Une nouvelle biographie de Galliffet vient tout juste de paraître aux éditions Bernard Giovanangeli et due à Georges Gugliotta. Nous en attendions beaucoup après les quatre tentatives précédentes, toutes fort décevantes (Louis Thomas, 1941 ; Henri de Rolland, 1945 ; André Gillois, 1983 ; Christophe Monat, 1985).
Ce nouveau travail, s’il n’est pas sans intérêt, ne nous apprendra toutefois pas grand chose en ce qu’il est essentiellement fondé, pour la période 1894-1902, sur les lettres de la princesse Radziwill au général de Robilant, lettres qui servent de trame au récit et dont tous les passages relatifs à Galliffet sont soigneusement cités. Nous n’apprendrons donc rien de nouveau sur le soutien que le général apporta à Picquart, sur son amitié avec Waldeck-Rousseau et sur la crise ministérielle de juin 1899 qui trouva sa solution avec la formation du gouvernement de défense républicaine dans lequel il aura le portefeuille de la Guerre, sur l’ambivalence de ses sentiments sur l’Affaire et sur le cas particulier de Dreyfus innocent ou coupable, sur son rôle dans la propagation de la « légende russe », sur le procès de Rennes et la curieuse attitude qui y fut la sienne, sur son rôle essentiel et finalement peu connu dans la décision qui aboutit à la grâce de Dreyfus et au projet d’amnistie et sur la manière dont il mena la nébuleuse affaire Fritsch qui fut à l’origine de sa démission. Il eût été intéressant de venir nous apporter sur ces points quelques éclairages nouveaux qu’un travail sur quelques fonds d’archives aurait permis de mener à bien… un travail, si nous pouvons nous permettre, que nous avons de notre côté entrepris et dont nous pourrons lire le résultat en octobre quand paraîtra notre Histoire de l’affaire Dreyfus. Cette recherche aurait aussi permis de voir apparaître un Galliffet insoupçonné, jouant un véritable double jeu qui le fera bientôt rejoindre la camp nationaliste et dont le rôle exact dans l’affaire de l’affiche du « ministère de l’Étranger » qui fut l’axe de combat de la Ligue de la patrie française pour les législatives de 1902 n’a jamais été encore mis à jour. Un Galliffet parfait auxiliaire des nationalistes, informateur et soutien… Nous découvrirons cela en octobre en espérant que sera un jour publiée la biographie que nous attendons pour voir enfin et réellement se dessiner « au plus juste le portrait de ce personnage singulier ».