À l’occasion de la cérémonie de commémoration de la Rafle du Vel’d’Hiv’, FLorence Parly, ministre des Armées, a fait allusion à l’Affaire. Elle a déclaré que « 120 ans après le procès de Rennes, les Armées [devaient] regarder leur histoire en face » :
120 ans plus tard, il est encore temps que les Armées redonnent à Alfred Dreyfus tout l’honneur et toutes les années qu’on lui a ôtés. Et j’y veillerai personnellement.
À partir de septembre 2019, le jeudi, de 17 à 19 heures :
Sous la direction de Jean-Michel Pottier
Toute l’affaire Dreyfus dépend de l’écrit : du bordereau accusateur au J’Accuse d’Émile Zola, des articles de presse aux romans fondés sur l’histoire de l’Affaire, des lettres de Dreyfus à celles de Zola, de la sténographie du procès aux thèses développées ici ou là. Cette dimension de l’écrit n’est pas sans signification. L’écrit fixe le réel, l’écrit scénarise le réel, l’écrit installe une mémoire, l’écrit appelle une lecture et donc une interprétation.
Emmanuel Pierrat, avocat, conservateur du superbe musée du Barreau de Paris où, dans l’exposition permanente est présente l’Affaire à travers quelques pièces choisies avec soin dont une magnifique allégorie de Renouard (voir à la fin de ce post), est aussi un auteur d’une rare prolixité : 6 ouvrages en 2017, 12 en 2018 et déjà 11 cette année dont un Les Secrets de l’affaire « J’accuse », juste sorti des presses de CPI Bussières pour Calmann-Lévy.
Si l’affaire Dreyfus a incontestablement contribué à l’avènement de la figure de l’intellectuel, celle de l’artiste engagé en ces circonstances a moins retenu l’attention.
Pourtant, des peintres, des sculpteurs, des graveurs et des caricaturistes se sont mobilisés pour la cause dreyfusarde ou, au contraire, ont rejoint les rangs du nationalisme et de l’antidreyfusisme.
Le champ artistique, dans son ensemble, a été enrôlé dans cette crise politique et morale, qu’on évoquera à travers des pratiques et des œuvres, qui furent pensées comme des interventions publiques.
Les quêtes de neutralité de Rodin, la frilosité de Maurice Denis, l’antisémitisme obsessionnel de Degas ou Cézanne, la fébrilité d’Henry de Groux, le militantisme exalté d’Émile Gallé, l’activisme du sculpteur nationaliste Jean Baffier sont quelques-uns des parcours d’artistes qu’on abordera, en prenant en compte, entre éthique et esthétique, la réception critique de leurs œuvres confrontées à l’Affaire.
On n’oubliera pas non plus d’évoquer l’attitude d’Eugène Carrière.
Le samedi 16 février 2019 à 16h en mairie de Gournay sur Marne, à l’initiative de la Société des Amis d’Eugène Carrière. Entrée : 5 €
Clemenceau et la Culture : d’une bibliothèque à l’autre
vendredi 18 janvier 2019 14h00-18h00
Cet après-midi d’étude montre Georges Clemenceau sous un jour nouveau. Chef de guerre, « Père la Victoire », il fut aussi un homme de culture, grand ami des arts et des intellectuels de son temps.. Dans le cadre de l’Année Clemenceau, avec le soutien de la Mission du Centenaire et le concours scientifique de Jean-Noël Jeanneney et de Jacqueline Sanson.
Nous publions ici un ensemble de documents tout à fait exceptionnels, essentiels et absolument inédits – dont juste quelques extraits avaient été publiés dans mon Histoire de l’affaire Dreyfus de 1894 à nos jours –, ensemble exhumé d’un des nombreux fonds oubliés conservés aux Archives nationales : le fonds Demange (AN 387 AP). Parmi de très nombreux papiers d’un intérêt tout relatif, se trouve, dans le dossier 11, cet ensemble de notes rédigées par le capitaine Dreyfus entre le 12 décembre 1894 et le 11 janvier 1895 à l’attention de son avocat : 103 pages et 9 lettres (dont 2 étaient connues ou en partie connues) – 8 à Demange et 1 à un ami. Des notes, on va le lire, qui sont essentiellement constituées des réflexions du capitaine dans le but de préparer sa défense non seulement dans l’optique du procès mais aussi, après la condamnation, sur la manière de mener l’enquête pour permettre de faire éclater la vérité. On y voit Dreyfus essayer de comprendre ce qu’est ce bordereau et d’où il peut venir, analyser d’une manière serrée les dépositions des témoins de l’instruction, le rapport de d’Ormescheville (l’acte d’accusation de 1894), ouvrir des pistes à creuser pour contrer l’accusation et, après avoir été condamné, donner des directives sur la manière d’agir. Un nouveau document qui, en complément aux Carnets et à la biographie de Vincent Duclert, montre bien combien Dreyfus fut « à la hauteur » de son affaire et ne fut pas cette « marionnette de zinc » que certains voulurent voir en lui et surtout, au moment où se manifeste à nouveau la thèse de la culpabilité de Dreyfus, une nouvelle preuve de son innocence et du scandale absolu que furent l’instruction menée contre lui, son procès et sa dégradation.