Marie Aynié, Les amis inconnus. Se mobiliser pour Dreyfus

Marie Aynié, Les amis inconnus. Se mobiliser pour Dreyfus. 1897-1899, Toulouse, Privat, 2011, 432 pages. 26 €

Cet ouvrage constitue la publication de la thèse de Marie Aynié : Les « Amis inconnus » du capitaine Dreyfus. Opinion et expression dreyfusardes dans la tourmente de l’Affaire, thèse menée sous la direction de Patrick Cabanel. 

Sur la base d’un important dépouillement de fonds d’archives, l’auteure nous livre une étude serrée de la France dreyfusarde, de ces dizaines de milliers d’inconnus qui, par la pétition, la protestation ou la manifestation privée proclamèrent leur conviction en l’innocence du capitaine et leur soutien aux célébrités qui eurent le courage de s’engager : Scheurer, Zola, Mathieu, Reinach, etc. Une étude qui nous permet d’en savoir plus sur ce que fut la mobilisation dreyfusarde, de voir qu’elle ne fut pas que le fait de quelques-uns, que le fait d’intellectuels et qui permet de dresser la carte de la France dreyfusarde tout en apportant une réflexion passionnante sur les motifs et les modes d’engagement de ces anonymes. On y voit ainsi l’importance des engagements juifs – en correction aux célèbres phrases de Blum, Péguy, Arendt –, protestants, catholiques, ouvriers ainsi que celui des femmes auxquelles l’auteure consacre un très éclairant chapitre. Mais cet ouvrage est aussi une belle réflexion sur « l’expérience citoyenne » qui permit à ces « sans grade » de « considérer l’actualité et les enjeux politiques et économiques de la vie nationale avec un esprit critique et indépendant, et se forger ainsi une opinion personnelle affranchie des vérités toutes faites » : « être un citoyen agissant, c’est œuvrer pour faire partager cette opinion, pour convaincre ses citoyens de son bien-fondé, c’est aussi être impliqué dans la vie de la République et donc se montrer vigilant à l’égard de ceux qui sont chargés des affaires publiques. » « Un visage », pour continuer avec l’auteure, « intime, et même émouvant de l’Affaire » de ces « inconnus » qui tentèrent « d’affirmer l’existence d’un opinion « républicaine », réfléchie et citoyenne ».

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