Après la biographie en anglais de William J. Phalen (The Democratic Soldier: The Life of General Gustave P. Cluseret, VIJ Books, 2016), voici la première biographie en français de cet étonnant personnage que fut Cluseret, saint-cyrien, lieutenant en 1848 et chef d’un bataillon de la Garde mobile après Février, combattant en Crimée, en Algérie et démissionnaire, recruteur d’une légion pour Garibaldi aux États-Unis, colonel en Italie, général nordiste pendant la guerre de Sécession, journaliste à New-York, combattant en Irlande, à nouveau journaliste mais cette fois à Paris, prisonnier à Sainte-Pélagie, membre de la première Internationale, communard, à nouveau journaliste en Suisse tout en étant peintre dans le sillage de son ami Courbet, peintre toujours mais à Constantinople (pour échapper à une nouvelle condamnation), encore journaliste en France, député du Var, soutien de Boulanger, collaborateur à La Libre Parole et fondateur La Voix du peuple du Midi, feuille à la périodicité irrégulière rédigée par lui seul pour rendre compte de son activité parlementaire, et antidreyfusard forcené.
Avec L’honneur perdu du général Cluseret. De l’Internationale au nationalisme (Maisonneuve&Larose/Hémisphères, 2018), L’auteure, Florence Braka livre une excellente biographie, richement et justement documentée, qui permet de suivre l’itinéraire pour le moins tumultueux de ce patriote, adhérent à l’Internationale puis nationaliste, xénophobe, anti-protestant et véritable forcené de l’antisémitisme qui, comme il l’avait écrit de Jules Guérin, voulait incarné « le vieux sang gaulois réveillé, tout entier du côté de l’homme du vrai Français, qui préfère la mort à l’esclavage […] » (« Abyssus, abyssum invocat », La Voix du Peuple du Midi, 1er septembre 99).
Notons que La Voix du Peuple du Midi est intégralement consultable sur Gallica (cliquer ici)