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Adrien Abauzit sur Radio Athéna pour ses Morts mystérieuses

A propos de ce dernier livre, voir ici

Comme toujours, la vidéo et au-dessous nos commentaires :

1’02. Adrien Abauzit a démontré définitivement pour les gens objectifs que Dreyfus était coupable.

Cela reste pour le moins à démontrer. Nous renvoyons à : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

5’26. Félix Faure était antidreyfusard et ce serait pour cela, comme le dit Lesquen, qu’« il ne poussa pas à la roue pour la révision ». Non ! Déjà, Président de la République, il n’avait aucun rôle à jouer dans un procès et, au-dessus des partis, il était impossible qu’il intervînt d’une manière ou d’une autre. Cela dit, il n’était pas antidreyfusard, comme l’affirment Lesquen et Abauzit… ou du moins n’est pas aussi simple que cela… On sait que s’il fut longtemps convaincu de la culpabilité de Dreyfus et l’était peut-être encore à la veille de sa mort (à vrai dire personne n’en sait rien), Faure était, comme en témoignera à plusieurs reprises son Directeur de cabinet, Le Gall, partisan de « la révision prompte et complète ».

6’35. Adrien Abauzit a travaillé sur Félix Faure mais ne sait rien des amants de Marguerite Steinheil, ni, un peu plus loin, le nom exact de l’archevêque de Paris venu voir le président ce jour-là… Etonnant mais passons… En revanche, il est plus embêtant de l’entendre parler à la suite des « actrices de cinéma de l’époque »… Des actrices de cinéma en 1894-1898 ? Allons, soyons sérieux… Adrien Abauzit nous montre à peine au bout de 6 minutes le peu de connaissance qu’il a de la période dont il s’est improvisé spécialiste…

12’10. La phrase de L’Intransigeant du parlementaire qui écrivait sous pseudonyme. Non ! il ne s’agit pas d’un parlementaire mais d’un journaliste. La chose semble de peu d’importance mais ne l’est pas tant elle montre combien Adrien Abauzit est toujours approximatif. Voir https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/.

14’07. Drumont a certes popularisé le slogan dont il fit l’épigraphe et le sous-titre de sa Libre Parole. Mais l’expression est là, partout, depuis 1877 au moins.

15’32. Adrien Abauzit connaît ses personnages. Félix Faure « négociant en cuivre » ? Non ! en cuir !!!!!

16’06. « Il se sentait menacé. On a retrouvé une lettre de lui écrite […] à sa maîtresse ». Qu’est-cette lettre ? Une lettre publiée en extraits dans un journal de Nantes en 1908, que personne n’a jamais vue, et que celui qui disait la détenir menaça de la montrer et ne le fit jamais… Une bien maigre preuve en réalité…

16’45. La « taupe » de l’Elysée. On est là dans un grand n’importe quoi qu’Adrien Abauzit reprend sans le moindre recul, sans la moindre réflexion, de Galabru. Pour comprendre ce montage, qui nous dit tout sur la manière de faire d’Abauzit et consorts, voir https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/.

17’. Envoyé à 2h25 du matin. Heure bien incroyable pour envoyer un télégramme, preuve sans doute que l’expéditeur était bien une taupe… Mais pourquoi du matin et pas de l’après-midi ? Adrien Abauzit ignore que personne à l’époque n’utilisait le système horaire sur 24 heures. Et une grande partie de la fable repose sur cette ignorance. Et tout le reste à la suite (et encore Adrien Abauzit est ici bien discret par rapport à ce qu’il fait dire – en le reprend d’ailleurs de Galabru, sans recul ni réflexion – à cette dépêche dans son livre) est un pur fantasme, fait d’interprétations forcées que deux minutes de travail auraient permis d’éclaircir pour comprendre ce qu’était ce prétendu extraordinaire télégramme qui n’est rien du tout. Voir https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/ En procédant ainsi, on peut arriver à n’importe quel résultat…

17’55. Les « historiens dreyfusards » n’en ont pas parlé ! Si, Eric Cahm en 1998 et Philippe Oriol en 2014. Encore une fois, Adrien Abauzit ignore et pourtant il affirme… Voir encore https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/

22’. Il est fort probable en effet qu’on ait donné à Faure les soins apportés dans les cas d’empoisonnement. Et on l’a fait parce qu’il est fort probable qu’il n’ait pas été empoisonné mais qu’il se soit empoisonné… Faure, la chose est connue, pour stimuler et satisfaire ses insatiables appétits, prenait de la cantharide, aphrodisiaque réputé puissant mais dont la surdose est mortelle… N’a-t-il pas simplement, ce fameux jour, abusé de son « remède d’amour » ? Et on comprendrait alors bien pourquoi on parla officiellement d’apoplexie, façon convenable d’expliquer la mort subite d’un président de la République, et plus convenable en tout cas qu’une overdose causée par un proto-viagra !

25’25. « De toute évidence, les autorités ont cherché à masquer la cause… » Oui, nous le croyons et pour l’unique raison développée dans le post précédent.

26’30. « Faure a été assassiné et qu’on a voulu cacher cela parce que je suppose que les autorités de l’époque, et donc le président du Conseil […]. C’était reconnaître la culpabilité de Dreyfus. » Si Faure avait été assassiné – ce qui n’est probablement pas – et que la chose avait été reconnue, en quoi cela aurait-il « montré la culpabilité de Dreyfus » ? Mais il faut être sérieux. Qui était à l’époque le président du Conseil ?  Charles-Dupuy qui ne fut jamais dreyfusard, qui fut l’homme de la loi de dessaisissement et sera quelques semaines plus tard un des artisans du refus de l’engagement des poursuites contre Mercier… ce serait cet homme-là qui aurait menti pour protéger Dreyfus (nous ne comprenons toujours pas le rapport entre le pseudo-assassinat de Faure et l’innocence de Dreyfus) ? Il faudrait commencer à devenir sérieux et arrêter de dire n’importe quoi !

27’10. Le mobile et projet de prise de pouvoir avec Déroulède… Gravissons un échelon supplémentaire dans le délire. Tout cela n’est que bruits tirés d’articles de journaux de 1908 qui publièrent des lettres pour le moins suspectes de Faure à sa maîtresse, des lettre dont personne n’a jamais vu les originaux. Légère preuve, pour le moins, et tellement incohérente. Quel drôle de chef de l’état que celui qui confie à sa maîtresse ses projets de coup d’État et surtout à une maîtresse qu’Adrien Abauzit nous présente, à juste titre, comme liée à la famille d’une des grandes figures dreyfusardes : Scheurer-Kestner. Il est vrai que Déroulède tenta cela, à plusieurs reprises, mais qu’à chaque fois Faure le renvoya à ses poèmes composés au clairon. Citons un extrait du Journal de Faure, qu’Adrien Abauzit aurait dû lire : « Ces gens-là [les nationalistes] se figurent toujours qu’il est possible à un républicain de trahir la République. Ce sera peut-être une occasion de montrer au pays ce que valent les soi-disant patriotes et d’en finir une bonne fois. » Voilà un factieux bien peu motivé !

27’33. Un  peu de bon sens enfin… chez Lesquen… Bien sûr que tout cela est pour le moins emballé…

27’44. « Il n’y a pas de que Déroulède qui le dit ». Adrien Abauzit dit encore n’importe quoi. Déroulède n’a jamais dit cela, en aucun temps et nulle part…

27’46 Et la lettre sur laquelle revient Adrien Abauzit ne prouve pas plus… Je recommence ? Un Président de la République qui confie à sa maîtresse ses projets de coup d’État et à une maîtresse liée à la famille d’une des grandes figures dreyfusardes : Scheurer-Kestner… Un peu de sérieux, voyons… Et cette lettre n’a pas été « retrouvée » : elle a été publiée par un journal et personne n’en a jamais vu l’original !!!

28’. « Félix Faure allait s’opposer à la révision de l’affaire Dreyfus ». Eh ! non ! Npus savons grâce aux notes de Le Gall, son chef de cabinet, que tout antidreyfusard qu’il était, Faure était partisan de « la révision prompte et complète ». Et puis soyons sérieux : le pouvoir qui était le sien en tant que président de la République ne lui permettait pas de « s’opposer » à la révision. Il existe en France un truc qui s’appelle la séparation des pouvoirs…

28’54. Il est pénible d’entendre Adrien Abauzit étaler ainsi sa méconnaissance du sujet sur lequel il joue les spécialistes. Dreyfus n’a jamais demande de grâce… On la lui a proposée et il l’a acceptée en se rendant aux arguments de son frère. Adrien Abauzit, qui n’a rien lu ou presque, aurait pu se tourner vers Cinq années de ma vie ou vers les Carnets de Dreyfus dont est extraite la citation qui suit : « Le 12 septembre, à 6 heures du matin, mon frère était dans ma cellule. Il me dit que le gouvernement avait décidé, dans la journée du 11 septembre, de me gracier, sur la proposition du général de Galliffet. Seulement le président du Conseil, Waldeck-Rousseau, et ses collègues, se trouvaient arrêtés par mon pourvoi devant le tribunal de révision militaire dans leur dessein de mettre immédiatement leur projet à exécution. / Je fus d’abord résolument hostile à cette idée, car je n’avais soif que de justice. Mais mon frère me fit valoir, d’une part, l’effet considérable que produirait une grâce le lendemain d’une seconde condamnation inique, d’autre part, l’inutilité de mon pourvoi de pure forme. En effet, alors même que mon pourvoi eût été admis, le conseil de guerre, devant qui j’aurais été traduit, n’aurait statué que sur le vice de forme qui aurait été relevé dans le jugement, et cela, sans entendre de témoins, sans m’entendre moi-même. Mon frère me fit, en outre, valoir mes devoirs vis-à-vis de ma femme, de mes enfants, des miens. J’étais, à la vérité, totalement épuisé par cinq années d’atroces tortures physiques et morales, et je voulais vivre pour remplir jusqu’au bout mon devoir, pour poursuivre la révision légale de mon procès. »

29’05. Faure n’aurait pas gracié. C’est de la voyance ! Bien sûr qu’il aurait gracié. Et pourquoi ? Parce qu’il était, on l’a dit, partisan de la révision, et qu’il fallait absolument en finir avec l’Affaire. Et pourquoi fallait-il en finir ? Parce que c’était le seul moyen de pouvoir voir se tenir tranquillement l’Expo universelle et, surtout, parce que cette grâce était le premier acte de la loi d’amnistie à venir qui serait la protection de l’état-major, la maîtrise définitive de l’incendie et la manière de contenter une population qui majoritairement n’en pouvait plus de cette affaire !

41’25. Dreyfus a fait des aveux… Non !!!… On y reviendra…

42’32. Dreyfus aurait fait des aveux pour avoir des circonstances atténuantes qui auraient permis de le disculper. Une semaine après son procès et le verdict de condamnation ? Mais enfin… Dreyfus n’était pas un âne et s’il avait eu cette idée, on peut croire qu’il les aurait fait ces aveux AVANT son procès. Mais Dreyfus n’a pas fait d’aveu. On y reviendra…

43’40. Les morts mystérieuses favorables au projet dreyfusard… Et le lieutenant-colonel Henry ? et le commandant Bayle, dreyfusard de la première heure, décidé à témoigner de sa conviction et, cavalier émérite, mort d’une chute de cheval ? Et Zola ?

45’40. Dreyfus aurait donc avoué. Mais avant revenons sur d’Attel à peine évoqué. Parce qu’il avait été témoin des « aveux » il aurait été assassiné. D’Attel est mort le 1er octobre 1895, à un moment où l’Affaire est morte, classée, où les fameux aveux dont il a été question très peu de temps dans la presse, au jour de la dégradation, sont oubliés. Quel intérêt pour la famille Dreyfus, pour Bernard Lazare, qui sont à ce moment les seuls dreyfusards de l’assassiner ?

Maintenant Chaulin. Il aurait été assassiné à la fin de juillet 1898, sept mois après avoir dit que Lebrun Renaud lui avait confié que… Pourquoi si tard ? Et pourquoi ne pas avoir assassiné Lebrun, plutôt, ou Peyrolles, Guérin, Anthoine, de Mitry, Risbourg, Bernard qui comme Chaulin avaient été les confidents de Lebrun Renaud ou de d’Attel ?

Et je veux bien qu’il y ait eu des aveux. Mais pourquoi – ce que ne nous dira pas Adrien Abauzit – Lebrun Renaud, juste après la dégradation, et donc normalement après avoir entendu Dreyfus avouer, en consignant son service, les heures d’arrivée et de fin, se contenta, dans la colonne « observations », de porter un simple : « Rien à signaler » ? Curieux, après avoir reçu des aveux… Et pourquoi le commandant Guérin, qui avait été mis à disposition du général Darras pour la parade, et qui, ayant pourtant reçu les confidences de Lebrun Renaud, faisant à son tour son rapport au général Saussier, se contenta d’écrire dans son télégramme : « Parade terminée, Dreyfus a protesté de son innocence et a crié : Vive la France ! Pas d’autre incident » ? Curieux encore… Et pourquoi, s’il y avait eu aveux, l’état signalétique de Dreyfus, qui avait été donné pour publication au Matin daté du 5, concluait toute l’affaire d’un simple : « Dreyfus n’a exprimé aucun regret, fait aucun aveu, malgré les preuves irrécusables de sa trahison ; en conséquence il doit être traité comme un malfaiteur endurci tout à fait indigne de pitié » ?

45’58. Lebrun Renaud n’a jamais été menacé. Jamais !

47’47. Ce qu’aurait dit Dreyfus au sujet de l’Alsace qui aurait été mieux sous domination allemande. Ces propos, dont se souviendra Lebelin de Dionne bien tard sont un témoignage de circonstance… Pourquoi, sinon, en 1894, quand Dreyfus lui demanda de bien vouloir témoigner en sa faveur, Lebelin, refusant, ce contenta de dire que « le meilleur témoignage qu’il pût apporter » était les notes qu’il lui avait données… Si Dreyfus lui avait dit cela quelques années plus tôt, il n’est pas douteux qu’il lui eût fait une autre réponse et qu’il serait venu témoigner pour édifier les juges militaires !!!

