« Orthodoxe en rien », c’est ainsi que pouvait se définir Bernard Lazare, le premier des dreyfusards, celui qui, le premier, prit la parole pour l’innocent injustement condamné et qui, en 1899, pouvait écrire –superbement –pour expliquer l’engagement qui avait été le sien : « Dreyfus m’a été cher, cher par ses origines et par celles qu’il incarnait ; voilà pourquoi j’ai voulu parler aujourd’hui, non pour dire ce que j’ai fait, mais pour affirmer ce que je veux faire, maintenant, demain, toujours, pour ceux de mes frères qui suent encore la sueur de sang qu’a suée le juif Jésus ». En 1908, à l’initiative de ses amis, une statue en sa mémoire avait été érigée à Nîmes, sa ville natale. Dégradée par les militants d’Action française –le nez en avait été cassé et offert à Charles Maurras qui en avait fait un presse-papier –, elle a disparu pendant l’Occupation. Le Collectif Histoire et Mémoire, présidé par David Storper, travaille avec acharnement depuis de longs mois à redonner vie à cette statue et à la remettre à sa place, dans la cité gardoise. Mais pour que cette nécessaire initiative puisse aboutir, il faut que nous nous mobilisions, que nous en parlions afin que la somme nécessaire à la réussite de ce projet puisse être réunie. Et nous vous invitons aussi à y participer, pour que Bernard Lazare reprenne sa place et que ne soit pas oublié celui qui fut, comme l’avait écrit Salomon Reinach, un de ceux qui a le plus fait « pour arrêter l’antisémitisme, qui lui a infligé les plus retentissantes défaites ».
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