Nous avons récemment trouvé une correspondance (de 1897 à 1904) d’un certain Monteil, receveur des finances à Saint-Flour (Cantal), à son fils Pierre, alors élève de première année à Saint-Cyr. Y sont présentes de nombreuses considérations sur l’Affaire, tout à fait intéressantes et qui permettent d’avoir un éclairage sur la manière dont elle put être vécue par un anonyme qui de sa province voyait se dérouler les événements parisiens. Citons-en les extraits se rapportant à l’Affaire.
Archives de catégorie : Correspondance
Une lettre d’Alfred Capus au sujet de l’Affaire
Découverte il y a quelques temps sur un site de vente en ligne. En voici la description :
1 L.A.S. (177 x 114), 1 page, datée Jeudi.
« Croyez-vous ces bandits ! (Il s’agit, vous le devinez, de l’incident Picquart). C’est un coup ignoble, mais j’espère que les crapules cette fois-ci seront allés trop loin et que ça cessera. Mais on apprendrait que Picquart s’est suicidé demain ou après que ça ne m’étonnerait pas. On peut le considérer comme mort. On va probablement avertir tout le monde d’ici à huit jours… »
Une lettre inédite d’Anatole France
Intéressante lettre sur l’affaire Dreyfus trouvée sur un site de libraire. «Hail to thee, cher ami ; Hail to thee, cher président [Deschanel fut président de la Chambre des députés de 1898 à 1902] ; Hail to thee, cher confrère [il fut élu à l’Académie française en 1899, Anatole France en 1896]. Je parle comme les sorcières. C’est que grâce à vous, je reviens du sabbat. Vous m’avez fait voir un merveilleux « hurlyburly ». Pourtant cette chambre a beaucoup changé, et le gouvernement aussi. Je n’étais pas grand sorcier quand, l’année dernière, je disais dans une réunion publique moins agitée que votre chambre : « nous aurons raison parce que nous avons raison ». Il n’est que temps de reconnaître l’innocence héroïque de Picquart. L’honneur de notre pays y est intéressé. Je vous estime trop, mon cher confrère [souligné], pour ne pas croire que c’est votre pensée […]».
Une lettre en partie inédite de Gide sur l’Affaire
Extraite du catalogue de la vente du jeudi 28 juin à 14h, Salle des ventes Favart, 3, rue Favart 75002 Paris.
Dreyfus face à l’accusation en 1894 : un ensemble de documents inédits exceptionnels
Nous publions ici un ensemble de documents tout à fait exceptionnels, essentiels et absolument inédits – dont juste quelques extraits avaient été publiés dans mon Histoire de l’affaire Dreyfus de 1894 à nos jours –, ensemble exhumé d’un des nombreux fonds oubliés conservés aux Archives nationales : le fonds Demange (AN 387 AP). Parmi de très nombreux papiers d’un intérêt tout relatif, se trouve, dans le dossier 11, cet ensemble de notes rédigées par le capitaine Dreyfus entre le 12 décembre 1894 et le 11 janvier 1895 à l’attention de son avocat : 103 pages et 9 lettres (dont 2 étaient connues ou en partie connues) – 8 à Demange et 1 à un ami. Des notes, on va le lire, qui sont essentiellement constituées des réflexions du capitaine dans le but de préparer sa défense non seulement dans l’optique du procès mais aussi, après la condamnation, sur la manière de mener l’enquête pour permettre de faire éclater la vérité. On y voit Dreyfus essayer de comprendre ce qu’est ce bordereau et d’où il peut venir, analyser d’une manière serrée les dépositions des témoins de l’instruction, le rapport de d’Ormescheville (l’acte d’accusation de 1894), ouvrir des pistes à creuser pour contrer l’accusation et, après avoir été condamné, donner des directives sur la manière d’agir. Un nouveau document qui, en complément aux Carnets et à la biographie de Vincent Duclert, montre bien combien Dreyfus fut « à la hauteur » de son affaire et ne fut pas cette « marionnette de zinc » que certains voulurent voir en lui et surtout, au moment où se manifeste à nouveau la thèse de la culpabilité de Dreyfus, une nouvelle preuve de son innocence et du scandale absolu que furent l’instruction menée contre lui, son procès et sa dégradation.
Philippe Oriol