Elle nous avait échappé… En 2013, a paru une biographie de Pierre Biétry, militant socialiste devenu le leader des Jaunes (la Fédération nationale des Jaunes de France), ce syndicat nationaliste, antisocialiste et antisémite que le patronat avait intérêt à faire vivre, et à ce titre compagnon de route – un temps – de l’Action française. De Biétry, importante figure de l’antidreyfusisme au tournant du siècle, fondateur aussi de l’éphémère Parti socialiste national, nous ne connaissions finalement que les pages passionnantes que lui avait consacrées Zeev Sternhell et il est heureux de voir enfin paraître la biographie intellectuelle de ce personnage oublié et pourtant essentiel. Il fut un de ceux, on s’en souvient peut-être, qui, en 1908, au lendemain du procès Grégori, vint à la Chambre soutenir avec brutalité l’Action française dans sa campagne contre ce qu’elle considérait comme une falsification de l’article 445.