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Philippe Oriol, L’Histoire de l’affaire Dreyfus de 1894 à nos jours

26Comment parler de ce monument de 1500 pages que Philippe Oriol vient de nous livrer ? Fruit de multiples années de travail, il propose un récit inégalé de l’Affaire reposant sur l’exploitation de l’ensemble des archives disponibles et sur un patient dépouillement de la presse nationale comme de la presse provinciale. Il m’est impossible d’en rendre compte dans le détail. Je me contenterai de souligner son ampleur pour inviter les lecteurs des Cahiers naturalistes à faire entrer dans leur bibliothèque cette somme dreyfusarde appelée à remplacer, comme outil de travail et de recherches, la grande Histoire de l’affaire Dreyfus, en sept volumes, publiée par Joseph Reinach entre 1901 et 1911. Si Reinach s’arrêtait à la révision de 1906, Philippe Oriol, en revanche, va bien plus loin, jusqu’à « nos jours », comme l’annonce la couverture du volume. Dépassant la frontière de 1906, il traite de la « quatrième affaire Dreyfus », celle de 1908 (l’affaire Grégori, liée à la panthéonisation de Zola), et, après avoir parcouru l’entre-deux-guerres, il s’avance jusque dans l’époque contemporaine, en analysant les années que nous venons de vivre, marquées par les commémorations successives de 1994 (le centenaire de la condamnation d’Alfred Dreyfus), de 1998 (le centenaire de « J’accuse »), de 2006 (le centenaire de la réhabilitation de Dreyfus) et de 2008 (le centenaire de la panthéonisation). En terminant, dans une dernière partie qui étudie la « postérité de l’Affaire », il recense les différentes adaptations littéraires, romanesques ou théâtrales (en fournissant notamment une liste de romans antidreyfusards peu connus). Puis il reprend méthodiquement toute l’historiographie de l’Affaire en dénonçant les thèses illusoires avancées par les chercheurs d’épaves de « l’histoire canon », habiles en hypothèses farfelues lorsqu’ils imaginent une réécriture de l’Affaire fondée sur la sauvegarde, par les services du contre-espionnage, des secrets du canon de 75. De telle sorte qu’il ne se contente pas de nous livrer une histoire de l’affaire Dreyfus, mais il médite sur la place que nous occupons dans la mémoire dreyfusarde, invitant même son lecteur (dans l’une des notes de sa conclusion, n.74, p. 1136) à poursuivre la réflexion sur son blog de la SIHAD.

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