48’55. Krantz… Il n’a pas été empoisonné mais victime de casseroles mal rétamées. Et comme le dit Lesquen, il n’était plus ministre et ne le serait plus… Pourquoi donc essayer de le faire disparaître à un moment où il n’était plus gênant ? Parce qu’il était antidreyfusard ? Comme l’essentiel des députés et des sénateurs ? Soyons sérieux !

50’. Une série d’assassinats de gens gênants pour la cause dreyfusarde… Mais rien n’est prouvé ici. Ce ne sont que des hypothèses, des conjectures pour lesquelles pas le moindre début de preuves ne peut être avancé. Un a été retrouvé mort dans un compartiment, l’autre écrasé par un train, un autre pendu à sa fenêtre… Assassinats… Où sont les preuves ??? Aucune. En revanche, qu’en est-il du faussaire Henry, qui n’intéresse pas Adrien Abauzit, retrouvé dans sa cellule, la gorge tranchée, un rasoir fermé dans sa main gauche, lui qui était droitier ????

50’18. Encore une appréciation au petit bonheur : le témoignage de Chaulin-Servinière aurait pesé lourd devant la justice. Allons donc ! Le témoignage de celui auquel quelqu’un a dit que ? Et l’état-major avait déjà su convaincre Peyrolles, Guérin, Anthoine, de Mitry, Risbourg, Bernard pour venir appuyer le témoignage de Lebrun Renaud. Celui de Chaulin n’aurait été qu’un de plus…

50’25. Adrien Abauzit équilibriste. Il est passionnant de l’entendre dire que les députés ne mentent pas… Les auditeurs de Lesquen, doivent, comme lui, trouver cette sortie curieuse… Mais attention, nous dit Adrien Abauzit : ce n’étaient pas les mêmes à l’époque… Mais a-t-il oublié de ce qu’il a dit à leur propos, il y a quelques dizaines de minutes, quand il évoquait – mal – l’affaire de Panama… Il est étonnant, vraiment, Adrien Abauzit…

53’08. Adrien Abauzit bricoleur. Là on atteint tout simplement au scandale : « il n’avait pas trouvé devant ses juges le cri de l’innocence. » Adrien Abauzit faire dire à Léon Blum ce qu’il n’a pas dit. Blum n’a pas dit que Dreyfus n’avait pas su se montrer innocent. La phrase n’est pas à comprendre du côté de Dreyfus mais du côté des juges… Quand on donne la citation complète, sans coupe « avantageuse », on comprend. La citation complète est : « Comme il était parfaitement simple, qu’il manquait de prestige, de panache et d’éloquence, il n’avait pas trouvé devant ses juges “le cri de l’innocence”, il ne trouva pas grâce auprès des mondaines… »

53’40. Adrien Abauzit peut dire que Paléologue est un fourbe mais ne le connaît pas… Quand Lesquen lui parle de l’ambassadeur de Russie de 14, « un Paléologue », il ne trouve à dire qu’un « d’accord ». S’il connaissait son dossier et les hommes sur lesquels il porte un jugement, il saurait que c’est le même !

45’40. « Dreyfus avait l’âme d’un traitre ». Difficile de discuter ici la considération de Lesquen qu’inspirent ses croyances les plus anciennes et les mieux accrochées. Le « c’était en tout cas un mauvais comédien » doit être commenté… Dreyfus n’était pas un mauvais comédien parce qu’il ne jouait pas la comédie. Mais était un personnage discret, peu flamboyant certes, pudique, modeste. Il suffit de le lire – ce que n’a pas fait Adrien Abauzit – pour le voir. Mais surtout il pensait – à tort peut-être, mais telle était sa volonté – que seule la raison devait être ici convoquée : « Je croyais que la raison en des affaires semblables, où les entraînements du cœur ne sauraient apporter aucune explication, aucune atténuation, devait être le seul guide du juge. Qu’on cherche à apitoyer quand on est fautif, cela se conçoit, puisque, dans certains cas, le cœur excuse bien des erreurs. Mais, ici, l’on avait affaire d’abord à un innocent, ensuite l’on jugeait un crime abominable que rien ne saurait excuser et on s’étonne que cet innocent n’ait pas cherché à émouvoir les juges ! Je n’avais qu’un devoir : faire appel à la raison et à la conscience des juges. »

57’36. « Je ne creuse pas comme j’ai creusé là ». On va voir à la suite – s’il développe le même propos que dans son livre (je rappelle que je commente au fur et à mesure de l’audition) – comment Adrien Abauzit creuse….

57’56. La pièce « trouvée » par Yves Amiot. Une blague encore dont on va reparler à la suite, sans aucun doute.

58’23. La pièce « trouvée » par Yves Amiot dont il n’a jamais entendu parler dans les livres « dreyfusards ». Pour soutenir cela avec autant d’assurance, il faudrait qu’Adrien Abauzit ait lu les livres dreyfusards, ce qu’il a à peine fait. Il a lu un peu le Bredin, un peu le Reinach, un peu du dernier Pagès et un peu plus du Thomas… et c’est tout… S’il avait plus lu, il n’aurait pu dire cela, puisqu’on la trouve en 2014 dans le livre d’Oriol. Il est vrai que cette pièce a été peu discutée, et si elle a été peu discutée ce n’est parce qu’elle est « gênante », c’est juste parce que, comme on le verra, elle est bien peu intéressante et dit précisément le contraire que ce qu’Adrien Abauzit y voit.

58’38. La « dépêche Panizzardi charge supplémentaire contre Dreyfus ».

58’46. Ça commence mal. La dépêche n’est pas du 5 novembre mais du 2 !!!

59’45. Adrien Abauzit ne dit pas tout et truque l’information. Il y eut en effet deux traductions à quelques jours d’écart mais qui n’ont rien de bizarre. Si Adrien Abauzit avait travaillé et s’il ne dissimulait une partie de l’information, il aurait dit que si la première traduction du télégramme dit en effet : « Capitaine Dreyfus arrêté. Le ministère de la Guerre a eu les preuves des révélations offertes à l’Allemagne. / La cause est instruite avec le plus grand secret. / Du reste, l’émissaire est prévenu », le dernier segment, celui qui prouvait la trahison (« Du reste, l’émissaire est prévenu ») était donnée comme incertaine (« on est pas sûr des derniers mots » ; on peut voir l’original en suivant ce lien : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/. C’est parce que cette traduction n’était pas sûre qu’il y en eut une seconde. Maintenant, si veut bien y réfléchir, soupçonner les Affaires étrangères d’avoir tenté de truquer le dossier Dreyfus pour le disculper, au lendemain de l’arrestation de Dreyfus est d’une rare stupidité. Qui à ce moment, et surtout dans les ministères, aurait pu tenter cela ? La culpabilité de Dreyfus était quasi un postulat et tout le monde se précipita dans cette croyance donnée comme réalité par le ministre de la Guerre. Et si tel avait été le cas, c’était pour le moins raté puisque Dreyfus sera condamné !!! La seconde chose qu’Adrien Abauzit aurait dû dire, c’est d’où vient la première version du télégramme qu’il cite. Comment la connaît-il puisque, comme il le dira un peu plus loin, elle n’a pas été conservée ? Quand au printemps 1898 l’état-major chercha le télégramme à la Section de Statistique, elle ne le trouva pas, en effet, comme le dira plus loin Adrien Abauzit. On demanda alors à l’obéissant Du Paty de Clam d’en donner le texte qu’il avait à peine vu et restitua celui que vous avons donné (avec la prudence sur les derniers mots relatifs à l’émissaire). Cela posait un problème du coup puisque la seule chose qui y incriminait Dreyfus était donnée comme douteuse… Et Gonse le raconte d’ailleurs lui-même : « les officiers du Service des renseignements ne pouvaient pas davantage reconstituer ce texte ; j’eus l’idée d’en parler au colonel Du Paty, qui venait quelquefois dans mon bureau ; celui-ci, recueillant ses souvenirs, me donna, de mémoire, un texte qui se rapprochait sensiblement du premier texte communiqué au colonel Sandherr par les Affaires étrangères. Je l’écrivis sous sa dictée, mais je ne considérais ce texte, à aucun titre, comme authentique ; un texte, écrit ainsi de mémoire, à distance des événements, n’avait à mes yeux qu’une valeur absolument inférieure. » C’est pour cela qu’il tenta, sans succès d’en obtenir copie. Mais s’il ne put en avoir copie (pourquoi les Affaires étrangères la lui aurait-il donnée ?), il en eut, en revanche, le texte et à trois reprises. Paléologue, qu’Abauzit ne cite que quand ça l’arrange, la raconte : il l’avait donné au moins TROIS fois à Henry, second de Gonse, (« au mois de septembre ou d’octobre » 1897, le 17 novembre 1897 et à « diverses reprises » encore « pendant l’hiver 1897-1898 »)… En dissimulant une partie de l’histoire, on peut tout dire et toute faire dire…. Drôles de méthodes. Maintenant, cela dit, il n’y a qu’Adrien Abauzit et quelques-uns de ces prédécesseurs qui voient dans cette pièce ce qu’ils veulent y voir. Dommage qu’Adrien Abauzit se garde de donner cette citation de Mercier, le principal accusateur de Dreyfus et idole antidreyfusarde : « 24 ou 48 heures après la décision prise en conseil de cabinet de déférer Dreyfus à la justice militaire, on m’apporta de la part du ministère des Affaires étrangères la traduction d’un télégramme adressé par B à son chef hiérarchique ; cette traduction était-à peu près conçue ainsi : “Dreyfus arrêté, précautions prises ; prévenu (ou prévenez) émissaire”. On me donna en même temps avis que la traduction de la fin de ce télégramme était incertaine ; un ou deux jours après, je reçus du ministère des Affaires étrangères une nouvelle version de cette traduction, à peu près ainsi conçue : “Dreyfus arrêté, si vous n’avez pas relations, démentez officiellement pour éviter polémiques.” En conséquence, je donnai l’ordre de ne tenir aucun compte de ce télégramme et de n’en faire aucun usage dans le cours du procès : cet ordre fut exécuté.

1.01’06. Les deux traductions disparues du fait de Picquart. Quelle preuve ? Aucune. Pourquoi encore Adrien Abauzit ne cite-t-il pas Gonse ? « Au mois de mai 1898, le ministre de la Guerre, M. le général. Billot, prescrivit de réunir, en un dossier unique, tous les documents, tous les renseignements, toutes les pièces, en un mot, secrètes ou autres, que le Service des renseignements pouvait posséder au sujet de l’affaire Dreyfus. En faisant ce travail, la dépêche dont il vient d’être question me revint à la mémoire, et j’en demandai le texte au colonel Henry. Il me dit ne plus l’avoir ; le colonel Sandherr n’en n’avait pas laissé de traces. »

1.01’52. Le refus de transmettre le télégramme. Plutôt que de jouer les mystérieux et les accusateurs, pourquoi Adrien Abauzit ne cite-t-il pas ce qui doit être cité ? Le général Billot en donnera l’explication suivante : « J’ai cherché à obtenir, des Affaires étrangères, le texte même du télégramme, et mon collègue, en vertu de son droit, m’a répondu que c’était une affaire d’État qui avait été réglée, et qu’elle ne pouvait faire l’objet communications personnelles, si confidentielles qu’elles puissent être. »

1.02’21. Encore une fois Adrien Abauzit, plutôt que de dire n’importe quoi, devrait lire Paléologue qu’il cite quand ça l’arrange… Paléologue explique que ce refus de transmettre le document était une question de règle, qu’il y avait des procédures à suivre et qu’il avait d’ailleurs dit à Henry que, sur communication d’une simple lettre officielle, il lui en délivrerait un duplicata. Mais peu importait, d’ailleurs, ajoutait-t-il, puisqu’il lui en avait dicté quelques mois plus tôt le texte, comme on l’a dit précédemment.

1.04’21. Le télégramme n’est pas de l’écriture de Panizzardi ! Sans doute, même s’il ne l’a pas vu (comment peut-on être aussi affirmatif à propos de quelque chose qu’un ne connaît pas)… Mais quoi qu’en dise Dutrait-Crozon, rien ne nous dit que l’attaché militaire allait lui-même poster ses télégrammes.

1.05’20. Les mentions manquantes sur le document… Peut-être, mais nous n’avons pour cela que le témoignage de Cuignet. Il n’empêche que celui que nous connaissons porte les mentions disparues… (reproduit dans https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/.)

1.06’10. Ce que devrait dire Adrien Abauzit c’est que cette deuxième version du télégramme, nouveau faux dreyfusard pour tout notre petit monde, Cuignet l’avait lui-même, officiellement, certifiée le 27 avril 1899 !

1.07’42. Lazare corrupteur… Témoignage de Bouton et de Rochefort. Voir https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-morts-mysterieuses-et-autres-crimes-petit-dernier-dadrien-abauzit/.

1.19’09. Le coup de la réhabilitation volée par la Cour de cassation. Oh ! que non § Il suffit juste de savoir de quoi on parle. Voir https://affaire-dreyfus.com/2021/04/21/laffaire-dreyfus-nouvelle-replique-au-camp-dreyfusard-par-adrien-abauzit/ (le passage correspondant aux pages 15-18).

1.24’00. Esterhazy lié aux Rothschild aurait fini sa vie dans l’aisance en Angleterre. Pour commencer Esterhazy n’a pas fini sa vie dans l’aisance en Angleterre…Il y flirta assez souvent avec la misère et trouva de ces nouvelles petites combines dont il avait le secret pour joindre les deux bouts. Concernant les Rothschild, il ne fut pas lié à eux mais, grâce à son ami Weil, reçut une fois une aumône d’Edmond… Malin cet Esterhazy qui « tapait » du côté israélite tout en collaborant régulièrement à La Libre Parole.

