dates. Nous renvoyons à une partie du dossier déjà cité (on trouvera le passage en faisant une recherche sur « Observer ») : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/replique-au-historiens-dreyfusards-dadrien-abauzit-auteur-de-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-et-reponse-a-sa-reponse/

50’08. Mercier falsificateur, en effet, moins que d’autres (Gonse, Henry, etc.) Mais un parfait menteur oui…

50’45. Les aveux. Non mais là encore la démonstration serait trop longue. On renverra au même dossier et à quelques ouvrages qui prouvent sans discussion possible que ces témoignages furent de circonstances et furent même l’occasion de quelques autres faux fameux. Mais attendons le tome 3…

Dreyfus… chez Zola

Une nouvelle pièce de théâtre, Moi, capitaine Alfred Dreyfus, présentée par la compagnie de l’Arbre sec, sera jouée à Villennes, salle des Arts, tout près de chez Zola, le 28 janvier à 15 heures. Un nouveau texte, sur la base du Dreyfus, l’Affaire de Pierrette Dupoyet.
Comme toujours pour les événements organisés par les Amis du musée Dreyfus, l’entrée est gratuite pour les Amis (adhérents : voir : ici). Pour les non-adhérents, l’entrée est à 10 €. Il est conseillé de réserver sa place en envoyant un mail à : contact@maisonzola-museedreyfus.com 

Google ou le Grand-N’Importe-Quoi de l’Intelligence Artificielle

Sans doute avez-vous vu que Google s’est doté, depuis quelque temps, d’un formidable outil pour les gens pressé. Quand vous tapez une requête, des « Questions », dont le choix est fondé sur la récurrence des recherches, apparaissent qui permettent, rapidement, d’avoir une réponse. Le problème est que dans 99% des cas, les réponses (quand toutefois elles répondent aux questions) sont hallucinantes d’inexactitudes. Tapons « affaire Dreyfus » et voyons ce qu’on nous dit :

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