Les éditions Glyphe, après la très heureuse biographie du général André due à Serge Doessant et dont nous avions parlé à sa sortie (voir ici), ont décidé de nous offrir à lire la vie d’un autre ministre de la Guerre de la période 1898-1899 : Camille Krantz. Cet oublié, qui occupa la rue Saint-Dominique du 6 mai au 22 juin 1899 après avoir occupé le ministère des Travaux-publics du 1er novembre 1898 au 6 mai 1899, demeure le moins connu des ministres de la Guerre qui se succédèrent de 1894 (Mercier) à 1899 (Galliffet).
Cette première biographie est passionnante à lire pour qui s’intéresse à la question mais demeure toutefois assez décevante. Non pas tant pour les très nombreuses erreurs qui la rythment et les curieux partis pris (Brisson qui serait « déshonoré dans cette quête de la révision » ???) que pour la manière dont est exploité un document de choix qui mériterait une édition : les souvenirs, écrits à chaud (juillet 1899), de Krantz sur son passage au gouvernement, son rôle et sa lecture de la crise de juin (après la chute du cabinet Dupuy), ses sentiments sur l’Affaire et sur les moyens qui à ses yeux, au moment où la Cour de cassation allait rendre sa décision, devaient en conduire le règlement. Quel dommage ne pas avoir plus largement cité ce document essentiel ou, mieux encore, de ne pas l’avoir donné intégralement en annexe.
Deux pages d’une partie plus tardive de ces souvenirs sont toutefois citées et qui retiendrons notre attention : il s’agit d’un compte rendu d’une conversation en 1904 avec Bertin-Mourot au cours de laquelle le commandant formula la thèse du troisième homme qui commençait depuis quelques temps à prendre forme et que nous retrouverons par la suite chez de nombreux auteurs en quête de publicité.
Benoît Linel, Camille Krantz. Un républicain lorrain sous la IIIE République, Édition Glyphe, 2013, 22 €.