1.24’36. Esterhazy mythomane, certes mais agent dreyfusard non bien évidemment. Inutile de discuter de cela ici qui est le fond de commerce de nos modernes antidreyfusards ; la chose a été faite ailleurs… Maintenant, quand même, interrogeons-nous. Admettons qu’Esterhazy ait été un agent dreyfusard. Si j’ai bien compris, il aurait donc accepté, contre la forte somme, d’endosser la paternité du bordereau pour sauver Dreyfus. Mais quelle était l’idée ? Qu’une fois Dreyfus condamné, l’attention soit portée sur lui, qu’il soit dénoncé et jugé ? Si telle elle était, Esterhazy devait être condamné, sinon la stratégie était pour le moins curieuse. Donc, Esterhazy avait accepté de courir le risque d’aller remplacer Dreyfus à l’île du Diable ? Il aurait touché la forte somme, certes, mais n’aurait pu guère en profiter… Drôle de stratégie vraiment… Ah mais non parce qu’il aurait défendu l’idée d’un bordereau écrit sur ordre… Bien sûr. Et c’est ce qu’il fit, le problème c’est que personne n’y crut… Il serait donc parti à l’île du Diable… Seulement les choses ne se passèrent pas ainsi : il fut acquitté… pour remplir son rôle et mériter son salaire, il avoua donc avoir fait le bordereau, sur ordre, etc… Mais il le fit au moment où la révision était déjà engagée et ses déclarations furent sans effet… Sacrée stratégie qui aboutira à une nouvelle condamnation de Dreyfus… Il faudrait être un peu sérieux…

1.25’40. Léon Bloy. Adrien Abauzit dit qu’il faudrait qu’il creuse. Oh ! il n’y  a pas besoin de creuser bien loin… Mais on ne peut pas tout savoir, ni sur Bloy, ni sur l’Affaire…

1.26’30. Des pages « hilarantes » de  Péguy… Adrien Abauzit critique littéraire n’est pas très au point. Et quant à la balle dans le  dos  que mériterait Jaurès, j’aimerais bien savoir où Péguy aurait écrit cela… Je ne connais que « Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès » qui n’est pas exactement la même chose. Fusiller dans le dos, c’est du Maurras cela, pas du Péguy… Comme toujours (et sauf erreur de ma part), nous sommes toujours dans la plus parfaite approximation…

1.29’28. Cailllaux.

Allez nous arrêtons….

L’affaire Dreyfus. Morts mystérieuses et autres crimes… petit dernier d’Adrien Abauzit

Adrien Abauzit, dont nous parlions ces jours derniers, vient de publier un nouvel ouvrage. Dreyfus coupable et les dreyfusards criminels !!! On en lira le compte rendu : ici

Adrien Abauzit et la révision de l’affaire Dreyfus

Adrien Abauzit vient de publier un 3e volume pour dire la culpabilité de Dreyfus. Comme toujours, aux termes de l’article 2 de nos statuts (« Cette association, à vocation scientifique, se veut animée par un esprit de vigilance à l’égard de la vérité historique ») nous y répondrons… Quelques jours de patience encore… Dans l’attente, voici une petite réfutation d’une de ses dernières vidéos : ici.

 

Adrien Abauzit à propos de le vidéo de Nota Bene sur l’affaire Dreyfus

26’13. Adrien Abauzit « ajoute que toute personne qui n’a pas lu ces milliers de pages et qui n’a pas examiné ces centaines de pièces n’est pas compétente pour parler de ce sujet ». Le problème si ce si Adrien Abauzit a lu – ou tout du moins le prétend – les procédures publiées par la Ligue des droits de l’homme à l’époque de l’Affaire, il n’a lu que ça. Il n’a pas vu la centaine de cartons du fonds de la Cour de cassation, la centaine de cartons de l’Outre-mer sur la déportation de Dreyfus, ceux des Archives nationales et de la Préfecture de police, les papiers de Joseph Reinach, de son frère Salomon, de la famille Dreyfus, de Scheurer-Kestner, de Havet, de Paris, de Poincaré, de Monod, de Zola, etc. etc. pas plus qu’il n’a lu les quelques centaines de volumes parus sur l’Affaire qui défendent un autre point de vue mais qu’il faut avoir lu pour pouvoir s’affirmer compétent sur le sujet. Et nous sommes d’accord : « l’avis des personnes qui n’ont pas fait ce travail-là, ne vaut rien. »

28’16 « tout cela a été prouvé par A+B dans L’Affaire Dreyfus entre farces et grosses ficelles. » Oh que non ! voir : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

29’4 : le « colonel » Picquart. Ça commence mal : le COMMANDANT Picquart !

30’-31’6. C’est vrai que les hommes de l’état-major ont conclu que l’auteur du bordereau ne pouvait être qu’un stagiaire et qu’un artilleur. Mais sur ce dernier point ils se trompaient, et c’est cela qu’il faudrait dire : Trop d’approximations dans le vocabulaire, trop d’impropriétés auraient dû leur sauter aux yeux – et surtout à ceux de Matton qui était artilleur ; comme elles auraient dû interpeller le général Mercier, artilleur lui aussi. Un artilleur, en effet, maîtrise le vocabulaire de son arme. Il n’aurait donc jamais parlé de « corps » mais de « régiment », du « 120 » mais du « 120 court de campagne », de « conduite » de la pièce mais de « comportement », de « frein hydraulique » mais de « frein hydropneumatique », de « manuel de tir de l’artillerie de campagne » mais de « manuel de tir d’artillerie de campagne ». Enfin, un artilleur n’aurait pas dit que le projet de manuel de tir était « extrêmement difficile à se procurer » puisque ce projet de manuel avait été envoyé à plus de trois mille exemplaires aux régiments et qu’il était, par exemple, en 1894, en deux exemplaires à la libre disposition des officiers à l’État-major. Et pourquoi cette erreur ? Ne peut-on imaginer qu’il y eut plus que les écritures, qui se ressemblaient en effet ? De l’antipathie pour Dreyfus et aussi un très léger préjugé ? C’est le commandant Bertin-Mourot qui attira l’attention sur Dreyfus, qu’il détestait, qui en parla au lieutenant-colonel d’Aboville qui à son tour en parla au général Fabre. Bertin, d’Aboville et Fabre qui ont la particularité – coïncidence sans doute – d’être tous trois antisémites !

31’3. « La religion de Dreyfus n’est absolument pas en cause d’un point de vue judiciaire. » Judiciaire ? Mais Adrien Abauzit est avocat et il connaît l’affaire Dreyfus, non ? Comment peut-il parler de « judiciaire » puisque l’enquête judiciaire n’était pas ouverte et qu’elle le sera un 10aine de jours plus tard. Il s’agissait alors d’une enquête interne, non officielle, et les deux « experts » appelés alors à se prononcer sur l’écriture étaient deux militaires sans compétences particulières sur la question : les commandants Picquart (eh oui !) et Du Paty de Clam !

31’16. « Il n’a jamais été prouvé qu’il y eut un seul officier de l’armée française antisémite lors de l’affaire Dreyfus » ! Et Adrien Abauzit ajoute à la suite qu’il n’y en eu qu’un : Cordier, devenu un vilain Dreyfusard ! C’est presque trop facile…. Je pourrai là citer une 50aine de noms et donner les textes qui prouvent qu’Adrien Abauzit erre tout à fait. Je donnerai juste exemple, celui d’un général qui, le 29 juin 1907 au cours d’un événement monstre organisé par l’AF dénoncera les puissances juive et franc-maçonne et appellera de ses vœux la création d’une « patrie juive » qui permettrait de délivrer les « nations aryennes » de « l’ulcère juif ». Son nom ? Le général Mercier, ministre de la Guerre quand fut arrête Dreyfus ! Adrien Abauzit dira sans doute qu’en 1907, les choses n’étaient pas pareilles ou je ne sais quoi. Je vais donc revenir à 1894 et je pourrai citer et donner les preuves concernant Bertin, d’Aboville et Fabre, parler des généraux Lebelin de Dionne et Bonnefond, Delanne aussi qui avait dit ne pas vouloir de juifs à l’état-major, parler de Sandherr, de Gonse, de Pellieux, de Du Paty, et de tellement d’autres ! On pourrait compter le nombre d’officiers d’active ayant souscrits aux listes antisémites du monument Henry, de la médaille Mercier ou de la souscription Grégori. On pourrait même, et ce serait amusant, se souvenir de Picquart qui, en charge des stagiaires à l’arrivée de Dreyfus l’avait placé, parce que juif, « à une section qui n’avait pas à s’occuper de choses secrètes » et qui, lors d’un voyage de l’école de guerre, quelques mois plus tôt, l’avait tenu, avec un autre élève juif à l’écart des autres élèves : « J’avais mis exprès les deux Juifs ensemble » dira-t-il… C’est ce que dira un des tenants de l’accusation, Gribelin, à son propos : « Il affichait même des idées antisémites très avancées, à tel point que, lorsqu’un secrétaire ou quelqu’un d’autre orthographiait son nom Picard, il lui faisait des observations, en disant qu’il ne voulait pas être pris pour un juif. »

31’42. La citation de Cordier… Cette citation est une reprise par Cordier de ce qu’avait dit Roget lors de l’enquête de la Cour de cassation. Il le dit d’ailleurs : « M. le général Roget lui-même a bien voulu dire dans sa déposition devant la Chambre criminelle que j’étais même un antisémite d’un genre particulier, que j’avais été antisémite alors qu’il n’y en avait pas encore ». La citation suffira mais donnons quand même celle de Roget : « Le lieutenant-colonel Cordier que je connais beaucoup — c’est mon camarade d’école — a toujours été un antisémite enragé, dans un temps où il n’y avait pas d’antisémites. » Où il n’y avait pas d’antisémite… Cordier, ou plutôt Roget, ne dit pas, comme le comprend étonnamment Adrien Abauzit, qu’« il n’y avait pas d’antisémites à l’état-major » mais – il s’agit d’une figure de style ! ; il existe des antisémites depuis l’Antiquité – qu’il était antisémite depuis longtemps et même avant l’essor qu’avait connu l’antisémitisme à partir de 1886 et de la publication de La France juive.

32’25. La réponse embarrassée de Cordier. Il suffit de se reporter au procès de Rennes, tome 2, p. 551-552 pour voir que ça réponse n’était pas embarrassée mais plutôt combattive… Et pourquoi aurait-il été embarrassé puisqu’il avait en effet rejoint le camp dreyfusard et que ce choix il l’assumait en toute tranquillité.

33’02. Bertillon le meilleur dans son domaine. Pas en graphologie, en tout cas, puisque lui-même refusa toujours d’être considéré comme tel et avouait n’y rien connaître et avait bien raison de l’avouer puisque comme l’écriront trois mathématiciens d’importance, Appell, Darboux et Poincaré, consultés sur cette question (expertise de Bertillon et de ses suiveurs) : « Tous ces systèmes sont absolument dépourvus de toute valeur scientifique : 1° parce que l’application du calcul des probabilités à ces matières n’est pas légitime ; 2° parce que la reconstitution du bordereau est fausse ; 3° parce que les règles de calcul des probabilités n’ont pas été correctement appliquées ; en un mot, parce que leurs auteurs ont raisonné mal sur des documents faux. » Et pourtant elle est intéressante sa démonstration. C’est son fameux « Redan », un dessin complexe (on le voir sur internet en tapant « Redan Bertillon »), de forme triangulaire, qui débouchait, à partir d’un losange central qui représentait les « travaux des maculatures machinées à double face », sur deux ouvertures. À gauche, « par les combinaisons d’ouverture et de fermeture des lettres », il se prolongeait en une diagonale à cinq niveaux qui se terminait en courbe et détaillait les caractéristiques matérielles de la forgerie. À droite, « par l’écriture rapide et liée et par suite non déguisée », il débouchait sur un rectangle diagonal qui symbolisait « l’étouffement des a et l’emploi presque exclusif des d à volutes… ». Cette dernière diagonale aboutissait à la « Citadelle des rébus graphiques » qui elle-même débouchait sur l’« Arsenal de l’espion habituel ». Chacune des diagonales étant la représentation graphique d’un des « plan[s] de défense en cas d’attaque ».

33’23. La citation d’Alain Pagès, « historien dreyfusard [sic] ». Adrien Abauzit ne dit pas tout et ne comprend pas bien les textes qu’il cite. Oui Alain Pagès a écrit cela mais quelques pages plus bas, au terme de sa présentation, empreinte d’une constante ironie qu’Adrien Abauzit n’a pas saisie, Pagès parle des « élucubrations », des « inventions » de Bertillon, et, signalant que Mercier avait été un des rares à prendre au sérieux sa théorie, cite un passage où l’ancien ministre fait l’éloge de « l’expert » et conclut par : « On croirait entendre un personnage de L’île des Pingouins. La réalité l’emporte sur la parodie. » Adrien Abauzit devrait lire plus attentivement et lire jusqu’au bout.

34’50. Jeannel aurait reconnu la demande faite par Dreyfus de lui donner, quelques mois avant le bordereau, le manuel de tir. Jeannel a en effet dit cela à Rennes et Dreyfus a dit qu’il se trompait et qu’il confondait deux manuels d’artillerie, le français et l’allemand et qu’il lui avait en effet demandé le second pour un travail qu’il avait eu à faire à la demande de ses chefs et qu’il serait aisé de retrouver. Parole contre parole… Mais qu’importe. La question est de savoir s’il pouvait être utile à un capitaine comme Dreyfus, en termes de besoins et d’agenda… et en effet, Nota Bene a raison, ce manuel ne lui était d’aucune utilité puisqu’un manuel de tir n’est utile que dans les écoles à feu et il avait été décidé que les stagiaires ne s’y rendraient pas.

35’10. Jeannel menacé de mort à cause de son témoignage. Scoop ! Il faudrait qu’Adrien Abauzit livre la source de ce détail inconnu de tous les spécialistes sérieux !!!! Mais je doute qu’il la trouve parce qu’il semble bien qu’il s’agisse-là d’une pure invention…

35’48. Sur quatre experts, trois ont conclu à la culpabilité. En fait, mais peu importe, il y avait trois experts, Bertillon ne l’étant pas officiellement. Et ce qui est intéressant à savoir c’est que Pelletier, qui ne conclut pas à l’identité, avait refusé, à la différence des deux autres, de suivre le conseil qui lui avait été donné de rencontrer Bertillon. Comme Pelletier le dira à Rennes : « Je suis heureux de ne pas m’être rendu chez M. Bertillon, car cette démarche aurait pu me faire commettre une erreur »… Notons aussi, ce qu’oublie Adrien Abauzit, c’est qu’un premier expert avait été consulté, Gobert, qui lui aussi n’avait pas conclut dans le sens de l’accusation. Il avait donc été écarté, et ce qui est amusant c’est que l’étude de Pelletier, le mauvais élève, sera discréditée dans l’acte d’accusation contre Dreyfus ;

Quant à la contraction de la figure de Dreyfus… on a vu argument plus puissant….

36’30 Le dossier secret. Un peu technique d’entrer dans le détail ici. Nous renvoyons à https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

37’22. Le bagne. Enfin nous sommes d’accord !… enfin en partie. Dreyfus n’a pas été envoyé au bagne, réservé aux droits communs. La trahison, crime politique, devait l’envoyer en Nouvelle Calédonie où il aurait dû être libre de ses mouvements et aurait même pu vivre avec sa famille. On fit voter, début 1895, une loi juste pour lui, pour qu’il puisse être envoyé en Guyane, à l’île du Diable où ses conditions de vie furent en effet terribles.

38’10. Le Petit bleu. La encore, nous renvoyons au lien qui démontre en détails combien est fausse et faible la « démonstration » d’Adrien Abauzit dans ses deux petits livres. https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

Mais juste sur ce qu’il dit ici. Pas timbré ? Normal pour un brouillon, non ? puisque le destin d’un brouillon est de préparer la version qui elle sera postée… Et signé par un autre nom que celui de Schwartzkoppen et d’une autre main (un secrétaire par exemple) ? Logique, non ? pour une lettre envoyée à un espion par son employeur. La dissimulation ne s’impose-t-elle pas, d’où l’autre main et l’énigmatique signature « C ». D’ailleurs il suffit d’en lire le texte pour comprendre que le message est codé : « J’attends avant tout une explication plus détaillée [que] celle que vous m’avez donné [sic] l’autre jour sur la question en suspens. En conséquence je vous prie de me la donner par écrit pour pouvoir juger si je peux continuer mes relations avec la maison R. ou non. » Ce n’est pas tant l’écriture ou la signature qui importent que la provenance, à savoir la poubelle de l’ambassade. Et quant à la signature, d’autres papiers provenant de la même source portent ce même « C. »

Quant au coup de la lettre de Macron, coup déjà fait dans de précédentes vidéos, il est amusant mais peu convaincant. Le Petit bleu est un brouillon, et un brouillon est un brouillon, donc une version primitive non envoyée, et ne peut donc être comparé à une lettre postée ; le petit bleu est signé d’un « C » de convention et ne peut être comparé à une lettre signée d’un nom… Cette petite « expérience » n’aurait de valeur que si le Petit bleu avait été présenté comme une lettre envoyée et signée de Schwartzkoppen… C’est tout simplement ridicule… Et si cette petite « expérience » doit suffire à montrer que le Petit bleu est un faux, alors, s’ouvrent d’infinies perspectives dans le grand n’importe quoi…

41’45. Tous les avocats du monde et la preuve qui ne vaut rien. Certes mais ce n’est pas la question. Le Petit Bleu fut le début de l’enquête de Picquart, le document qui lui révéla l’identité d’Esterhazy et dont la valeur venait de sa provenance, la poubelle de l’ambassade allemande. Ce n’est pas le petit bleu qui aurait été produit en justice mais le reste de l’enquête. Cela dit, c’est amusant parce que sur quelle pièce fut condamné Dreyfus ? Un bordereau, non signé, non timbré, déchiré, trouvé dans un endroit qu’on ne pouvait révéler ? Rappelons l’acte d’accusation contre Dreyfus : « La base de l’accusation portée contre le capitaine Dreyfus est une lettre-missive écrite sur du papier pelure non signée et non datée, qui se trouve au dossier, établissant que des documents militaires confidentiels ont été livrés à un agent d’une puissance étrangère. […] La base de l’accusation portée contre le capitaine Dreyfus est une lettre-missive écrite sur du papier pelure non signée et non datée, qui se trouve au dossier, établissant que des documents militaires confidentiels ont été livrés à un agent d’une puissance étrangère. » Amusant non ?

42’55. La falsification du Petit bleu par Picquart. https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/

43’35. « En février 1898, Esterhazy va être […] acquitté ». En janvier, Adrien Abauzit, pas en février. Pas de preuve ? Oh si mais surtout ses aveux : à plusieurs reprises (et non démentis) de fin 1898 à 1901, Esterhazy avouera avoir écrit le bordereau ! Les aveux ont un sens me semble-t-il devant la justice…

43’48. Esterhazy était officier de troupe et les documents du bordereau sont des documents d’état-major. Non et la meilleure preuve en est qu’on lit cette phrase dans le bordereau : « Le ministère de la guerre en a envoyé un nombre fixe dans les corps et ces corps en sont responsables, chaque officier détenteur doit remettre le sien après les manœuvres. » Si le traître était à l’état-major, pourquoi parlait-il des corps sinon parce qu’il en faisait partie. Et quant aux documents secrets de l’état-major qu’Esterhazy n’aurait pu se procurer : du frein hydraulique du 120, canon et frein anciens adoptés depuis plusieurs années, l’Allemagne savait tout depuis 1889 grâce à deux traîtres précédemment condamnés : Boutonnet et Greiner. Tout et même bien plus que la simple question du frein : elle savait tout du 120 court et tout du 120 léger. Canon en service, il avait même été présenté aux attachés militaires étrangers en 1891, présentation dont avait rendu compte la presse allemande… De plus, de nombreuses publications avaient été faites à son sujet et une description complète était à la disposition de tous depuis le 7 avril 1894. Les deuxième et quatrième documents, relatifs aux troupes de couverture et à Madagascar, étaient si peu secrets que plusieurs journaux en avaient largement parlé : le Journal des sciences militaires avait consacré en mai 1894 un article au premier sujet et le Mémorial de l’artillerie de la marine, La France militaire et Le Yacht quelques séries au second, en juin, août et septembre 1894. Le troisième document, relatif aux formations de l’artillerie, était lui aussi si peu secret qu’il avait fait l’objet d’articles dans La France militaire et, mieux même, d’une publication annuelle émanant du ministère de la Guerre. Sujet d’actualité, il avait été aussi au centre de nombreux débats à la Chambre, débats publiés au Journal officiel. Quant au cinquième document, le manuel de tir, si « difficile à se procurer » selon l’auteur du bordereau, il était à la disposition des officiers dans tous les régiments et avait fait l’objet d’une édition autographiée par une société d’officiers de réserve, la Société de tir au canon. À Rennes, le sous-lieutenant Bruyerre racontera même se l’être procuré contre vingt centimes à la presse régimentaire. Il suffisait donc de savoir lire pour pouvoir faire les notes du bordereau. Car il s’agit de « notes » pas des documents eux-mêmes….

44’06. Picquart viré pour qu’il se taise. Nota bene se trompe en effet (ou en tout cas est trop imprécis ici) mais Adrien Abauzit plus encore. On a « viré » Picquart non pas parce l’état-major avait compris que Picquart était en collusion avec les dreyfusards mais parce qu’il fallait qu’il soit le plus loin possible et que cet éloignement était la garantie qu’il arrêterait de mener une enquête qu’il avait d’ailleurs arrêtée. Picquart, parfait militaire, avait accepté de se taire et si Adrien Abauzit avait travaillé sur les archives ou lu les livres qu’il aurait dû lire et n’a pas lu, il aurait pu y voir quelle bonne volonté il mettait à suivre les ordres qui lui avait été donnés de passer à autre chose. Mais pour les hommes de l’état-major, il représentait en effet un trop grand danger… Et s’ils commencèrent en effet à la soupçonner ce n’est que parce que le meilleur moyen de se débarrasser de son chien c’est de dire qu’il a la rage, proverbe connu.

44’22. Les fuites de L’Éclair. En effet les soupçons se portèrent sur Picquart parce qu’il fallait bien que ce dont il était question dans l’article vienne de quelque part. Mais cela dit, il faut ajouter que Picquart, tout à fait rentré dans le rang et encore en poste après la publication de cet article, fera tout pour diligenter une enquête que ses chefs refuseront d’ouvrir. Dans une note à son chef, Gonse, en date du 22 septembre Picquart écrivait que « la Section de statistique n’a aucune existence officielle, et pour prévenir à ce sujet des divulgations gênantes les officiers qui la composent sont tous rattachés à un bureau de l’État-Major de l’Armée ». En conséquence, c’est un « renseignement confidentiel » qu’avait publié L’Éclair, renseignement « de nature à porter préjudice au service de la Section » et qui nécessitait, estimait-il, « de donner un avertissement ». Il demandait donc que des poursuites soient exercées contre le journal. Qu’on perquisitionne à L’Éclair, qu’on saisisse le manuscrit et qu’on traduise l’auteur en justice. Boisdeffre et Gonse préférèrent ne pas donner suite et ce refus n’est pas sans poser de question. Car en effet quand on lit l’article avec attention, on voit bien que s’il pouvait être utile à un camp, c’était avant tout à celui de l’état-major et il est évident aujourd’hui aux historiens de bonne foi que c’est de ce côté-là qu’il vînt. Nous savons aujourd’hui parce qu’ils en ont témoigné qu’il fut retouché par l’antidreyfusard Montorgueil, porté par Lissajoux qui jamais ne voulut révéler sa source. La seule chose que nous savons est que ce Lissajoux avait un grand ami, le lieutenant-colonel Henry, subordonné de Picquart au service du renseignement. Mais nous n’en ferons donc ni un argument ni une preuve.

44’45. Le faux d’Henry pour évincer Picquart. Oh la la, voici une thèse bien nouvelle et bien originale. Il n’en dit pas plus mais on peut commenter rapidement. En quoi une lettre d’un attaché militaire à un autre attaché militaire citant Dreyfus avait trait à Picquart ? Pourquoi ne pas faire pour cela un faux incriminant Picquart ? Non ce faux a été fait pour faire tomber le ministre hésitant (Billot) du côté de l’accusation, ministre dangereux puisque Picquart l’avait informé de sa découverte relative à Esterhazy et qu’il aurait très bien pu le suivre…

45’28. Castro. Adrien Abauzit joue encore un peu avec la réalité des faits et donne des arguments qui ont déjà été vidés. Citons donc Castro au procès Zola : « Oui, Monsieur le Président. J’étais établi à cette époque banquier-commissionnaire près la Bourse de Paris et j’avais eu l’occasion de faire quelques affaires pour le commandant Esterházy. Le commandant Esterházy était en correspondance très suivie avec la maison et je connaissais très bien son écriture ; je la connaissais si bien que, lorsque, le matin, j’avais un courrier important à dépouiller, je reconnaissais l’écriture du commandant même avant d’avoir ouvert sa lettre. Vers la fin du Mois d’octobre de l’année dernière, j’étais sur le boulevard, lorsqu’un camelot passa près de moi vendant le fac-similé du fameux bordereau attribué à l’ex-capitaine Dreyfus. J’ai été saisi en voyant cette écriture ; il me sembla voir une lettre du commandant Esterházy. Je rentrai chez moi extrêmement troublé. Le lendemain matin, j’allai avec mon beau-frère chercher dans le dossier du commandant Esterházy quelques lettres, je fis même quelques comparaisons d’écritures et j’y trouvai en effet une parfaite similitude, je dirai même une identité frappante. »

46’55. Les aveux d’Esterhazy et la révision. Il est impossible de développer ici, cette petite démonstration qui ne dit pas tout et se trompe dans les dates. Nous renvoyons à une partie du dossier déjà cité (on trouvera le passage en faisant une recherche sur « Observer ») : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/replique-au-historiens-dreyfusards-dadrien-abauzit-auteur-de-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-et-reponse-a-sa-reponse/

50’08. Mercier falsificateur, en effet, moins que d’autres (Gonse, Henry, etc.) Mais un parfait menteur oui…

50’45. Les aveux. Non mais là encore la démonstration serait trop longue. On renverra au même dossier et à quelques ouvrages qui prouvent sans discussion possible que ces témoignages furent de circonstances et furent même l’occasion de quelques autres faux fameux. Mais attendons le tome 3…

Adrien Abauzit et sa Nouvelle réplique au camp dreyfusard sur radio Athéna

6’04. Un tome 3. Nous avons hâte.

6’22. « Historiens dreyfusards ». Adrien, il faudrait se concentrer. Un historien qui travaille sur l’affaire Dreyfus ne peut être dreyfusard parce qu’il est historien. Quant aux dreyfusards, il n’y en a plus depuis longtemps…

6’38. L’arme des historiens dreyfusards/républicains/académiques : « l’invisibilisation ». Pas à la SIHAD dont un des objectifs, aux termes de l’article 2 de ses statuts, est : « Cette association, à vocation scientifique, se veut animée par un esprit de vigilance à l’égard de la vérité historique. »

6’44. « Nous nous sommes introduits dans un univers auquel nous n’étions pas conviés ». Non Adrien, la SIHAD a fait le choix de vous introduire uniquement en vertu de l’article 2 de ses statuts. Elle vous a « introduit » comme elle a introduit vos prédécesseurs (voir le blog de la SIHAD).

7’20. « Mes contradicteurs on fait une réplique à ma réplique………. » Une réplique à laquelle il n’a pas cru devoir répondre parce que sa première réplique « se suffit à elle-même ». On la trouvera ici : (https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/replique-au-historiens-dreyfusards-dadrien-abauzit-auteur-de-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-et-reponse-a-sa-reponse/)… Quant à savoir si elle se suffit à elle-même, qu’on lise…

7’54. Les échanges d’Adrien Abauzit ont renforcé l’autorité de son premier livre… Parce qu’en parlant avec lui la SIHAD le crédibilise… La SIHAD n’a pas parlé avec Adrien Abauzit, elle a fait une critique de son livre comme elle le fait pour TOUS les livres qui sont publiés sur l’Affaire et la période (https://affaire-dreyfus.com/les-livres/)

8’12. Syllogisme Abauzitien : Adrien Abauzit ne débat pas avec les gens qui ne sont pas crédibles, la SIHAD a débattu avec lui, donc Adrien Abauzit est crédible… C’est pauvre… Et une nouvelle fois, il n’y a pas débat mais critique d’un livre publié…

8’41. Métaphore abauzitienne : des « steacks qui tombent à l’eau » ?

8’43 « à deux reprises mes contradicteurs reconnaissent que j’ai raison ». Nous ne savons pas à quoi Adrien Abauzit fait allusion et sans doute allons-nous le savoir. Mais si c’était le cas ce ne serait pas un problème. Un historien digne de ce nom est en mesure, dans la controverse, de reconnaître que son « adversaire » a raison quand il a raison.

 9’03 « Je les mets échecs et mat »… Il ne suffit pas, Adrien Abauzit, de dire que les choses sont pour qu’elles soient. Avez-vous réellement lu les deux réponses en question qui vous mettent en totale PLS ? Ces deux réponses comme celles faites (sur ce mode) aux différentes émissions auxquelles vous avez participé montrent surtout que vous connaissez vraiment mal votre sujet…. Le sujet sur lequel vous prétendez apporter la vérité…

9’11… La variation……. Mais de quoi parlez-vous, Adrien ? Quelle variation, quelle obligation de changement de version, sans preuve, sans document ? Sans doute en reparlerez-vous (nous commentons au fur et à mesure de l’écoute)… On verra…

11’03… Son erreur sur le pourcentage d’officier israélites dans l’armée… C’est vrai. La SIHAD la lui a signalée, Adrien Abauzit a corrigé mais pour se tromper une nouvelle fois. Reprenons la dernière réplique de la SIHAD :

P. 33-35. Où nous expliquons à Adrien Abauzit que nous ne lui avons aucunement reproché de refuser de considérer que l’armée était antisémite… pas de réels « nouveaux éléments de réponse » d’Adrien Abauzit si ce n’est une petite modification remarquable. Nous avions corrigé une première fois (dans la critique de son premier ; voir ici) ce qu’avait écrit Adrien Abauzit au sujet du nombre d’officiers juifs dans l’armée. Il avait corrigé dans cette réplique pour se tromper une nouvelle fois : il ne s’agissait pas de 600 officiers, comme il l’écrivait, mais de 300. Lui ayant signalé dans notre réponse, Adrien Abauzit corrige à nouveau dans cette dernière version mais ne veut pas de notre chiffre, indiscutable. 300, ce n’est vraiment pas assez ! Il corrige donc son « 600 » en « plusieurs centaines » ! Et on ne peut lui en faire le reproche : 3, c’est « plusieurs », c’est indiscutable…

11’24. L’erreur à propos de Marcel Thomas. Peu importe qu’Adrien Abauzit ait reconnu et reconnaisse encore son erreur. En revanche les accusations insupportables à son sujet demeurent. Et il ne s’agit pas tant d’une erreur que le la totale méconnaissance du sujet d’Adrien Abauzit. Reprenons la première réplique de la SIHAD :

Comment Adrien Abauzit a-t-il pu écrire dans son livre que Marcel Thomas « ne daigne pas nous expliquer comment il a pu trouver une pièce qui a échappé à Picquart, à Targe, aux magistrats de la Cour de cassation, et j’en passe » (p. 179) quand Marcel Thomas donne en note la cote de localisation de l’original (p. 217 et 558 de l’édition de 1961) ? Que penser de cela ? Comment Adrien Abauzit a-t-il pu écrire qu’il n’a « vu d’allusion à ce document mystérieux sous aucune plume dreyfusarde ou antidreyfusarde » quand Dutrait-Crozon et Reinach (et de nombreux auteurs après eux) en parlent. Reinach renvoie d’ailleurs à une procédure (et plus particulièrement à une déposition de Lauth) dans laquelle il en est question, prouvant que contrairement encore à ce qu’écrit péremptoirement Adrien Abauzit, dreyfusards et antidreyfusards en firent mention dans les débats judiciaires ? Du fait, même, si Adrien Abauzit a lu les procédures, comme il ne cesse de le répéter et nous le redit encore ici (« l’essentiel de mes notes en bas de page provient non d’auteurs dreyfusards ou antidreyfusards, mais des enquêtes et débats judiciaires »), et nous voulons dire s’il les a lues sérieusement, comment a-t-il pu passer à côté de ce long passage de la déposition de Picquart devant le Cour de cassation à l’occasion de la première révision ?
[ici une longue citation du document en question]
Nous avons ici une parfaite illustration de ce que, historiens, nous pouvons reprocher et nous reprochons à un livre d’histoire comme celui que signe Adrien Abauzit : il n’a pas vu la référence du document donnée par Marcel Thomas en note et laisse entendre qu’il aurait pu l’inventer ; il n’a pas lu le passage de Reinach qui en parle et affirme qu’aucun auteur n’en a parlé ; il n’a pas lu le passage de la déposition de Picquart qui en parle et affirme qu’il n’en fut jamais question dans les procédures.

11’33. Marcel Thomas « a codifié la vulgate de l’affaire Dreyfus ». Que dire ? Non, il a écrit sur la question le premier travail d’historien digne de ce nom.

11’40. [Souffrain] « Je démontre ». Non Adrien Abauzit, vous ne démontrez rien. Vous reprenez, sans le travail nécessaire sur les archives, les très discutables ouvrages de Dutrait-Crozon et de Monique Delcroix…

12’03. Les reproches que ferait la SIHAD à Adrien Abauzit sur le fait qu’il ne serait pas historien. La SIHAD n’a jamais reproché à Adrien Abauzit de ne pas être historien mais de ne rien savoir de la méthode historique qui est la garantie d’un travail digne de ce nom ; de ne pas avoir travaillé sur les archives ; de n’avoir travaillé que sur une infime partie du corpus et d’avoir laissé de côté tout ce qui n’allait pas dans le sens de la thèse à défendre ; et, sur cette infime partie, d’avoir mal travaillé.

12’20. L’argument Jean-Denis Bredin. La SIHAD, fondée en 1995, n’a en effet pas rendu compte du livre de JD Bredin paru 10 ans plus tôt. Et elle se fiche que JDB et Adrien Abauzit soient avocats parce qu’elle n’a jamais fait ce reproche au second. Quant au livre de Bredin, c’est un très bon essai historique et littéraire. Ce n’est pas un livre d’histoire.

13’10. Les contradicteurs historiens d’Adrien Abauzit ne sont pas juristes. Et l’Affaire est une affaire de Droit. Soit… L’argument est faible, pauvre (un événement qui est du passé entre par cela même dans l’Histoire) et reviendrait à dire qu’on ne peut donc travailler sur l’armée sans être militaire, sur la culture du blé en Ouzbékistan sans être agriculteur ou ouzbek ou sur les crimes sans être un assassin…

13’10 suite… Le problème c’est que les historiens qui travaillent sérieusement sur un sujet en épuisent tous les aspects ce qu’Adrien Abauzit ne fait ni quand il parle d’histoire ni quand il parle de Droit qui est pourtant sa spécialité à l’en croire. Et puisqu’il reprend son exemple de l’article (« JE CROIS », dit-il) 445 (ça c’est une perle absolue, maître), je recopie ce que dit la SIHAD dans sa dernière réponse :

Malheureux historiens qui ignorent ce que sait l’avocat, à savoir que l’article 111-4 du code pénal affirme que « la loi pénale est d’interprétation stricte ». C’est vrai… seulement c’est oublier l’interprétation téléologique qui permet au juge, quand le texte n’est pas clair, de rechercher l’intention du législateur, d’extraire l’esprit du texte – la fameuse ratio legis – et d’y subordonner sa lettre. Manque de clarté, donc, ou absurdité de l’interprétation littérale. Et c’est justement le cas dans lequel nous nous trouvons avec ce fameux 445, dans le cadre précis qu’est celui de l’Affaire. Expliquons un peu. L’article 445 dit que « Si l’annulation de l’arrêt à l’égard d’un condamné vivant ne laisse rien subsister qui puisse être qualifié de crime ou délit, aucun renvoi ne sera prononcé », autrement dit, si Dreyfus est vivant, et qu’il n’y a pas crime, c’est-à-dire pas trahison, le renvoi devant un nouveau conseil de guerre ne sera pas prononcé. Mais il y a bien trahison. Donc, dans l’absolu, la Cour de cassation ne peut juger au fond, c’est-à-dire casser sans renvoi… Dreyfus est vivant, le crime existe, il y a donc à juger et il doit donc y avoir renvoi… Seulement, le cas qui est le nôtre ici est absurde et ouvre donc la porte à cette recherche de la ratio legis et par conséquent à l’interprétation téléologique. Absurde en effet – s’il est encore nécessaire de l’expliquer – parce les nouveaux juges militaires appelés à se prononcer sur le cas Dreyfus n’auraient pu que, soit entériner purement et simplement l’arrêt rendu par la Cour de cassation qui disait Dreyfus innocent, soit, en ne le suivant pas, condamner un homme dont l’innocence avait été solennellement prononcée par la juridiction suprême. Il est clair, comme l’écrit Baudouin dans son réquisitoire, qu’en « disposant qu’il n’y a pas lieu à renvoi, s’il ne subsiste rien qui puisse être qualifié crime ou délit, le législateur n’a pas entendu se placer à un point de vue abstrait. Il a eu évidemment en vue, comme le texte l’indique, le condamné en faveur de qui la condamnation est ordonnée ». Voilà précisément ce qu’est une interprétation téléologique. N’eût-il pas en effet été absurde de voir Dreyfus jugé pour un crime qu’il n’avait pas commis simplement parce que le crime existait ? Qu’eût été en effet un tel procès où il n’y aurait plus rien à juger sinon le crime ? Voilà donc une bien drôle de manière de discuter en ne donnant qu’une partie de l’information et en l’assurant par la simple affirmation d’une expertise qui, au final, semble plus que discutable.

14’53. Les pièces « bidons » prises pas les historiens « dreyfusards » pour des pièces « importantes ». Le petit bleu. 17’04. Duclert dit que c’est une lettre-télégramme… Adrien Abauzit conteste… Bah non… C’est indiscutablement une lettre-télégramme. C’est même marqué dessus : https://i0.wp.com/affaire-dreyfus.com/wp-content/uploads/2018/11/petit-bleu.jpg?resize=700%2C992&ssl=1… Adrien…

18’. L’argumentation sur le petit bleu. Nous renvoyons aux réponses de la SIHAD sur la question qui montrent la faiblesse de l’argumentation d’Adrien Abauzit et, pour ceux qui les liront, la manière ahurissante qui est la sienne d’en parler ici..

18’13. La lettre Macron… Que dire ? Nous renvoyons aux réponses de la SIHAD qui entrent, sans jouer à des jeux de récré, dans la complexité du dossier. Si quand même… Il faut entendre ici un mot sur cette question. La bibliographie de l’affaire Dreyfus compte des milliers de livres et d’articles qui à quelques rares exceptions considèrent ce petit bleu comme un document probant. Et il aura fallu attendre Adrien Abauzit, 120 ans après l’événement, pour penser cet argument frappant ? Parce qu’en effet, un document non signé, non écrit par le scripteur qui en est donné comme l’auteur et non envoyé par la poste ne peut avoir aucun caractère d’authenticité. Dis comme ça oui. Mais Adrien Abauzit joue ici à l’idiot qui fait l’imbécile en ne retenant, comme il le fait tout le temps, que ce qui sert son propos et oublie de donner la totalité des informations. Le document a été trouvé dans la poubelle de l’attaché militaire allemand, écrit pour être envoyé et finalement jeté, normal donc qu’il ne fût pas posté ; il parle de relations d’espionnage, normal qu’il fût signé d’un nom (une lettre ici, en l’occurrence (« C » d’ailleurs et non « R » comme le dit Adrien Abauzit qui ne connaît guère son dossier) de code… L’écriture elle pose question : un secrétaire ? on ne sait pas… Mais demeure que le document vient de la corbeille de l’attaché militaire, déchiré en menus morceaux, qu’il n’a pas été adressé, et qu’il est du coup évident qu’il est l’œuvre de quelqu’un de l’ambassade….

21’09 voir 13’10…

22’10/23’42… La photo de la plaque Bertillon… Mais avant une parenthèse sur « la France que nous aimons », celle de l’affaire Dreyfus et des couvertures du Petit Journal… Celle de 1898-1899… Quelle France ? Celle des manifestations antisémites de janvier-février 1898 ? Celle de la constitution d’un Groupe antisémite à la Chambre ? Ou au contraire celle de la fondation de la Ligue des droits de l’Homme ? Celle du gouvernement de Défense républicaine ? Celle de l’arrestation des meneurs nationalistes et du procès de la Haute Cour ? Celle de l’amnistie ? Celle du vote de la loi de Séparation des églises et de l’État ?

22’10/23’42… La photo de la plaque Bertillon… Bertillon « autorité suprême » avec notre ami Alain Pagès à la rescousse par une citation qu’il faudrait donner plus largement pour en comprendre l’esprit… Bertillon a été ridiculisé parce qu’il était ridicule et il suffit de voir son schéma explicatif du bordereau (le « Redan ») pour s’interroger sur la solidité de son travail… On le trouve ici :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/14/Diagramme_Bertillon_Dreyfus.jpg
Pour le reste, nous renvoyons aux passages sur le sujet de nos réponses à Adrien Abauzit et aux quelques livres sérieux sur l’Affaire. Et le fait qu’il ait un nom de rue ne prouve pas grand-chose… Que de mauvais poètes en ont une, que de politiques suspects… Et Alfred Dreyfus a les siennes, ainsi que Picquart, Bernard Lazare, etc… Trois hommes que vous considérez, Adrien, comme un traître, son complice et leur employé, tous trois au service de l’Allemagne… Quand allons-nous commencer à être sérieux ?

27’40. Le refus de Bertillon « d’abjurer ». Cette histoire existe en effet et n’a été défendue que par Henriette Dardenne, fille de Cavaignac, et auteur partisane qui a tenté sans grand succès de démontrer la culpabilité de Dreyfus… Une simple assertion qui ne saurait, maître, être une preuve… Un peu comme l’histoire des pieds carrés de Messi (que nous ne comprenons pas bien)…

27’50. Nos méthodes… à nous « historiens dreyfusards »… La violation du principe du contradictoire, autrement la transmission illégale d’un dossier secret… « On se sait pas comment les dreyfusards [en] ont été au courant… » Si la SIHAD l’a dit à Adrien Abauzit qui aurait pu trouver l’information toute seul puisqu’elle est dans les souvenirs de Mathieu, dans les correspondances qu’Adrien Abauzit n’a pas vues et dans les procédures qu’il dit avoir lues et qu’il a lues rapidement (voir 11’24). Mais apparemment, il s’agit de « sophismes »… Demange, l’avocat de Dreyfus, l’avait appris par quatre sources : Develle, Salles, Gibert et Reitlinger.

28’45. Les souvenirs de Mathieu et ses séances avec la voyante Léonie. C’est facile… Citons la dernière réplique de la SIHAD…

Prenons donc cette histoire Léonie. Dans notre réponse, nous tentions – parce que nous sommes opiniâtres – d’expliquer une simple chose à Adrien Abauzit : Léonie a eu une vision puisque Mathieu le raconte, comme il raconte tout dans son livre – la fausse évasion, etc. –, et que vraiment, si cela n’avait pas eu lieu, il n’aurait pas eu grand intérêt à la raconter. Nous ne disions pas autre chose et écrivons clairement que cette histoire de vision est « ahurissant[e] ». De quel droit, et sur quelle base, aurions-nous pu dire que Mathieu mentait ? Nous ne croyons définitivement pas aux visions mais nous n’avons aucune raison de douter de ce que dit Mathieu. Maintenant, écrire ça ne veut pas dire que nous y attachions une quelconque importance et c’est ce qui explique d’ailleurs que Bertrand Joly (qui soit dit en passant écrit une histoire politique de l’affaire, pas une histoire de l’affaire) et Vincent Duclert aient laissé de côté cet épisode dont l’intérêt est pour le moins relatif. Ce que nous disions à Adrien Abauzit, c’est que ce ne sont pas les séances de spiritisme qui permirent à Mathieu Dreyfus d’avoir cette certitude de l’illégalité mais les confidences de quelques-uns que sont Develle, Reitlinger, etc. Adrien Abauzit cite Mathieu qui dit bien qu’il n’insista pas quand Léonie lui fit part de sa vision et qu’il comprit quelques jours plus tard quand Gibert lui fit part de sa conversation avec Félix Faure.
[…] Adrien Abauzit en conclut donc : « Au bout du compte, retenons qu’“après un siècle de recherches, après des milliers d’articles, des centaines de livres, de dizaines de colloques”, personne ne sait comment Mathieu Dreyfus a été mis au courant de la violation du principe du contradictoire au procès de 1894, et par ce fait, de l’existence, du dossier secret. » Mais si, Adrien Abauzit, on le sait, nous vous l’avons expliqué et vous le reprenez p. 83 et le développez en citant Bertrand Joly p. 84. Pensez-vous que vos lecteurs auront oublié d’une page à l’autre ?

31’52 « Croyez-vous en la vision de Léonie ? ». Reprenons la réplique de la SIHAD :

Ayant le sentiment de nous asséner le coup de grâce, Adrien Abauzit modestement triomphe : « Mes contradicteurs, je l’admets volontiers en tant que non-historien, sont bien mieux informés que moi en matière de « suggestion mentale», de « transmission de pensée», ou de possibilité de « voir à distance », dès lors, je crois reconnaître ne pas avoir les armes pour leur répondre sur ce terrain. » Un véritable coup de grâce… Nous nous étions refusés jusqu’alors de faire même une allusion, trouvant l’argument trop facile, à ce qui va suivre… Mais celui qui écrit la phrase qu’on vient de lire est le même que celui qui, dans son premier (p. 347), affirme hautement qu’il « ne crain[t] pas d’écrire que de sa main, [en 1917] la Vierge a repoussé l’envahisseur » et – la démonstration de la réalité du fait n’est pas évidente – qu’il « faut bien croire que les Français de l’époque, ayant vécu ces événements, ont bien assisté à cette intervention de la Vierge, puisque le 9 juin 1924, la commune de Barcy a élevé un petit monument, sur lequel repose une statue de Marie. »

32’12. « Je n’ai lu dans aucun livre dreyfusard, dans aucun, […] ». Il fallait lire plus Adrien : Bredin en parle et Oriol, Histoire de l’affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Paris, Les Belles Lettres, 2014, p. 204-205. Mais un livre qui compte 1489 pages doit être « trop » pour Adrien Abauzit…

32’49. « Mes contradicteurs me disent que je mens ». Non, ils disent qu’Adrien Abauzit ne donne, à son habitude, qu’une partie des infos et « oublie » les épisodes Develle, Salles, Gibert et Reitlinger.

33’. Citation de la SIHAD : « Assurément… Léonie a eu une « vision »… C’est ahurissant mais c’est ainsi puisque Mathieu le raconte ». Conclusion d’Adrien Abauzit sur « l’incapacité de la part des historiens dreyfusards [sic] à faire preuve de recul face à une bouffonnerie ». Reprenons le 28’45.

Dans notre réponse, nous tentions – parce que nous sommes opiniâtres – d’expliquer une simple chose à Adrien Abauzit : Léonie a eu une vision puisque Mathieu le raconte, comme il raconte tout dans son livre – la fausse évasion, etc. –, et que vraiment, si cela n’avait pas eu lieu, il n’aurait pas eu grand intérêt à la raconter. Nous ne disions pas autre chose et écrivons clairement que cette histoire de vision est « ahurissant[e] ». De quel droit, et sur quelle base, aurions-nous pu dire que Mathieu mentait ? Nous ne croyons définitivement pas aux visions mais nous n’avons aucune raison de douter de ce que dit Mathieu.

… surtout quand il raconte une chose aussi ahurissante à laquelle, ainsi qu’il le dit, il n’ attacha pas d’importance. Et la chose nous intéresse parce qu’elle n’indique qu’une chose : que Mathieu, cartésien, était bien désespéré pour entrer dans de telles expériences…

33’. Suite. Notons d’ailleurs, à propos de la voyante Léonie, que nombreux sont les savants du temps – qui tous ont des plaques de rue – qui firent avec elle des expériences… Pierre Janet pour n’en citer qu’un… Voir : https://www.cairn.info/des-savants-face-a-l-occulte–9782707136169-page-125.htm

33’50. « Mes contradicteurs, si sérieux n’est-ce pas, valident n’importe quoi tant que ça va dans leur sens. » Les contradicteurs ne valident rien… Ils disent juste que ces expériences ont eu lieu puisqu’elles sont racontées, qu’elles n’eurent aucune incidence, et qu’il n’est pas très honnête de ne conserver que cette anecdote quand l’histoire de la révélation de l’illégalité eut une autre origine qu’Adrien Abauzit passe sous silence. Et entendre cela de celui qui soutient dans son livre que la main de la Vierge repoussa l’offensive allemande laisse rêveur…

34’41. La nullité de Picquart au procès Zola et les arguments de la SIHAD à ce propos. Cette question a fit l’objet d’un livre entier qu’Adrien Abauzit n’a pas lu… Impossible donc de faire ici une réponse synthétique. Il suffit de lire le livre en question : Le faux ami du capitaine Dreyfus. Picquart, l’Affaire et ses mythes, Paris, Grasset, 2019.

37’26. La dictée. Trop long ici encore. On peut se reporter à

https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/replique-au-historiens-dreyfusards-dadrien-abauzit-auteur-de-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-et-reponse-a-sa-reponse/

et surtout à

https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-nouvelle-replique-au-camp-dreyfusard-par-adrien-abauzit/

41’10. La reconnaissance par la SIHAD du fait qu’Adrien Abauzit a raison au sujet de la « pièce du télémètre ». LOL, comme dirait Adrien Abauzit. De l’art de bricoler les éléments d’un dossier… La chose serait toujours trop longue ici et a déjà été faite.. Voir les deux liens du commentaire précédent…

44’44. « Le délai de deux jours n’a pas d’équivalent ». Personne ne peut affirmer cela, Adrien Abauzit, parce que nous n’avons POUR AUCUNE PIECE de date exacte et fiable de récupération dans la poubelle de l’ambassade d’Allemagne (et par d’Italie, en passant)…

50’. La permission d’Henry, preuve irréfutable… L’argument Lauth… La façon de faire pose question. La SIHAD n’a pas donné, en variation, le nom de Lauth pour s’en sortir… « ah bah ouais non finalement ce n’était pas Henry c’était le commandant Lauth […]. Y a aucune pièce, y a aucune preuve, y a aucun indice… » Présenter les faits de cette manière est une falsification. La SIHAD a écrit : « Déjà, rien ne nous dit que Lauth n’ait pas pu exceptionnellement remplacer Henry pour aller soulager la Bastian de sa récolte… mais à vrai dire la question importe peu. » !!!!!!!!

50’. La permission d’Henry, preuve irréfutable… suite. Cette preuve n’en est pas une. Voir : https://affaire-dreyfus.com/discussions/dossier-consacre-laffaire-dreyfus-entre-farces-et-grosses-ficelles-dadrien-abauzit/laffaire-dreyfus-nouvelle-replique-au-camp-dreyfusard-par-adrien-abauzit/

52’20. La censure de Cuignet… Une fable : voir le lien précédent…

59’44. Amusant Adrien de lire le passage de Chéradame qui parle de complot international après avoir juste dénoncé (prouvant d’ailleurs que vous n’avez pas compris grand-chose à ce qu’est l’histoire) le « complotisme dreyfusard ». Comment dit-on dans la France que nous aimons ? LOL ?

Et d’ailleurs « puissance mystérieuse », « puissance occulte », vous avez compris que Chéradame parle des Juifs ici ?

L’Affaire Dreyfus. Nouvelle réplique au camp dreyfusard par Adrien Abauzit

Adrien Abauzit vient de rééditer l’exploit : écrire sur l’Affaire sur la base d’un corpus minimal dont il ne retient que ce qui « colle » avec sa « thèse », dont il oublie, avec une constance obstinée, ce qui viendrait la contredire et propose au final des interprétations forcées qui feront plaisir à ses lecteurs habituels, ceux qui veulent, parce qu’il le faut, que Dreyfus soit coupable.

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Adrien Abauzit sur Temporium Radio

Cette excellente radio recevait le 20 Adrien Abauzit. Comme toujours, nous rectifions les erreurs, approximations, inventions de l’auteur de L’Affaire Dreyfus, entre vérités et grosses ficelles.

6’50. « Vous avez repris l’intégralité des procès de cette affaire ». Non ! Adrien Abauzit n’a travaillé sur aucune des procédures non publiées et conservées dans divers centres d’archives : il ignore l’instruction Pellieux, l’ instruction Ravary, les deux instructions Tavernier, l’instruction contre de Pellieux ; et encore les procès connexes : le procès Henry-Reinach, le procès Rochefort Valcarlos, le procès des ligues, le procès en Haute-Cour, le procès Grégori. Il n’a pas travaillé sur les ouvrages parus depuis le Bredin et n’a rien vu de la presse de l’époque ou des sources archivistiques pourtant essentielles à la connaissance de l’Affaire.

8’46. L’ouvrage de Bredin… Un des plus récents… Le Bredin est un un essai historique et littéraire plus qu’un livre d’historien date de 1983 ! Il y a 35 ans… Il a paru tellement de livres depuis, et tellement fondamentaux…

10’51. Le « procès Zola dans lequel on voit […] Picquart […] extrêmement en difficulté et en qualité d’avocat je trouve sa défense lamentable. Si malgré le fait qu’il soit si bien entouré, il n’a que ça à se mettre sous la dent, c’est qu’il y a un problème ». Non. Si Adrien Abauzit avait travaillé sur les sources, avait mieux lu les procédures (tout est dit dans la seconde enquête de la Cour de cassation) ou avait lu quelques livres parus depuis le Bredin, il aurait découvert que Picquart ne se défendit pas au procès Zola parce qu’on lui avait fait miroiter, s’il se conduisait bien, un retour en grâce. Et il y crut…

11’58. « Il y a eu un procès Esterhazy en janvier 1898 si ma mémoire ne me fait pas défaut » !!! Comment un auteur qui fait un livre en grande partie sur Esterhazy peut-il ne pas être sûr de la date du procès du personnage en question ?

12’45 Arrêt de 1906 violation du droit. Non. La rédaction de l’article 445 ne ferme absolument pas la porte à une cassation sans renvoi.

17’40. Bastian ne faisait pas sa livraison tous les jours, un mois après avoir récupéré les documents le plus souvent dit l’interviewer. Et Adrien Abauzit de répondre que « ça dépend », « c’est variable ». Non. Elle livrait plusieurs fois par semaine (donc quelques jours après) et la chose est importante parce qu’elle écroule un argument d’Adrien Abauzit à propos d’une pièce.

18’36. Le bordereau indiquait la présence d’une taupe à l’État-major. Non. Ça c’est la thèse de l’accusation (et d’Adrien Abauzit) que rien ne prouve. Le bordereau indiquait qu’il y avait une taupe dans l’armée ! La différence est essentielle…

19’30. L’influence de l’espionne madame Bodson. Il s’agit là d’une pure invention. Si la relation de Dreyfus avec Bodson est avérée, il ne fut jamais dit, par personne et pas non plus par l’accusation, qu’elle fut une espionne. Rien, nulle part, dans aucun document, dans aucune archive, n’évoque de relations d’espionnage de la Bodson.

19’50 Amorçage qui expliquerait le verdict de Rennes à 10 ans. Quelle preuve de cet amorçage ? Aucune. Et si Dreyfus avait « amorcé », n’aurait-il pas dit pour se disculper ce qu’il avait livré, quand, comment ? Et soutenir que le verdict de Rennes pourrait s’expliquer ainsi est une affirmation gratuite qui relève de l’astrologie.

21’. Attention attirée sur Dreyfus parce qu’il fallait passer par tous les bureaux pour avoir les documents du bordereau et que Dreyfus, stagiaire, est passé par ces bureaux. De plus Dreyfus était artilleur et le bordereau ne pouvait avoir été écrit que par un artilleur. Telle est la thèse de l’accusation que nous savons aujourd’hui fausse. Le bordereau contient des approximations de vocabulaire qu’un artilleur n’aurait pu commettre, la phrase sur le manuel de tir prouve (si on veut bien faire attention au texte) que son scripteur n’était pas à l’État-major et les notes fournies par le bordereau auraient pu être par exemple récoltée au camp de Châlons… Où Esterhazy était en 1894.

22’30. La question de l’antisémitisme aux débuts de l’Affaire. L’Affaire n’est pas une machination contre le juif Dreyfus mais la nécessité pour un ministre en péril d’agir vite pour préserver son portefeuille, nous en sommes tous d’accord. Cela dit, il est impossible d’écarter que l’antisémitisme avéré de Fabre et de d’Aboville, que celui de Bertin-Mourot (qui souffla le nom de Dreyfus à d’Aboville) n’ait pas joué.

23’21. « Il faut distinguer la question de l’antisémitisme dans le cadre du contradictoire et des débats judiciaires ; quelle est son importance concrètement dans les faits et après il y a son utilisation à l’extérieur de l’affaire »… Entre le 15 octobre et la fin du mois, l’antisémitisme ne joue pas à l’extérieur puisque l’arrestation de Dreyfus est tenue secrète. Cela dit, si Adrien Abauzit avait lu attentivement le Procès de Rennes qui est une de ses sources, il aurait appris que Mercier envoya d’Aboville, juste avant le transfert de Dreyfus au Cherche-Midi, pour demander au directeur de bien garder le secret de l’arrestation et le mettre « en défiance contre les démarches que tenterait la “haute juiverie” ». De plus, quand, aux derniers jours d’octobre, l’information de la découverte d’un traître fut livrée à la presse, elle le fut par deux hommes de l’État-major, et le fut à un seul journal : l’antisémite La Libre Parole… L’État-major et nul autre que lui fit de l’affaire du capitaine Dreyfus, et ce dès le début, une affaire ou la question juive comme on disait à l’époque avait à y voir.

23’47. L’expert Gobert « pourrait être pour, il pourrait être contre ; il ne se mouille pas trop ». Gobert ne se montra pas le moins du monde dubitatif. Il écrit dans son rapport : « La lettre anonyme incriminée pourrait être d’une personne autre que celle soupçonnée » et expliquera plus tard : « [Je] dis au général Gonse qu’il y avait lieu de prendre des précautions infinies, que le bordereau ne m’apparaissait pas du tout comme étant de la main de Dreyfus. J’engageai le général Gonse à une très grande circonspection. Je le priai de faire faire des recherches. » Et son rapport fut écarté (une étude entachée « sinon de nullité, au moins de suspicion » dit l’acte d’accusation de 1894) au motif qu’il avait cherché à savoir qui était la personne soupçonnée. En fait, il n’avait rien cherché à savoir mais Du Paty, qui lui avait transmis le dossier, avait laissé à l’intérieur le nom du suspect. Cela dit, en quoi le fait d’avoir cette information rendait son étude irrecevable sinon parce qu’elle n’allait pas dans le sens souhaité ?

26’88. La dictée. Dreyfus « modifie son écriture ». Non, aucunement, et il suffit d’aller voir le document pour en être sûr : https://wp.me/p4v5fs-23J et : https://wp.me/p4v5fs-2aH

27’26. La dictée. L’histoire des 5° degrés. Il faisait froid et d’autant plus froid qu’un grand feu, dont parle Dreyfus et que confirme Gribelin à Rennes, brûlait dans la cheminée. Il était donc imaginable d’avoir froid aux doigts.

30’13. « Pendant ses interrogatoires, Dreyfus va avoir un discours qui entre en totale contradiction avec sa défense ultérieure. » C’est absolument faux… Sa défense demeura la même : celle d’un homme qui criait son innocence et ne varia en rien dans ses explications. Il fut imprécis au début certainement, comme peut l’être un innocent accusé d’un crime dont ne lui parla pas pendant longtemps. Sur des questions précises sur des questions qu’il ne comprenait pas, il tentait de répondre imaginant ce qu’on lui reprochait et ce à quoi pouvait correspondre ce qu’on lui demandait. Dans des notes qu’Adrien Abauzit aurait pu trouver s’il avait travaillé dans les centres d’archives (des notes inédites écrites en 1894 avant le procès et que nous allons publier ici même dans quelques jours), Dreyfus écrit :

Dans les 17 jours qui suivirent, je subis plusieurs interrogatoires, dans ma chambre, à la prison, par l’officier de police judiciaire, Mr le commt du Paty de Clam. il venait vers le soir, avec son greffier, la haine dans les yeux, l’injure sur les lèvres, quand mon cerveau torturé n’en pouvait plus. ah, tout ce que j’ai entendu dans ces jours tristes et sombres ! Mon cœur tressaille encore. Je ne savais pas la moitié du temps ce que je répondais ; on me disait toujours, vous êtes perdu, il n’y a que la Providence pour vous tirer de là. Alors dans mon cerveau brûlé par la fièvre, j’ai inventé roman sur roman pour expliquer une énigme que je ne pouvais pas déchiffrer, pauvre naïf que j’étais. Je demandais toujours quelles étaient les preuves de l’accusation ; mais on refusait toujours de me les montrer. est-ce qu’à un criminel, on ne commence pas par lui montrer l’instrument de son crime, pour lui demander s’il le reconnaît ? – L’instrument du soi-disant crime, c’était comme je l’appris plus tard une lettre ! Pourquoi ne me l’a-t-on pas montrée ? L’officier judiciaire et son greffier me firent dire tout ce qu’ils voulaient ; je n’avais plus conscience de moi-même. Je ne croyais pas non plus qu’il fallût me défendre contre une accusation pareille. Un soir, comme je demandais qu’on me dise enfin de quoi il s’agissait, le greffier me répondit : « Votre situation la voici : supposez qu’on trouve votre montre dans une poche où elle n’aurait pas dû être. » L’officier de police judiciaire acquiesça du geste. Alors je compris que des documents à moi avaient été volés. Aussitôt voilà mon imagination en campagne […]. Personne ne peut se douter de ce que cela est que de se trouver, innocent, dans une sombre prison, en tête à tête avec son cerveau, et accusé du crime le plus épouvantable qu’un soldat puisse commettre. Et puis toujours, comme un spectre, cet horrible commt du Paty qui venait comme un fou, haineux et terrible me disant : « Vous êtes perdu, rien ne peut vous sauver. » Je rageais d’indignation et de douleur. Un soir, comme je disais au commt : « Comment pouvez-vous croire que moi, alsacien, auquel les allemands refusent tous les passeports, je puisse être un traître. » C’était pour mieux cacher mon jeu, me répondit-il. Un autre soir, l’officier de police judiciaire me dit : « On est sur les traces de vos complices, des arrestations sont imminentes, suivant le cas vous passerez devant la juridiction civile ou militaire. » Je devenais littéralement fou, je me voyais enfermé dans une trame inextricable. Un autre soir encore, l’officier de police judiciaire me dit : « Votre arrestation est secrète et cependant elle est connue dans toutes les officines allemandes ; celles-ci tremblent, elles vous brûlent en ce moment. » La nuit qui suivit fut la plus épouvantable de toutes. Je faillis me suicider, j’eus des heures d’égarement. Au milieu de la nuit, dans un moment de fièvre, je pris mes draps et me préparai à me pendre aux barreaux de ma fenêtre. Mais ma conscience veillait, elle me dit : « si tu meurs, tout le monde te croira coupable ; il faut que tu vives, quoi qu’il arrive, pour crier au monde que tu es innocent. » Jamais homme au monde ne souffrit comme moi. Mon cerveau était constamment brûlé par la fièvre. Le médecin dut me prescrire des bains de pied [illisible] ; il me donna également du sirop de morphine pour pouvoir au moins dormir quelques heures. Un jour, ma souffrance devant l’attitude haineuse de l’officier de police judiciaire fut telle que je lui dis, je crois : « Écoutez, déclarez que je suis innocent et je me tue ; j’en ai assez de la vie. » un soir, comme je lui criais encore que j’étais innocent, car c’était le seul mot que je pusse encore articuler, il me répondit : « L’abbé Bruneau a bien dit aussi qu’il était innocent et il est mort sur l’échafaud. » Enfin le 15e jour après mon arrestation, on me montra la photographie de la pièce accusatrice : c’était une lettre qu’on m’imputait. Cette lettre je ne l’ai pas écrite et les experts qui déclarent que c’est mon écriture se trompent. Si on m’avait montré dès le premier jour la pièce accusatrice j’aurais compris et j’aurais pu répondre victorieusement. Mais on me montrait des bouts de papier, des bouts de mots, on me posait des phrases ambiguës a double entente ; on faisait divaguer mon cerveau.

32’00. Les aveux. « Les contradicteurs dreyfusards diront que c’est faux ». ça l’est en effet et nous l’avons maintes fois montré dans nos travaux. La meilleure preuve du mensonge en étant d’ailleurs le faux que commettra Gonse, comme je l’ai montré dans mon Histoire de l’affaire Dreyfus de 1894 à nos jours. Mais ce qui est étonnant, c’est le changement de cap d’Adrien Abauzit. Il défend ici les aveux et écrit dans son livre : « « Dreyfus, condamné pour ce qui est perçu comme étant à l’époque le pire des crimes, doit probablement se sentir couvert de honte et terriblement isolé. Les paroles qu’il adresse à Lebrun-Renault [sic pour Lebrun Renaud] sont, je pense, le signe d’un homme, objet d’une vindicte universelle, à la recherche d’un minimum d’empathie. » (p. 85). Dommage, nous préférions cette version. Mais il semble en fait que cette phrase veuille dire autre chose : « un cri du cœur » dit-il ici. Maintenant que nous dit que Lebrun Renaud, comme le montrera Jaurès dans ses Preuves, a bien entendu ce qu’il dit avoir entendu ?… et invoquer le témoignage de d’Attel (qui était d’ailleurs capitaine et non commandant) n’a pas de valeur. Il aurait fallu qu’Adrien Abauzit nous dise que Lebrun Renaud a entendu : « Le ministre sait que je suis innocent, il me l’a fait dire par le Comdt du Paty de Clam, dans ma prison, il y a quelques jours, et il sait que si j’ai livré des documents, ce sont des documents sans importance et que c’était pour en obtenir de plus sérieux des allemands » (drôles d’aveux qui accompagnent une protestation d’innocence) ; et que d’Attel, lui, se souviendra de : « Pour ce que j’ai livré, cela n’en valait pas la peine. Si on m’avait laissé faire, j’aurais eu davantage en échange ». Comment deux témoins ont-ils pu, au même moment, entendre des propos si différents ? Si Adrien Abauzit avait mieux travaillé, il aurait même pu en trouver d’autres des témoignages… qui tous donnent une déclaration encore différente.

35’18. La date du bordereau. « on a rattaché dans l’acte d’accusation en réalité des documents qui existaient mais qui n’étaient pas ceux vraiment visés ». Mis à part le fait que cette phrase n’a aucun sens, les documents de 1894 demeurèrent à charge contre Dreyfus jusqu’à Rennes et le sont encore dans le livre d’Adrien Abauzit. Le problème n’était pas là. L’accusation avait daté le bordereau d’avril pour qu’il collât avec les dates que l’accusation imaginait alors être celles de quelques-uns des documents. Au procès de 1894, Dreyfus avait fait remarquer que si le bordereau avait été écrit à cette date, il n’aurait pu – s’il l’avait toutefois écrit – annoncer quelque information datant de juillet telle que celle relative aux formations nouvelles d’artillerie. Du Paty avait alors tenté l’hypothèse selon laquelle le bordereau pourrait dater d’août et qu’ainsi « le partir en manœuvres » concernait bien les manœuvres d’automne où Dreyfus, jusqu’au « dernier moment », avait cru devoir aller. C’était pure improvisation de la part de Du Paty puisqu’existait une note officielle du 18 mai, signée du général Gonse, prévenant les stagiaires qu’ils n’iraient pas aux manœuvres. Dreyfus avait demandé que cette note fût versée aux débats. On ne le voulut pas et on était passé à autre chose… La date d’avril-mai avait été maintenue contre Du Paty et il avait été expliqué que la fameuse phrase ne qualifiait aucunement les manœuvres mais bien le voyage d’état-major auquel avait participé Dreyfus en juillet. Mais pourquoi avoir parlé de manœuvres dans le bordereau, dans ce cas ? Sérieusement, le commissaire du gouvernement expliquera dans son réquisitoire que Dreyfus n’avait pas écrit, comme il l’aurait dû, « “Je pars en voyage d’état-major”, car c’eût été signer la lettre-missive ».

37’33. La lettre Davignon. Adrien Abauzit ne se souvient plus si Panizzardi a écrit à Schwartkoppen ou le contraire. Est-ce sérieux ? Et si l’ami dont il est question ici est Dreyfus pourquoi est-il devenu une « canaille » dans une autre lettre quasi-contemporaine et sur laquelle Adrien Abauzit, qui nous révèle ce que fut la véritable affaire, se souvient assez imprécisément ? Est-ce sérieux cela encore ?

40’05. Le « D » de ce « canaille de D » est en effet l’initiale d’un pseudonyme. Que Mathieu ne le sût pas est évident et qu’il cherchât un officier dont le nom commence par « D » quand il apprit l’existence de cette pièce, est logique. Pour Picquart en revanche la chose est différente. Il fit en effet une enquête sur d’Orval (dont l’initiale du nom est « o ») mais il n’en fit jamais sur Donin de Rosière. Cette affirmation, avérée selon Adrien Abauzit, est un mensonge de l’état-major contre lequel s’éleva toujours Picquart et qui semble attesté par le fait qu’autant le dossier de l’enquête d’Orval est toujours dans les archives de la Section de statistique, autant celui sur Donin n’a jamais existé (ce qui est certifié à l’époque par l’accusation elle-même) ! Adrien Abauzit affirme une nouvelle fois quelque chose dont il ignore tout.

42’48. Le « funeste » (dans doute parce que créateur de la LDH) Trarieux et sa loi. Adrien Abauzit laisse entendre que la réforme de l’article 445 aurait été votée dans le but d’aider à la révision de Dreyfus. En 1895, Trarieux est loin, très loin d’être dreyfusard. Affirmation anachronique.

43’40. Léonie (one more time). Cela fait 10 fois qui nous lui faisons la réponse (il devrait vraiment nous lire). Il est inexact, grossier, peu honnête, de dire que Mathieu appris l’illégalité en passant par les services d’une voyante. Il le fit en effet, Léonie lui dit à ce sujet une phrase énigmatique qu’il ne comprit pas et comprit plus tard quand d’autres (Develle, Salles) lui apprirent ce qui s’était passé dans la salle des délibérations en 1894.
Gibert. Comment fut-il convaincu ? Comme beaucoup. Un traître alsacien, militaire, riche et qui ne cesse de clamer son innocence peut aider certains à développer ce genre de conviction. Consulter le dossier n’a rien à y voir. Beaucoup se mobilisèrent pour Sacco et Vanzetti, pour les Rosenberg, pour Ranucci (pour ne prendre que quelques cas connus) sur une intime conviction. Cette intime conviction qu’on demande juste à un juré populaire d’avoir…

46’30. Mathieu « met du gras autour des os » (drôle d’expression). Le témoignage de Félix et Faure et l’avocat non nommé. Dommage vraiment qu’Adrien Abauzit ne lise pas nos réponses. Nous avons ruiné ces âneries, sur lesquelles il s’obstine, à la toute fin de notre dernière (https://wp.me/p4v5fs-2aH), 20 jours avant la diffusion de cette émission. Sur l’avocat dont on n’a pas le nom, je remets le passage en question : « Quant aux autres témoignages, Adrien Abauzit nous montre une nouvelle fois avec assurance son ignorance. Parlant du témoignage du confrère de Demange dont il ignore le nom parce que Mathieu ne le donne pas, il affirme qu’on ne le saura jamais et que cette “confidence invérifiable ne vaut pas grand-chose” (p. 199). On sait qui il était, tout le monde en parle, et même Dutrait-Crozon… Il s’agit d’Émile Salles qui devait déposer au procès Zola mais qui ne le put pas parce que la question ne fut pas posée….. » On sait donc très bien comment les dreyfusards l’ont su : par Develle et Salles et surtout par l’article de L’Éclair du 14 septembre 1896 qui confirmait les témoignages en question… Il est incroyable de passer cette réalité sous silence (il est vrai qu’en parlant plus tard, Adrien Abauzit n’est plus sûr où l’article a été publié et se trompe dans la citation qu’il en fait ; 1’02’19) et de s’accrocher à l’épisode « rigolo » de la voyante. P. 82 de ses mémoires, Mathieu écrit à propos de cet article :

Adrien Abauzit aurait dû lire la totalité du livre de Mathieu Dreyfus.

50’.  L’homme de paille Esterhazy, « conviction étayée par un certain nombre d’éléments de fait ». L’affaire Souffrain. Richard Fremder encourage à lire le livre d’Adrien Abauzit, nous encourageons, sur le cas Souffrain, aberrant, à lire notre réponse : https://wp.me/p4v5fs-2aH (faire une recherche : « entretenir la farce »).

54’18. Le Petit bleu. Le Petit bleu n’est pas signé de Schwartzkoppen, n’est pas de l’écriture de Schwartzkoppen et n’a pas été envoyé. C’est donc un faux. Nous ne développerons pas plus notre réponse ici et renverrons, pour cela comme pour la pseudo-falsification, à une réponse précédente qui montre que la thèse d’Adrien Abauzit est une blague qui joue sur la crédulité de son lecteur. À lire pour en être définitivement convaincu : https://wp.me/p4v5fs-2aH (faire une recherche « improbable Petit bleu »). Et dire que Picquart va « intimer l’ordre » à Lauth de certifier que le petit bleu est bien de l’écriture de Schwartzkoppen est une affirmation qui ne repose que sur le témoignage de l’accusation (Lauth) qui d’ailleurs ne dit pas exactement cela. Quant aux autres témoins, ils diront la même chose que Lauth bien plus tard, quand les hommes de l’état-major auront accordé leurs violons. Auparavant, lors de l’instruction Ravary par exemple, instruction qu’Adrien Abauzit aurait dû lire, Iunck dit exactement la même chose que Picquart, à savoir qu’il avait dit à Lauth que si besoin était, il pourrait toujours dire qu’elle était l’origine de la pièce… ce qui est pour le moins différent.

1’01’15. La relation amoureuse des deux attachés militaires. Affirmation courante mais gratuite. Rien ne l’a jamais prouvé.

1’05’40. Picquart argue le « faux Henry » de faux et après lui les dreyfusards qui sont, dit Adrien Abauzit, « très bien renseignés, semble-t-il ». À présenter les faits ainsi tout est curieux. Déjà si les dreyfusards ont dit que la pièce était fausse c’est parce que Picquart l’avait affirmé au procès… et c’est tout. Et si Picquart put dire qu’elle était fausse, c’est parce qu’il ne l’avait pas vue et que chef encore de la Section de statistique quand elle était censée être arrivée, il aurait dû en avoir communication. C’est pour cela que, dès novembre 1896, quand Billot et Gonse lui en avait parlé, il avait déjà émis de sérieux doutes.

1’06’46 On ne parle pas tant que ça en mai 1898 du fait que Dreyfus soir juif. Comment est-il possible a quelqu’un qui connaît le sujet de soutenir cela sérieusement ? Si beaucoup de dreyfusards évitèrent soigneusement de faire dériver la question sur le sujet, la  presse dreyfusarde en parla quotidiennement et la presse antidreyfusarde, c’est-à-dire à peu près toute la presse, ne fit que cela dès l’arrestation, en 1894.

1’07’10. Cavaignac héros. Il est amusant que là Adrien Abauzit ne revienne pas sur la version de la découverte du « faux Henry » qu’il aurait pu qualifier d’officielle. Dans mon Histoire de l’affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, je propose une autre version que je reproduis ici… 8 pages, sur la base des sources et uniquement des sources… Des sources qu’Adrien Abauzit est censée avoir en partie lue et dont il ne tire malheureusement rien :

1’09’17. La commission de révision. Voir encore notre dernière réponse : https://wp.me/p4v5fs-2aH (faire une recherche « commission »).

1’10’00. Le livre d’Armand Israël et son faisceau d’hypothèses troublant. Nous en avons longuement parlé ailleurs : https://wp.me/P4v5fs-fn (faire une recherche : « Les Vérités cachées de l’affaire Dreyfus »).

1’11’15. Les aveux d’Esterhazy, « au moment où le conseil des ministres allait refuser la révision » et où Brisson « ajourne le conseil des ministres », changent tout… Quel délire  et quel scandale de soutenir de telles choses avec une telle tranquillité. Redonnons ici les passages des mémoires de Brisson que nous avons déjà opposé à Adrien Abauzit qui s’obstine dans sa réécriture de l’histoire. Mais pour comprendre rappelons que la décision de la commission fut du 23, les aveux d’Esterhazy furent publiés dans la presse anglaise le 25 et la décision de saisir la Cour de cassation date du 26.

 

1’12’50. Les lettres Callé. Oui, les magistrats reçurent une lettre anonyme qui leur signalait qu’un huissier Callé possédait des lettres d’Esterhazy. Un juge enquêta, rencontra l’huissier qui lui remit en effet une lettre d’Esterhazy écrite sur le même papier que le bordereau et qui indiquait en effet, ce qu’on savait déjà, qu’il était allé au camp de Châlons en 1894. La chose n’est ni extraordinaire ni originale. Ces lettres furent expertisées et il ne fut jamais question de faux mais au contraire d’identité entre ce papier et celui du bordereau.

1’14’37. Le Procès de Rennes. « Reinach à mots couverts confesse une certaine admiration pour Mercier dans son Histoire. » Ah ? Sans doute alors quand il écrit, à propos de la déposition de Mercier à Rennes : « Mercier y procéda avec un art consommé, tronquant les textes, falsifiant les dates, faussant les faits, parfois rien que par l’incorrection et l’obscurité du langage, l’inexactitude voulue, le vague et l’équivoque systématiques, se contredisant dans la même phrase jusqu’à l’absurde, mais toujours de façon à conduire, à ramener les juges à l’abominable mensonge sous-entendu ». On est vraiment dans une gigantesque pantalonnade.

1’15’49. « Les fameux hasards » où Dreyfus était là. Nous avons montré que tout cela était encore un montage ahurissant qui ne fonctionne qu’à condition de lire dans les pièces censées le prouver ce qu’on veut y trouver. Et nous renvoyons à nos deux réponses publiées sur le site de la SIHAD. Dans le premier article, nous écrivions en conclusion, au terme d’une longue démonstration enrichie dans la réponse à sa réponse :

comme nous l’avons montré, il est fort peu probable
Que l’espion fut à l’État-major : c’est que dit clairement mémento Schwartzkoppen ;
Que si l’espion fut au 1erbureau lors du premier semestre 1893, ce puisse être la minute Bayle qui n’a jamais disparue qui le prouvera ;
Que si l’espion fut au 4èmebureau lors du deuxième semestre 1893, ce puisse être la lettre des « chemins de fer » de 1895 qui le prouvera ;
Que si l’espion fut au 2èmebureau lors du premier semestre 1894, ce puisse être les rapports Guénée, suspects, ou la lettre Davignon, qui ne parle pas d’espion, qui le prouveront ;
Que si le nom de l’espion a pour initiale la lettre D., cette initiale, comme en convenait Cuignet, put être celle de son nom et non celle d’un nom de code et que ce D, comme en convenait toujours Cuignet, put être Dreyfus.

1’17’20. Si on pense que les arguments des antidreyfusards sont faux, réfutons-les sans anathème et sans ricanement. C’est ce que nous faisons ici et il ne reste que peu de choses de la thèse d’Adrien Abauzit. Ce n’est pas ce que fait Adrien Abauzit en revanche qui insulte tout au long de son livre les dreyfusards et accuse le grand Marcel Thomas d’avoir tout bonnement inventé un pièce pour servir sa démonstration quand Marcel Thomas en donne les références et que par ailleurs cette pièce se trouve citée partout.

1’17’37. La preuve « Bouton ». Rien ne l’indique et Bouton (qui avait été successivement libraire, éditeur, agent de la police politique du gouvernement de Juillet, militant républicain en 1848, auteur et éditeur, agent secret du ministère de l’Intérieur à partir de 1858, paléographe, peintre héraldique, poète) en parla à deux reprises. Et la première fois, en février 1898, il ne raconta pas que Lazare avait essayé de l’acheter mais qu’après son refus, il lui avait laissé sa carte, lui disant repasser et n’était jamais revenu… La seconde fois, la carte de visite s’était transformée comme par enchantement en une proposition de versement de 100 000 francs. Quel témoignage !

1’19’58. Le chouchou d’Adrien Abauzit : Moiraud… Depuis son baptême le nom de l’écrituriste était Moriaud.

1’21’38. Témoignages antidreyfusards retenus quand il jugeait la contradiction dreyfusarde « nullissime ». C’est un mensonge absolu… Sur la question du contenu du bordereau, par exemple et de l’impossibilité qu’il fût d’un stagiaire et d’un artilleur, Adrien Abauzit ne cite aucune des études des philologues ou l’impressionnant rapport des généraux Brun, Balaman, Séard et VIllien qui ruine le pauvre argumentaire de l’accusation auquel il s’accroche.

1’22’15. Les éléments incontestables que sont le fait que Dreyfus restait tard au bureau. Cet argument qui a l’air de convaincre Richard Fremder est d’une faiblesse totale. Il ne tient que sur des témoignages pour le moins suspects et qui, contrairement à ce que dit Adrien Abauzit, furent contesté (sauf un épisode particulier) par Dreyfus.

1’23’35. Les 10 brouillons avec écritures différentes. Non, il existe en effet des brouillons mais tous avec la même écriture. Et puisqu’Adrien Abauzit parle de nous à la suite, nous nous devons ici aussi de le corriger. Nous n’avons pas écrit que « les choses n’étaient pas aussi nettes que ça et que comme Dreyfus s’ennuyait »… Extraordinaire de bout en bout la méthode Abauzit. Nous remettons donc ce que nous avons écrit :

Une nouvelle fois, Adrien Abauzit, qui n’a pas vu les archives, parle de ce qu’il ne connaît pas et qu’il a récupéré chez la pauvre commandant Carrière. Pourquoi trente brouillons ? Une manière d’occuper son esprit, peut-être… de ne pas devenir fou… à l’image de ces curieux et inquiétants dessins géométriques qu’il reproduisait à l’infini…

Les lettres et brouillons de l’île du Diable, dont la majeure partie nous est parvenue, montrent bien que la graphie de Dreyfus est demeurée la même… Et quand on regarde ces brouillons – dont Adrien Abauzit parle en les imaginant sur la seule base du pathétique réquisitoire de Carrière –, on peut constater que ces réécritures portent sur des améliorations de style et ne sont aucunement la recopie à l’identique d’un même texte…

1’25’00. « Les cartouches sont vidées » entre Adrien Abauzit et nous. En effet, il ne reste rien de sa thèse et nous regrettons qu’il ne réponde pas à notre dernière. Nous étions curieux de voir comment il allait tenter de s’en sortir.

 

Réplique aux historiens dreyfusards d’Adrien Abauzit, auteur de L’Affaire Dreyfus entre farces et grosses ficelles et Réponse à sa réponse

Nous publions ici la réponse d’Adrien Abauzit à notre compte rendu de son livre (voir ici) et notre réponse à cette réponse. Pour faciliter la lecture de cette longue discussion, nous ferons figurer nos commentaires en un corps différent, en encadré, au fur et à mesure que ce déroulera le texte que nous donnons bien sûr dans son intégralité et en en respectant l’orthographe.

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Réplique aux historiens dreyfusards d’Adrien Abauzit, auteur de L’Affaire Dreyfus entre farces et grosses ficelles et Réponse à sa réponse

Nous publions ici la réponse d’Adrien Abauzit à notre compte rendu de son livre (voir ici) et notre réponse à cette réponse. Pour faciliter la lecture de cette longue discussion, nous ferons figurer nos commentaires en un corps différent, en encadré, au fur et à mesure que ce déroulera le texte que nous donnons bien sûr dans son intégralité et en en respectant l’orthographe.

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